L'ANARCHIE S'INSTALLE DANS LES PHARMACIES
Depuis quelques temps, on constate
une variation des prix des #médicaments# dans nos pharmacies. Enquête sur un
phénomène difficile à juguler.
Monsieur
tout le monde travaille au Plateau et réside à Cocody. Presque chaque jour, son
patron le presse comme un citron. Ce qui reste de Monsieur tout le monde rentre
à la maison les soirs, pommé telle une pile usée. Les lendemains parfois, pas
souvent mais parfois, il a besoin d’une boite de remontant, histoire d’être gonflé
à bloc. Alors qu’il avait l’habitude d’acheter ce remontant chez le pharmacien
du coin, un dimanche, le voilà en train de traîner sa bosse dans un autre
quartier. Les enseignes d’une pharmacie de garde l’incitent à s’approvisionner
dans le lieu. Alors que la caissière lui rend la monnaie, le salarié a
l’impression que cette dernière s’est trompée. Mais lorsqu’il observe le reçu,
il comprend que la pauvre dame n’y est pour rien. La différence de prix, est frappante.
Au lieu de 1785 FCFA (à Cocody), c’est à 2465 FCFA que le produit est vendu au
Plateau-Dokui, là où il vient de l’acheter. Tout comme ce gros travailleur, de
nombreux Ivoiriens ont été au moins une fois dans leur vie, embarrassé par le
prix d’un médicament qu’ils jureraient avoir acheté moins cher dans une autre
pharmacie. Après des plaintes de ce genre, la Rédaction de Nord-Sud Quotidien a
décidé de mener une enquête dans plusieurs officines, afin de voir si pour un
même médicament, les prix peuvent effectivement être différents d’une pharmacie
à une autre. Sur la liste, 7 médicaments choisis au hasard : Fébrilex
(contre la grippe, les maux de tête la fièvre, etc.), Doliprane effervescent-1.000
(contre le paludisme), Artefan comprimé (contre le paludisme), Bimalaril comprimé
(contre le paludisme), CAC 1.000 (lutte contre la fatigue), Litacold (contre le
rhume). A Cocody-centre, le cachet de Fébrilex est vendu 400 FCFA, le Doliprane
effervescent-1000 à 1235 F, l’Artefan en comprimé à 2.180 F, le Bimalaril en
comprimé à 2.330 F, le CAC 1000 à 1785 F et le Litacold à 270 F. Au
Plateau-Dokui, on note une hausse de 50F pour le cachet de Fébrilex, 5 F pour
le Doliprane effervescent 1.000, tandis que le Litacold connaît, lui, une
hausse de 30 F. La hausse la plus remarquable vient du CAC 1000 : 680
F ! Le prix de l’Artefan et du Bimalaril restent cependant les mêmes
dans les différentes pharmacies que nous
avons visitées. Dans la zone des Deux-Plateaux, au niveau du ‘‘Carrefour Duncan’’,
le Litacold est vendu à 275 F. D’où une différence de 5F par rapport à Cocody-centre
et de 25 F avec le prix pratiqué au Plateau-Dokui. Au niveau du Doliprane
effervescent 1.000, le prix pratiqué dans les environs de la 7ème
tranche (Deux-Plateaux) est de 25 F moins que celui du Plateau-Dokui et de 40 F
en dessous du tarif pratiqué au sein des officines situées dans le périmètre de
‘‘Carrefour Duncan’’.
Des différences de prix notées dans
les pharmacies
Au
niveau du CAC 1.000, le prix de 2465 F est pratiqué dans presque toutes les
pharmacies des Deux-Plateaux et du Plateau-Dokui. Il n’y a que dans l’une des
pharmacies de Cocody-centre qu’il est vendu à 1785 FCFA. Des médicaments comme
l’Anginovag (contre l’angine) que nous n’avions pas intégré dans notre
échantillon sont confrontés à ces mêmes variations de prix. Vendu à 2795 F dans
une pharmacie de la 7ème tranche, on le retrouve à 2825 F vers le ‘‘Carrefour
Duncan’’ (Deux-Plateaux). Tout comme on peut le constater, c’est un peu
l’anarchie en ce qui concerne la fixation des prix de certains médicaments dans
nos officines privées de pharmacie. Cela fait longtemps que le président de
l’Association des consommateurs le Réveil, a fait ce constat.
« Aujourd’hui, tout comme le secteur du gaz, il y a une sorte d’anarchie
dans la fixation des prix des médicaments dans nos pharmacie. C’est un secteur
sensible et il faut que le gouvernement ait un regard plus attentif là-dessus »,
plaide Soumahoro Ben N’Faly, le président de la structure. Conscient du
phénomène, le gouvernement n’a pas arrêté de mener la sensibilisation sur le
terrain. Jeudi dernier encore, lors du séminaire sur les performances 2015-2016 des officines privées de
pharmacie, la ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Raymonde
Goudou-Coffie, exhortait les pharmaciens au strict respect des textes régissant
le secteur. Et si jusque-là des sanctions ne sont pas encore prise, selon
Raymonde Goudou, c’est parce que le gouvernement continue de sensibiliser.
« Mais nous allons passer bientôt à la phase de répression », a prévenu
la ministre de la Santé et de l’hygiène publique. On se souvient déjà, le 17 février
dernier, lors d’un atelier organisé par la direction générale de la Santé à
Yamoussoukro, elle remontait les bretelles aux pharmaciens. « Je ne suis pas fière de vous les pharmaciens,
avait signifié la ministre. On a prêté serment, il faut apprendre à aimer son travail. Il faut que vous
fassiez votre travail avec conscience. Vous avez un devoir de contrôle (…) La
gestion des stocks, c’est notre dada. Nous allons faire en sorte de mieux nous
comporter. Par rapport à la chaîne de distribution, je ne veux plus qu’on
vienne me dire qu’on majore les ordonnances. Je ne veux plus en entendre
parler ! ». Puis d’ajouter : « il faut arrêter
ça. Nous allons mettre une commission mixte en place, composée de
l’inspection générale de la santé, de la direction de la médecine hospitalière,
pour faire l’évaluation de nos districts sanitaires ». Les Ivoiriens
attendent donc avec impatience la mise en place de cette commission mixte pour
passer au contrôle. Mais au niveau des pharmaciens, on estime que c’est un faux
procès qu’on leur fait.
Raphaël Tanoh
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Leg : Les prix de certains médicaments varient
d’une pharmacie à une autre.
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