#EBOULEMENTS#: #MOSSIKRO# PROPOSE SA SOLUTION A OUATTARA
Les
récents éboulements survenus à Mossikro, un sous-quartier d’Attécoubé, ont
achevé de convaincre les autorités qu’il était temps de prendre le taureau par
les cornes. Mais pendant que le gouvernement se prépare à démolir les maisons,
les habitants de Mossikro ont leur solution pour éviter les glissements de
terrain.
Mossikro-Santé 3, ce vendredi
après-midi. Il n’a pas plu depuis deux jours. Mais le sol argileux garde encore
les séquelles des dernières averses : Flaques d’eau, détritus sur les
ruelles, murs affaissés…Ce lopin de terre rouge situé sur une pente par endroits,
tout le long de la voie bitumée qui conduit à Yopougon, semble s’étouffer. Engorgé,
convulsif, le sous-quartier d’Attécoubé, tristement célèbre pour ses
éboulements, craque sous son propre poids. 80.000 habitants vivent sur une
portion destinée à juste presque la moitié. Pour le chef du village, Coulibaly
Salifou, c’est ce qui fait parfois croire aux Ivoiriens que Mossikro est un
quartier précaire, mais il n’est en rien du tout. Ici, il y a un dispensaire,
un commissariat, une école, nous explique-t-il cet après-midi, dans l’enceinte
de leur mosquée. Entouré de plusieurs membres de la chefferie ainsi que des
jeunes de Mossikro, le quinquagénaire a accepté de rencontrer notre équipe de
reportage pour parler de la seule chose qui vient à l’esprit des Abidjanais
lorsqu’on prononce le nom Mossikro : Les éboulements. «Il faut casser les
maisons mal situées, mais ce que nous avons toujours pensé bon pour Mossikro,
c’est le lotissement», fait-il savoir. Cela fait environ 20 ans qu’ils mijotent
cette idée. En 2002, elle avait failli prendre forme, mais la guerre est
survenue, ajoute Coulibaly Salifou. Après ce qui vient de se passer, ils
comptent bien remettre la proposition sur la table. Et M. Coulibaly d’en
appeler à la clémence du chef de l’Etat : «Que le président de la
République nous aide à lotir notre quartier». Il n’est pas le seul à tourner et
retourner cette idée dans la tête. Touré
Souleymane, porte-parole de la chefferie, y pense tout le temps. Quand il dort
ou lorsqu’on parle de son bled à la télé comme un vulgaire entrelacs de
baraques qui n’augure rien que des malheurs. «Nous ne sommes pas un quartier
précaire, rappelle-t-il. Quand les autres quartiers d’Abidjan ont été
déguerpis, les gens ont afflués vers Mossikro. Le quartier existe depuis 50
ans. Les éboulements ne sont jamais arrivés sauf ces dernières années. On a
besoin de tracer des routes, assainir notre quartier». Samaké Kodiobou, 2ème représentant de la communauté malienne
vivant à Mossikro-Santé 3, se préparait à rompre le jeûne lorsque les
éboulements du 21 juin dernier sont survenus. «Le problème ici, ce sont les
collines. Tant qu’elles seront là, les populations seront menacées»,
pense-t-il. Il faut s’en débarrasser, exhorte-t-il. Sans balayer du revers de
la main la question du lotissement de son quartier, il mise plutôt sur cette
solution : raser les collines qui bordent Mossikro. Certes ces
propositions sont bonnes, mais Koné Saidou estime, lui, qu’il faut plutôt se
méfier des propriétaires de maisons qui pullulent à Mossikro. Plusieurs, selon
lui, sont de mauvaise foi. Lorsque la mairie vient trouer les maisons situées
sur les flancs des collines, afin qu’elles ne soient plus habitées, les
proprios s’arrangent avec des locataires pour les remettre en état afin que ces
derniers y habitent. «Je pense qu’il ne faut plus trouer les maisons avec des
coups de marteau, il faut les raser complètement», indique ce jeune résidant. Gbakui
André, 1er adjoint du chef du village, ajoute qu’il ne faut plus y
aller avec le dos de la cuiller. «Il faut éviter à tout prix que les gens viennent
habiter les maisons cassées», renchérit-il. La chefferie, d’après lui, restera
ferme sur la question. Mais Gbakui André pense que l’aide du gouvernement leur
sera capital dans ce combat. Il demande donc que le ministre de la
Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme leur donne un
coup de main. Un autre point que les habitants de Mossikro ont voulu
éclaircir : les logements sociaux. Sur la question, Traoré Ousseini n’est
pas passé par quatre chemins pour se faire comprendre. Cette politique, dit-il,
ne peut leur être proposée. Car, à l’entendre, aucune maison ne sera jamais
moins chère pour quelqu’un qui tire le diable par la queue au point où il est
obligé de vivre sous le flanc d’une colline au péril de sa vie. «La maison la
moins chère dans la politique des logements sociaux coûte cinq millions», poursuit
Traoré Ousseini. Evidement, il n’écarte pas l’autre solution proposée par le
chef de l’Etat lors de l’interview accordée jeudi dernier aux antennes de la
Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), et d’autres chaînes de radio internationales.
«Il faut trouver un endroit pour recaser les gens qui sont mal installés dans
les quartiers précaires», termine M. Traoré. Gaoussou Drabo, chargé de la
communication de la chefferie, voit le problème différemment. C’est bien de
proposer des solutions mais, selon lui, c’est encore mieux d’agir quand il est
temps. Il ne faut pas attendre chaque année que la pluie cause des dégâts
avant d’agir, au dire de notre interlocuteur. Le mois de juin touche à sa fin. Peut-être
que le plus dur est passé pour les personnes qui vivent dans les zones à risques.
Mais les habitants de Mossikro ne veulent plus entendre parler d’éboulements. Ils
ont fait le boulot à leur niveau en sensibilisant, en aidant la mairie à
démolir les maisons, en mettant en place des comités de surveillance.
Maintenant, disent-ils, la balle est dans le camp du gouvernement.
Raphaël Tanoh
Leg : Les habitants de Mossikro qui
ont reçu notre équipe tenaient à immortaliser ce moment.
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