#Soumahoro Youssouf#: "NOUS POUVONS RENDRE #ABIDJAN PROPRE#"





« Qu’on paye nos #arriérés# et Abidjan sera propre  »


Depuis quelque temps, les ordures s’amoncèlent  dans les rues de  la capitale économique.   Le président de l’Association interprofessionnelle des opérateurs de la filière déchets donne les raisons de cette situation et fait  des propositions.

Votre association ne fait pas trop parler d’elle. Vous semblez travailler dans le silence…
L’Association a vu le jour en 2012. Depuis 2013, elle regroupe plusieurs structures.  Plus précisément, 15 sociétés de ramassage d’ordures, dont Lassire, Intercor, Clean Bor, Siprom, etc. Les pré-collecteurs font aussi partie de notre organisation.


Depuis plus d’un an, l’Etat a lancé un appel d’offres qui a débouché sur le choix du consortium Américain, Wise Solutions. Cette structure est censée mettre en place le système de gestion des ordures à Abidjan. Avez-vous eu des contacts avec cet opérateur ?
Depuis le choix de Wise Solutions, nous avons eu une séance de travail avec le ministère de l’Environnement, de la salubrité urbaine et du développement durable dans le but d’échanger sur le type de collaboration qui allait exister entre l’opérateur désigné et les opérateurs nationaux que nous sommes, et qui exercent déjà l’activité de pré-collecte, de collecte et de transfert vers la décharge. Le ministère nous a rassuré que Wise Solutions allait voir avec nous les modalités de collaboration. Nous attendons depuis un quelconque contact. L’opérateur n’est jamais venu vers nous. Il n’y a jamais eu  de discussion. Vu la situation, nous nous sommes organisés pour adresser une correspondance au ministère de l’Environnement.  Le contenu était clair : confier la gestion des ordures aux opérateurs nationaux.

Avec le cahier des charges de Wise Solutions qui doit moderniser le secteur, vous sentez-vous menacés ?
Comme je l’ai dit, nous n’avons pas encore eu de discussion avec Wise Solutions. Nous avons même adressé des correspondances à la Présidence pour donner notre position sur la question.

Et cette position est de se débarrasser de Wise Solutions en vous donnant la gestion des ordures
Aujourd’hui, ce qui fait la défaillance des structures nationales, c’est le problème de financement. Malgré ce problème, nous continuons cependant à travailler, avec en moyenne un retard de 8 mois d’arriérés que l’Etat nous doit.

L’Agence nationale de la salubrité urbaine (Anasur) avait pourtant rassuré que ce problème était réglé.
Le point des arriérés depuis 2014, est de 8 mois d’arriérés. Une partie des dettes  de 2013 a été classée comme passif. Et je ne parle même pas de cela. Ces 8 mois d’arriérés concerne 2014 et 2015. Cette somme est estimée à plus de 12 milliards de FCFA.

Avez-vous trouvé un accord avec le gouvernement quant à la date de paiement de ces arriérés ?
Selon ce que le ministre de l’Environnement nous a dit, le gouvernement prend l’engagement de payer les 12 milliards cette année. Si cet argent est payé, cela nous permettra d’être efficaces sur le terrain.

Vous ne l’êtes donc pas en ce moment…
 Les arriérés pèsent sur nos trésoreries. Ce qui fait que nos camions tombent toujours en panne. Nous avons besoin d’investir  pour pouvoir travailler correctement.

Est-ce ce qui explique la présence des ordures ménagères ces-temps-ci dans les rues d’Abidjan ?
Une filière qui a 12 milliards F de passif, c’est énorme. C’est pourquoi la majorité de nos camions sont au garage. Les pneus, les pièces de rechange, le carburant, deviennent difficiles à assurer. Beaucoup de gens dépendent de cette filière et nous nous sommes engagés avec ces personnes. Normalement ma société sort en moyenne 30 camions par jour pour ramasser les ordures à Abidjan.  Mais avec ma trésorerie qui souffre, j’en suis réduit à sortir seulement  10 camions dans la journée. Conséquence : il y’a un retard dans l’enlèvement des ordures. La prestation n’est plus totale. Or, si nous les opérateurs nationaux sommes payés correctement, tout Abidjan sera propre comme c’était le cas, au sortir de la crise poste-électorale. Tout ça pour dire qu’on n’a pas besoin d’un opérateur international. Il suffit de régler nos arriérés, nous allons faire le boulot.

Dans le cahier des charges de Wise Solutions, il est prévu la transformation des ordures en engrais, par exemple, ainsi que la création de centres de traitement. Pouvez-vous assurer cela ?
Nous pouvons le faire.

En avez-vous les ressources?
Nous avons tout le matériel ici. Regardez bien ce qui se passe : l’opérateur international n’a pas encore débuté son travail. Pourquoi ?  Il n’y a pas d’argent. Tout est une question de financement. Qu’on nous fasse aider par le Bnetd, par exemple, nous pouvons créer des usines de traitement.  Les moyens financiers qu’on demande à Wise Solutions sont l’équivalent de nos arriérés. Qu’on paye ces arriérés, Abidjan sera propre.

