Ousmane Diakité (secrétaire exécutif du Cosim) : "NE FAITES PAS SOUFFRIR VOS MOUTONS"
A quatre jours de la Tabaski, le Conseil
supérieur des imams (Cosim), à travers son secrétaire exécutif, donne ici des
astuces pour mieux immoler le mouton.
Mardi, c’est l'Aïd
el-Kebir, comment le bon musulman doit-il célébrer cet évènement ?
D’abord,
il doit jeûner la veille de la fête, c'est-à-dire, lundi 14 octobre, le jour de
la station Arafat où tous les pèlerins seront réunis au même endroit. Le jour
de la fête, il doit se lever tôt, se
laver proprement, porter ses plus beaux habits et venir à la prière sans manger,
pour ceux qui ont prévu d’immoler un animal. Une fois à la mosquée, il doit
faire les deux rakats, écouter
attentivement le sermon de l’imam. Et veiller
à ne pas se précipiter à la maison pour immoler son animal avant l’imam.
Si vous le faites, vous ratez le sacrifice de la Tabaski. Certes, vous mangerez
un gros mouton à la maison, mais ce ne sera pas dans les conditions requises. C’est
pour cela que dès que la prière finie, l’imam vient aussitôt immoler le mouton
devant la communauté. Ensuite, une fois
l’animal immolé, le fidèle doit partager la viande en trois parties. Une partie
pour la famille, une partie pour les parents et amis, et une troisième partie
pour ceux qui n’ont pas eu les moyens d’immoler un animal afin qu’ils puissent
fêter dans la gaieté. Car la Tabaski est un jour de partage, de convivialité. Le
musulman doit donc faire beaucoup de prières ce jour-là pour lui-même, pour sa
famille, pour son pays et pour le monde.
Quel doit être l’âge de l’animal à
immoler?
C’est
vrai que c’est assez compliqué. Le bélier doit être âgé d’au moins six mois.
Et comment le savoir ?
Les
vendeurs le savent en général. Et ils s’arrangent à ce que cette condition soit
remplie.
Est-ce toujours le cas ?
Nous
l’espérons parce que l’islam est basé sur la bonne foi. Quand je vais, par
exemple, à Dakar et qu’on me dit qu’il est l’heure de la prière, je prie dans
la mosquée sans même connaître l’imam. Je le fais simplement sur la base de la
confiance. Mais je rassure qu’il n’y a pas de souci à se faire à ce niveau. Nos
frères qui viennent vendre des animaux connaissent les conditions et les
respectent généralement.
On parle beaucoup de bélier comme si la
Tabaski était uniquement la fête du mouton. N’y a-t-il pas une confusion à ce
niveau ?
Le
mouton est intervenu lorsque le prophète Ibrahim devait immoler son fils et que
Dieu l’a remplacé par un bélier. Pour dire que le sacrifice humain est interdit
en islam. C’est donc une conception réductrice que de penser que la Tabaski est
la fête du mouton. Car c’est aussi la fête de la patience, de l’endurance, de
la foi profonde, de la solidarité pour le musulman. Le mouton est simplement une
manière d’exprimer la libération de l’homme du sacrifice humain.
Qui peut immoler l’animal de la fête?
Quand
vous avez atteint l’âge de la puberté en islam, vous remplissez les obligations
générales. Lorsque vous êtes un homme et que vous avez les moyens, alors vous
pouvez immoler un mouton. La religion n’a pas lié cela au mariage. C’est vrai
qu’il y a beaucoup de polémiques sur la question. Mais vous savez, les gens
dissertent souvent sur des choses dont ils n’ont pas connaissance. Quand ils
disent, par exemple, qu’il ne faut pas faire tout le Ramadan lorsque vous
n’êtes pas marié, alors qu’il n’y a aucun lien entre le mariage et le jeûne.
Alors, si vous êtes un jeune homme ou une jeune fille et que vous avez les
moyens, vous pouvez offrir un mouton à un proche. Vous pouvez même le faire
pour vos parents décédés en offrant le mouton à quelqu’un qui n’a pas de
pouvoir d’achat, avec l’intention de donner les récompenses à vos défunts.
Dans ce cas, peut-on s’endetter pour
payer son mouton ?
L’immolation
d’une bête n’est pas une obligation stricte pour celui qui n’en a pas les
moyens. Il est recommandé à ceux qui ont les moyens d’offrir un mouton, un
bœuf, un chameau ou une chèvre à Dieu ce jour-là en signe de soumission. Ne
vous endettez pas alors que Dieu ne vous l’impose pas, mais plutôt les
contraintes sociales. Parce que certains estiment gênant, voire honteux que les
voisins dans le quartier immolent un mouton et pas eux. Mais Dieu a fait en sorte que l’islam soit une
religion qui facilite la vie aux croyants. Quand vous n’avez pas les moyens de
faire quelque chose, il ne vous l’oblige pas. Dieu lui-même a dit qu’il ne
demande rien à l’homme qui soit au-delà de ses capacités. Donc, les règles de
l’islam stipulent que : est recommandée l’immolation d’un animal à celui
qui en a les moyens.
Comment disposer le mouton pendant qu’on
l’égorge ?
Cela
ne s’applique pas seulement au mouton de la fête. Chaque fois qu’on doit
immoler un animal, il faut le faire coucher sur son côté droit en regardant la
direction de la Kaaba. Pour le mouton de la Tabaski, on l’immole en récitant, Bismillah
avec le nom de Dieu. Le sang en islam est considéré comme une impureté. Avant
de manger un animal, il faut le vider de ce liquide vital. Le prophète a aussi recommandé
qu’avant d’immoler un animal, on doit s’assurer que le couteau est bien
aiguisé. Cela vous empêche de le faire souffrir. Ensuite, il faut que
l’opération d’immolation se fasse rapidement. Quand vous avez plusieurs bêtes à
la maison, évitez d’égorger une sous le regard des autres. Vous les faites
souffrir même si ce sont des animaux. Assurez-vous d’écarter l’animal à immoler
loin des autres afin qu’ils ne le voient pas en train de se faire trancher la
gorge.
Avant la mise en pratique de tous ces
conseils, comment le Cosim prépare-t-il les musulmans à mieux accueillir la
Tabaski ?
Pour
aider les musulmans à faire une bonne fête de Tabaski, le Cosim mène plusieurs
activités. Il y a d’abord sa déclaration pour informer la communauté musulmane
de la date de la fête, qui aura lieu, inch’Allah, mardi 15 octobre. Et aussi
pour les informer du jour où les pèlerins seront réunis sur le mont Arafat, qui
est un jour bénit de l’islam. Un jour où le jeûne est recommandé à tout
musulman qui est dans les dispositions. Le Cosim organise aussi des prêches à
longueur de journées sur la radio Al bayane pour instruire la communauté. Parce
que ce jour est un grand jour, un symbole de l’unité, de la soumission, de la
patience pour les musulmans. Il y a aussi les sermons que nous faisons. Dans
toutes les mosquées, les imams instruiront les communautés sur la façon d’organiser
l'Aïd el-Kebir. Comment
vivre cette fête. Quel animal offrir à Dieu, si vous en avez les moyens, etc.
Réalisée
par Raphaël Tanoh
Leg :
Selon Ousmane Diakité, le sacrifice du mouton peut être adressé à un défunt.
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