#EBOULEMENTS#: DES #QUARTIERS# TOUJOURS MENACES





On a failli crier victoire. A dix jours de la fin du mois de juin très abondant en pluies, les Ivoiriens pensaient pouvoir terminer l’année sans un seul glissement de terrain. Hélas ! Dans la nuit de samedi à dimanche, le sort en a décidé autrement. Des éboulements à Mossikro (un quartier précaire d’Attécoubé) et à Adjamé-Paillet ont causé six morts dont une fillette de quatre ans. Abattu en apprenant la nouvelle, un proche de Mamadou Sanogo, ministre de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme, lançait hier, avec amertume: «C’est comme si tout ce que nous avons fait était réduit à néant». Le ministre lui-même est choqué par ce malheur. Venu sur les lieux ce lundi pour soutenir les familles, Mamadou Sanogo n’a pas voulu mâcher ses mots. «Des Ong internationales estiment que nous n’avons pas encore trouvé de solutions durables pour les populations et que nous voulons démolir les maisons. J’aimerais qu’elles soient présentes avec nous pour constater quelles peuvent être les conséquences de l’inaction», s’indigne le ministre à Mossikro où il rend visite à Koné Karim, 27 ans, ainsi qu’aux autres victimes des éboulements. Ce père de famille a perdu sa fille de quatre ans, Koné Mariam, dans l’effondrement de sa maison. L’autre malheureux dans ce bled est Ila Hama Yacoubou, 42 ans. Lui, a perdu ses trois enfants: Mahamadou, 23 ans, Souleymane, 20 ans, Mamadou, 32 ans. Ces derniers ont été ensevelis par les murs de leurs chambres après que le flanc d’une colline située derrière s’est détaché. «Nous allons reprendre les démolitions, prévient le ministre devant des visages éplorés. Que ce soient nos frères du Mali, du Ghana, du Niger, etc. il faut que les ambassades nous aident. Lancez un appel à vos communautés !». Selon le ministre, parmi les six personnes décédées dans les éboulements, cinq étaient des ressortissants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de Ouest (Cedeao). Cette fois-ci, rassure Mamadou Sanogo, rien ne les arrêtera lorsque les démolitions reprendront. «Feu vert sera donné aux maires pour raser tous ces quartiers. Nous allons reprendre les démolitions pendant la saison des pluies et nous n’allons plus nous arrêter», ajoute-t-il avec fermeté. Car, à l’entendre, des solutions ont été trouvées avec le développement des Lotissements à équipements modérés (Lem). Il invite donc les populations à quitter les quartiers à risques et à aller souscrire au  Centre de facilitation des formalités d’accès au logement (Cefal). Les maisons y sont à partir de cinq millions FCfa. «Nous demandons pardon aux populations. Partez de ces endroits ! Rien ne vaut la vie de vos enfants. Le gouvernement a fait beaucoup l’année dernière. Il y a eu les démolitions dans toute la ville d’Abidjan», rappelle l’illustre visiteur. En effet, l’un des plus vastes programmes de déguerpissement jamais lancé a permis, depuis juin 2014, de déguerpir une dizaine de quartiers précaires (Washington, Boribana, Mossikro, etc.). Coordonnée par l’Office national de la protection civile (Onpc), cette opération avait établi des normes sécuritaires très claires dans les zones à risques. Toute construction située à moins de 10 mètres des flancs d’une colline devait être purement et simplement démolie. De nombreuses campagnes de sensibilisation ont également été lancées par le biais de plusieurs supports de communication. Mais, manifestement, toutes ces actions n’ont pas suffi à rebuter les plus entêtés. A Mossikro, par exemple, alors que le ministre s’évertue à se faire comprendre, par-dessus son épaule, on peut apercevoir des habitations construites à moins de 10 mètres des flancs de collines. Les familles prévenues des risques d’éboulement ont fait le choix de rester et d’affronter la mort. C’est aussi le cas à Adjamé-Paillet. Tandis que la délégation ministérielle, accompagnée de Sani Aïcha, chargée des affaires à l’ambassade du Niger, présente ses condoléances aux familles, le spectacle de plusieurs habitations érigées sous les collines arrache des frissons. Certains propriétaires de maisons se sont même permis de construire sur ces monticules de terre friable. Et il n’y a eu personne pour les en dissuader.

Raphaël Tanoh


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