On parle également de la fermeture de la décharge d’Akouédo. Pensez-vous que cela sera un jour possible ?  
On peut trouver un autre centre pour remplacer Akouédo. C’est une question de volonté politique. En outre, nous ne sommes que des opérateurs. Si le gouvernement nous dit que les ordures vont être transportées à Adzopé où à Alépé, nous obéirons.

Connaissez-vous un centre capable de remplacer la décharge d’Akouédo ?
Demander-moi plutôt quelle est notre solution pour gérer les ordures à Abidjan.

Quelle est cette solution ?

Je pense que le schéma est simple. D’abord, résoudre le problème de financement des structures de collecte d’ordures. Ensuite, pour régler la gestion des ordures dans le district d’Abidjan, il faut faire des centres de transfert. On peut diviser Abidjan en trois ou quatre grandes parties. Puis, placer un centre de transfert à Abidjan-nord, un autre à Abidjan-sud. Les ordures de ces zones vont être acheminées dans ces centres de transfert à défaut de pouvoir faire un centre de groupage par commune. Dans le plan d’urbanisation d’Abidjan, chaque commune doit avoir un endroit où les ordures doivent être déversées. Et comme Abidjan a évolué et qu’il n’y a plus de terrain, le gouvernement peut créer un centre de transfert du côté de Bingerville, d’Anyama et de Grand-Bassam.

Le ministre de l’Environnement a-t-il été mis au courant de cette idée ?
Si on nous avait donné l’opportunité de participer à l’appel d’offres, nous aurions pu faire ces propositions. Mais toutes les structures nationales en ont été exclues.  


Comment se fait exactement le processus de ramassage des déchets ménagers ?
En amont, nous avons les pré-collecteurs qui vont dans les ménages, sortent les ordures pour ensuite les envoyer dans un centre de collecte où dans un centre de groupage. Les opérateurs que nous sommes interviennent à partir de cet endroit pour acheminer les déchets vers la décharge d’Akouédo. C’est ce que nous appelons la collecte via les contenants. Il existe néanmoins les collectes qui se font avec les bennes à ordures. Les opérateurs font du porte-à-porte, vont de quartier en quartier afin de collecter les ordures et assurer le transfert jusqu’à la décharge d’Akouédo.

Les pré-collecteurs ne sont pas organisés comme vous ?
Telle que la filière est organisée, les pré-collectes sont confiées aux mairies. Nous prenons le relais de la collecte jusqu’ à la décharge. Normalement, les communes doivent lancer des appels d’offres afin de choisir les pré-collecteurs nationaux organisés.

Dans les quartiers, ces pré-collecteurs se font pourtant payer par les ménages tous les fins de mois.
Les mairies devraient confier la pré-collecte à des jeunes. Mais comme il y’a une insuffisance dans ce domaine, ces jeunes se sont organisés pour enlever les ordures dans les ménages et les emmener à un centre de groupage. En contrepartie, ils facturent les ménages. Le payement n’est pas toujours facile.

En clair,  la question des déchets ménagers est loin d’être résolue.
Si tous les acteurs, à savoir opérateurs, les mairies, le District d’Abidjan et l’Anasur jouent franc-jeu ; s’ils acceptent de travailler en synergie, ce problème sera  résolu facilement. Le problème n’est pas que financier. Il y’a aussi un problème structurel. Le district d’Abidjan a besoin d’être équipé en contenants et en centres de transfert ou centres de groupage. Dans les communes, il faut des poubelles pour faciliter la collecte. A la Rue des jardins, par exemple, il y a une poubelle à tous les 500 mètres. Cette rue est propre. C’est parce que ce système est défaillant que vous voyez les ordures partout quand vous êtes dans la circulation. Il faut aussi que la population soit sensibilisée pour empêcher les ménages de sortir les ordures à n’importe quelle heure et à n’importe quel moment. En plus de ces problèmes, depuis des années, les opérateurs ne travaillent qu’avec des contrats de courte durée : 3 à 6 mois. Nous avons besoin de contrat à long terme avec l’Etat. Aujourd’hui, le minimum qu’il faut à un opérateur de la filière déchet pour opérer, c’est 100 millions F. Nous pensons donc que l’Etat doit concéder aux opérateurs que nous sommes au moins 5 à 10 ans de contrat. Cela permet aux structures financières de nous accompagner. Et cela nous  permet de mieux investir dans le secteur. C’est sous le président Alassane Ouattara que nous sommes passés  à 1 an de contrat. Mais il en faut plus.  Avec un contrat de 1 an, aucune banque n’acceptera de vous financer. Un coffre à ordures coûte 5 millions F. Un opérateur a besoin d’au moins 20 coffres dans sa zone.

Interview réalisée par Raphaël Tanoh

Leg : Soumahoro Youssouf demande au gouvernement de leur confier la gestion des ordures à Abidjan. 

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