« NOUS VOTERONS POUR LE CANDIDAT QUI OFFRIRA ÇA AUX FONCTIONNAIRES»



Dans cet entretien, Gnagna Zadi Théodore, président de la Plateforme nationale des organisations professionnelles de Côte d'Ivoire, revient sur la gestion de la crise sanitaire et fait des propositions.



Depuis environ trois mois, les fonctionnaires comme tous les Ivoiriens, sont confrontés à une crise sanitaire sans précédent. Au travail, les mesures barrières sont-elles respectées ?
Depuis mars, le gouvernement a pris une série de mesures pour combattre la covid-19. Le confinement d’Abidjan, le couvre-feu, la distanciation sociale, le port du cache-nez. Au niveau de l’administration, au début, des dispositions ont été prises pour protéger les travailleurs. 80% des fonctionnaires ont été mis en congé. Je veux parler des enseignants avec la fermeture des écoles. Ensuite, concernant le personnel de santé, qui constitue le deuxième plus grand nombre de fonctionnaires, des mesures ont également été prises. L’Etat leur a distribué du matériel de protection ainsi que des primes spéciales covid-19. Au niveau des forces de l’ordre, les mêmes mesures ont été prises.  Dans certains services de l’administration, on a instauré la double-vacation, avec la rotation des travailleurs. Tout cela a été salué au début. Mais depuis quelques semaines, avec la réouverture des écoles, toutes ces mesures sont remises en cause

Aujourd’hui, le fonctionnaire va-t-il au bureau avec sérénité ?
Il y a eu une première période de psychose. Les gens avaient peur d’aller au travail. Jusqu’à ce que le gouvernement lève les mesures. Alors la peur qui était dans les cœurs, a commencé à baisser.

Les conditions sont-elles réunies pour travailler au bureau ?
Oui. Comme je viens de le dire, avec la mise en vacance des enseignants et la protection du personnel de santé, cela a été salutaire. Il y a eu la mise en place de gelshydro-alcooliques, de cache-nez dans les bureaux pour les fonctionnaires.

La distribution des masques est-elle satisfaisante ?
Il faut dire que depuis quelques temps l’Etat a décidé de distribuer des masques. Malheureusement, il n’y a que le district d’Abidjan qui estconcerné. Les travailleurs de l’intérieursont oubliés. Peut-être cela va-t-il se faire graduellement. A l’intérieur, nous avons constaté qu’au début certaines écoles n’avaient pas été désinfectés. Il y a eu notamment des manifestations à Yamoussoukro, à Soubré, où les enseignants ont demandé des masques. Au vu de cela, nous pouvons dire qu’il y a eu des problèmes dans la distribution de matériel. Les efforts de l’Etat sont allés dans un premier temps dans la distribution de vivres, ensuite, on s’est occupé du personnel santé, ce n’est que maintenant qu’on veut s’occuper des autres travailleurs.

Quels sont vos besoins aujourd’hui ?
Les travailleurs de la santé ont des primes. C’est bien. Mais ceux de la Douane, des Eaux et forêts, se plaignent de n’en avoir pas reçues. Il en est de même pour nos amis des Impôts. Au niveau des enseignants également, où on a repris avec les risques, on réclame également des primes.Il y a eu du deux poids deux mesures.  Si l’Etat a fait des efforts, beaucoup reste à faire. Une bonne catégorie des fonctionnaires est laissée pour compte.

Y a-t-il eu beaucoup de cas d’infection chez les fonctionnaires ?
Au début, on nous a relevé des cas de certains enseignants qui sont allés enseigner à l’intérieur. Ils ont été ramenés à Abidjan.

Avec l’aggravation des cas, pensez-vous que la reprise a été précipitée ?
J’étais de ceux qui ont milité pour que les chose reprennent, surtout au niveau économique. Les petites entreprises qui vivent au quotidien étaient à l’agoni. Dans le privés les gens n’avaient plus de salaire. Il fallait faire quelques choses. Laisser l’économie reprendre était une bonne chose, mais rouvrir les écoles d’un seul coup n’était pas bien inspiré. En faisant cela, on a jeté à l’eau tous les efforts pour diminuer les cas d’infection. On constate que les infections augmentent, le nombre de morts aussi. L’ouverture des écoles y est pour beaucoup dans la hausse des cas d’infection.

La gestion de la crise sanitaire vous satisfait-elle ?
Nous avons entendu beaucoup de chiffres et de milliards. Est-ce réel ? Nous ne voulons pas nous aventurer sur ce terrain. Ce que nous pouvons dire, c’est qu’au niveau des fonctionnaires, les salaires ont été payés. L’Etat a décidé de suspendre certaines factures d’eau et d’électricité de la périodeavril et mai. Mais nous pensons que ces factures doivent être annulées pour tout le monde. C’est notre souhait. Il faut mettre cela au compte de la pandémie, et l’Etat a les moyens de le faire. Ensuite, nous pensons qu’au privé, les gens ont été moins lotis. Et nous ne voyons pas ce qui est fait pour sauver les travailleurs. Il y a plan pour les entreprises, mais avec les critères que nous avons vus, nous pensons qu’il est impossible pour la plupart des entreprises d’en bénéficier.

Avez-vous des revendications ?
Nos revendications sont là. Ce n’est pas dans cette période que nous allons revendiquer. Nous avons intérêt à ce que la maladie soit boutée hors du pays. Le syndicaliste est un chasseur patient qui attend le bon moment pour frapper. Le 1er mai nous avons transmis au gouvernent nos revendications. Le point le plus important, c’est l’instauration d’un 13ème mois pour les fonctionnaires. Nous lançons dans ce sens un appel aux candidats à la présidentielle. Les fonctionnaires seront regardant sur le candidat qui va leur offrir ce 13èmemois. Ensuite, nous pensons qu’il faut une véritable réflexion sur le salaire.Nous voulons une réforme avec l’annulation de l’impôts sur salaire, avec la revalorisation de l’indice référentiel de base. Pour terminer, nous demandons au gouvernement de prendre des mesures pour arrêter la progression de la pandémie. Ne donnons pas raison à ceux qui avaient dit qu’en Afrique la maladie allait faire plus de victimes.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Leg : GnagnaZadi regrette la réouverture des écoles.


Commentaires

  1. A la revendication du 13eme salaire, il faut revaloriser l'indemnité de logement des enseignants telle que plafonnée l'an dernier après la grève de deux mois à ce sujet.

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