#concours#:Il faut sauver les vieux #diplômés#
Depuis l’annonce de la baisse de l’âge limite
pour les concours d’entrée à la Fonction publique, les diplômés ne dorment
plus. Entre la rareté de l’emploi dans le privé et les portes du public qui se
referment, ils ne savent plus à quel saint se vouer.
La
décision avait fait l’effet d’une onde de choc au sein des diplômés sans-emploi.
Les plus vieux parmi eux ont frémi d’effroi lorsque le Premier ministre a
confirmé, le 5 septembre, que l’âge limite des concours d’entrée à la Fonction
publique sera bel et bien ramené à trente ans. La mesure n’est pas encore
appliquée. Mais ce sont des centaines de milliers d’Ivoiriens qui se sentent
visés. Lors des récentes rencontres de notre rédaction avec les « grins », dans
le cadre de la rubrique « le débat continue », plusieurs jeunes n’ont
pas hésité à laisser éclater leur colère. « Nous sommes nombreux à avoir pris de
l’âge avec nos diplômes en main. Cette mesure sera assassine pour nous»,
s’indigne par exemple Moussa Doumbia, à Attécoubé. Il traîne sa maîtrise de Lettres
modernes depuis 2004. Le pauvre a déjà soufflé sur ses 33 bougies et est toujours
sans emploi. Pour ne pas se laisser
surprendre par cette décision, des diplômés tels que Cissé Bourahima se lancent
tous azimuts dans les concours. Agé de
31 ans, cet ancien étudiant de l’université Nangui-Abrogoua a déjà postulé pour
les concours de douanier et même d’instituteur qui se sont successivement
soldés par des échecs. Loin de se démoraliser, Bourahima s’est inscrit pour le
concours de l’école nationale d’administration (Ena). « La situation
devient de plus en plus dure pour les vieux diplômés, comme moi. Si cette
décision est mise en application, nous la ressentirons comme un coup de
poignard», soupire le garçon. Berté Mory, détenteur d’une maîtrise en science
économique, pense que les premiers qui seront touchés par cette mesure sont les
étudiants des universités publiques. « Avec les diplômes de notre système
d’enseignement public, il est difficile de travailler dans le privé. Les
entreprises préfèrent les diplômés des grandes écoles qui ont plus de
connaissances professionnelles. Alors, si les concours sont verrouillés,
qu’allons-nous devenir ? », pleure le trentenaire. Le chef
du gouvernement, Daniel Kablan Duncan, avait prétexté lors de sa conférence de
presse qu’il ne voulait plus de vieux fonctionnaires dans les services publics.
Mais l’âge de départ à la retraite a été porté de 55 à 60 ans pour
les grades A3. Et de 60 à 65 ans à partir du grade A 4 jusqu’au grade
A7. Pour le colonel Traoré Dohia, secrétaire général
de la Fédération des syndicats autonomes de Côte d'Ivoire
(Fesaci), c’est la preuve
qu’il ne faut pas toucher à l’âge d’entrée à la Fonction publique. « La
situation du pays ne permet pas d’appliquer ce genre de décision pour l’instant »,
estime le syndicaliste, très à cheval sur la question du chômage. Selon le Sg
de la Fesaci, ce sera un énorme préjudice pour ces nombreux diplômés sans
emploi plombés par dix ans de crise et qui comptent pour la plupart sur les
concours pour avoir du boulot. Mais pourquoi agit-on ainsi ?, se demande
un proche collaborateur de Gnamien Konan, ministre de la Fonction publique et
de la réforme administrative. « La décision n’est pas encore appliquée. Il
faudra qu’elle soit débattue en conseil des ministres avant de passer comme une
loi », fait-il savoir. Et de conclure : « qui sait, elle
pourrait même ne jamais voir le jour ».
Raphaël Tanoh
Leg :
Les concours d’entrée à la Fonction publique sont restés le seul espoir des
diplômés.
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