Diplômés de Bts :LE CALVAIRE CONTINUE!!!
Passée la liesse
autour des 54% de taux de réussite au brevet de technicien supérieur (Bts),
place à l’angoisse : comment trouver un stage afin de valider le
diplôme ? Pour de nombreux étudiants, c’est un véritable supplice.
Pokou Antoine doit sûrement se demander pourquoi
l’Etat continue d’orienter des élèves dans les établissements qui forment au
diplôme de brevet de technicien supérieur (Bts). Son premier fils, Norbert
Pokou, issu de l’Institut d’enseignement supérieur Offoumo Yapo
(Yopougon-Toit-rouge), a usé toutes ses chaussures à force de courir les rues d’Abidjan
à la recherche d’un stage pour valider son diplôme. Norbert n’avait pas encore vu le bout du
tunnel, quand sa sœur cadette, Olga, a décroché son Bts en gestion commerciale
l’année dernière, dans le même établissement. Du coup, Pokou Antoine, cet
enseignant à la retraite, se demande quand est-ce que ses deux enfants parviendront-ils
à trouver un stage académique avant de se lancer dans la longue quête périlleuse
d’emploi. Mais Norbert et Olga ne sont que la face émergente d’un phénomène qui
ronge silencieusement une grande partie de la jeunesse ivoirienne. La
difficulté de trouver un stage est devenu si palpable que certains étudiants
vont jusqu’à ironiser qu’ils préféraient encore passer le Bts deux fois. Le
récent rapport de l’Institut national de statistiques (Ins) a révélé que parmi
les 996.220 chômeurs en Côte d’Ivoire, 35,7% étaient des détenteurs de ce diplôme devenu
encombrant. Il y a de quoi s’alarmer. Devant
le chaos qui règne dans le secteur, beaucoup de structures aussi illégales qu’inconnues se
sont engouffrées dans la brèche. Elles proposent des stages aux étudiants
moyennant des sommes qui varient de 30 à 50.000FCFA. Parmi elles, on compte L.Techno
(situé à Koumassi), le Cabinet Emplois-jeunes (sis à Cocody-Angré). Rien n’est
garanti et l’intéressé s’y engage à ses risques et périls. Mais en réalité, qu’est-ce qu’ils ont à perdre ? Entre traîner son
certificat d’admissibilité sur soi pendant parfois cinq ans et risquer de
perdre 50.000 F en voulant le valider, le choix est vite fait. Pour pallier ce
fait, le ministère de l’Emploi, des affaires sociales et de la formation
professionnelle a signé des partenariats avec le secteur privé. Mi-septembre, N’Goh Bakayoko, directeur de cabinet adjoint du
ministre de l’Emploi, annonçait un accord avec les
entreprises. Accord qui permettra aux étudiants fraîchement sortis des
universités et grandes écoles de bénéficier de stages gratuits. Mais Doulaye
Coulibaly, directeur des examens et concours de l’enseignement supérieur (Decoes) préfère être franc :
« Nous avons un comité paritaire, public-privé, qui travaille au cabinet
et qui se réunit de temps en temps. Mais
quelle que soit la volonté des entreprises de nous aider, elles ne peuvent pas
assouvir les besoins. Parce qu’il n’y a pas assez d’entreprises en Côte
d’Ivoire ». Et pour cause, dix ans de crise ont en effet affecté le tissu
économique. Pour fuir les questions juridiques et éviter des charges
supplémentaires, plusieurs sociétés ferment la porte aux demandeurs de stage.
C’est l’une des raisons qui ont amené Doulaye Coulibaly et le ministère de
l’Enseignement supérieur à supprimer depuis 2.000 la close qui annulait le certificat
d’admissibilité de l’étudiant au cas où ce dernier n’avait pas validé son
diplôme après trois ans. Mais la mesure est loin d’être suffisante. Pour M.
Coulibaly, l’équation est assez complexe. « Compte tenu de l’étroitesse du
marché de l’emploi, des formations se chevauchent. Les structures
professionnalisées et les grandes écoles mettent tous les étudiants sur le terrain. Cela ne permet pas de trouver
de stage pour tout le monde ». La solution ? Adapter ces diplômes aux
réalités du marché, note-t-il. Beaucoup de personnes, par contre, proposent une
exonération fiscale pour les entreprises qui accepteront de prendre des
stagiaires. Ça reste à voir. En attendant que le jour se lève, les détenteurs
du Bts doivent encore chausser de bonnes semelles.
Raphaël
Tanoh
Leg :
Les diplômés de Bts ne sont pas encore au bout de leur peine.
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