Emplois dans le privé: CES PRATIQUES DISCRIMINATOIRES QUI TUENT!!!
On ne le dira jamais assez :
trouver du boulot en Côte d’Ivoire relève presque du miracle. Mais à la rareté
du travail s’ajoutent, aujourd’hui, des conditions de #recrutement# pas trop…équitables.
L’annonce
lui a mis l’eau à la bouche. Affiché sur le site de l’Agence d’études et de
promotion de l’emploi (Agepe), le job avait plutôt l’air correct. Vous
postulez, vous êtes retenu et vous recevez les fonds. Ce que Ouattara Lanciné
ignorait, c’était la close secrète de l’employeur : quiconque veut
bénéficier du projet doit se plier à une formation biblique. Selon M. Adjé
Narcisse, le président exécutif de la structure, pas question de mettre des
fonds à la disposition des bénéficiaires tant que ceux-ci n’auront pas intégré
la parole de Dieu. Et ils sont environ trois cents jeunes qui ont été sélectionnés.
L’affaire est d’autant plus sérieuse que c’est un projet agronome qui rentre
dans le cadre des 125.000 emplois pilotés par le ministère de l’Emploi, des
affaires sociales et de la formation professionnelle. Musulman invétéré,
Ouattara Lancina ne pouvait pas « blasphémer » Allah en allant
prendre des enseignements bibliques. Il a donc été mis sur le carreau. Et c’est
tout indigné que le garçon crie discrimination !
Si
ce cas paraît anodin, le phénomène en lui-même est malheureusement une triste réalité
pour de nombreux demandeurs d’emploi, déjà désillusionnés par la rareté du
travail. La pratique est subtile, parfois sournoise et prend très souvent différents
visages. « Il y a des annonces qui
comportent en elles-mêmes des germes de discrimination, témoigne Mme Attia
Kassi, présidente du Réseau ivoirien des gestionnaires de ressources humaines.
Par exemple, pour un poste qui requiert la compétence d’un homme, le
professionnel ne vous le fera jamais savoir ». Après l’entretien, les
femmes sont purement et simplement rayées de la liste, note-t-elle. Pour Mme
Kassi, qui dirige également l’Association francophone des gestionnaires de
ressources humaines, c’est le quotidien en Côte d’Ivoire. « Et même des
femmes enceintes sont écartées à cause de leur état. Bien sûr, à l’entretien,
l’employeur vous demandera subtilement si vous portez une grossesse »,
fait-elle savoir. Mais jamais vous n’en douterez. Alors, conseil : si vous
êtes une femme compétente et que vous avez fait chou blanc à un entretien
d’embauche, ne remettez surtout pas vos connaissances en cause. Demandez-vous
plutôt s’il y a anguille sous roche. Toutefois, d’autres cas de discriminations
sont plus palpables, révoltants même. A entendre Mamadou Ouattara, président de
l’Association ivoirienne des dialysés et insuffisants-rénaux (Aidir), ils sont
l’exemple type de discrimination la plus rependue. A l’embauche comme au
travail, ces malades sont éliminés du circuit par un simple coup de stylo. «Si
vous travaillez dans une entreprise privée et que vous êtes insuffisant rénal,
vous n’avez aucune chance de rester longtemps à votre poste », dénonce le
malade.
La discrimination tue les insuffisants-rénaux
Plusieurs
de ses frères l’ont appris à leurs dépens. Comme Roger Badou, cet ancien
gestionnaire dans une société bancaire à Abidjan. Le 29 mars 2008, son
employeur, après avoir constaté son état, lui a donné un congé maladie, avant
de le mettre à la porte pour insuffisance de résultat. « Nos frères dans
le public peuvent travailler, pourquoi pas ceux du privé ?», s’interroge
M. Ouattara. Malheureusement, déplore le président de l’Aidir, beaucoup d’insuffisants-rénaux
ont perdu la vie par la faute de ces pratiques d’un autre âge. Ils n’avaient
plus de quoi faire face aux frais de dialyse. Et pour les dialysés qui vont
frapper à la porte de l’emploi, ça craint ! Car, une fois que l’employeur
est au fait de leur situation sanitaire, c’est l’échec assuré. Choquant ! Mais cela n’a rien de personnel, ce n’est que du
business. Du moins, quand on écoute ce chef d’entreprise que nous avons joint
et qui préfère garder l’anonymat. « Les sociétés privées ne font pas de la
philanthropie. Si un employé ne peut plus produire, c’est évident que son
employeur s’en séparera. Cela n’a rien à voir avec la prise en charge médicale du
travailleur quand il est malade, parce qu’en général, ils sont assurés». Et
l’embauche, ajoute-t-il, répond au même principe de productivité des entreprises.
« C’est d’ailleurs pour cela qu’on leur demande d’avoir de
l’expérience », justifie-t-il. Adjé Narcisse, président exécutif de l’Ong
jeunesse au travail, qui a recruté plus de trois cents jeunes dans le cadre de
son projet agronome, refuse que l’on emploie le terme discrimination dans son
cas. Accusé d’avoir fait suivre une
formation biblique à ses recrues, le chef d’entreprise précise qu’il s’agit
d’un programme de développement personnel. « Ce n’est une obligation pour
personne ! Partout où nous sommes passés, les gens se sont demandés si les
bénéficiaires ne prendraient pas la poudre d’escampette après avoir reçu le
fonds », explique-t-il. Il fallait donc un travail de base, selon le
responsable du projet, pour que ces personnes puissent se prendre en charge.
« Que vous soyez musulman, bouddhiste ou chrétien, cela ne dérange
personne. Il y a des musulmans qui ont suivi cette formation ». Mais que
dit le règlement en la matière ?
Raphaël
Tanoh
Leg :
Beaucoup d’insuffisants-rénaux souffrent de la discrimination à l’emploi.
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