"LA LUTTE CONTINUE", GNAGNA ZADY THEODORE, Président de la Plateforme nationale des organisations syndicales du secteur public
L’accord sur la #trêve sociale# entre
le gouvernement et les syndicats a été signé
le 17 août dernier. On peut dire, ouf, enfin… ?
Oui.
Précisons qu’il y a eu deux accords. D’abord, l’accord sur les revendications, ensuite
celui sur la trêve sociale. Il faut dire que la Plateforme a engagé la lutte en
novembre dernier, avec 5 points de revendication : la question de la réforme
sur la retraite, le stock des arriérés,
les 150 points d’indices, la liberté syndicale, l’intégration des journaliers.
Il y a un 6ème point qui est venu après et qui est la question des
impôts sur salaire. En janvier, l’Etat avait accédé à 4 de ces points. Le 5ème
point, la pomme de discorde, était bien entendu le stock des arriérés estimé à
près de 250 milliards FCfa. Nous avons stoppé la grève en janvier pour que le
gouvernement se penche sur cette situation. Un comité de dialogue a été mis en
place. Après la déclaration du président de la République le 1er
mai, les négociations ont débuté sur ce sujet. Elles ont abouti le 17 août
dernier à la signature des deux accords.
Pourquoi deux accords?
On
aurait pu se contenter d’un seul accord, en effet, c’est-à-dire, l’accord sur nos
revendications. Mais le deuxième accord est un peu la revendication du
gouvernement. Ce ne sont pas les syndicats qui ont demandé une trêve sociale,
mais l’Etat. Comme le gouvernement nous a donné ce que nous voulions, en retour,
nous lui avons donné ce qu’il demandait.
Beaucoup craignent que la trêve
n’entraîne le bâillonnement des syndicats.
Ces
inquiétudes peuvent être légitimes. La trêve, c’est un peu un cessez-le-feu à
l’issu d’une crise. En l’occurrence, elle permet de mettre la négociation au
centre des débats. Elle nous permet de négocier en priorité. Ce n’est pas un
moyen de bâillonner les syndicats. Et bien sûr, la trêve sociale ne met pas fin
aux activités syndicales. L’article 17 de la Constitution de la Côte d’Ivoire
consacre le droit syndical. Un accord, fût-il entre les syndicats et le
gouvernement, ne peut pas mettre fin à un droit constitutionnelle. En clair, on
peut en user chaque fois que cela est nécessaire.
Les syndicats peuvent donc faire grève
au cours de la trêve ?
Bien
sûr. Il faut comprendre que la trêve sociale est basée sur des engagements. Des
engagements que chaque partie doit respecter.
Dans cet accord, quel est la part
d’engagement du gouvernement ?
Globalement,
le gouvernement doit continuer à améliorer les conditions de vie et de travail
des fonctionnaires. Et de façon plus pratique, il doit respecter l’engagement
concernant les revendications. Si par exemple nous arrivons en 2018 et que les
150 points d’indices qui doivent être payés ne le sont pas, il y aura là une
violation. Aussi, si le gouvernement n’applique pas la nouvelle ordonnance sur
la retraite, ou refuse d’intégrer les journaliers, ou bien si nous constatons
que les syndicats sont persécutés, cela constituerait une violation de l’accord.
Autre élément important : il faut que tout le monde comprenne bien la
trêve. Ce qui signifie qu’il ne faut pas que les ministères techniques pensent
qu’il y a une trêve, et qu’ils ne vont pas résoudre les problèmes sectoriels. Cela
veut dire que dans chaque ministère, il faut mettre en place des instruments de
dialogue social qui préviendront les problèmes, s’en saisiront pour engager le
dialogue. Faire la sourde oreille sous prétexte qu’une trêve est signée, ce
sera se tromper. Donc le gouvernement doit informer ses ministères. Il ne faut
pas qu’ils croient que la trêve est un moyen d’étouffer les syndicats dans les
secteurs.
Et qu’elle est votre part dans cet
accord ?
À
notre niveau, nous avons un rôle de formation et d’information de nos camarades
sur le terrain. Il faut que notre signature ait un sens. Nos organisations
doivent respecter l’accord. Il en va de même pour les centrales. Elles doivent travailler à leur niveau pour que les
syndicats de base respectent l’accord. Il faut faire en sorte que les problèmes
nouveaux soient transmis au gouvernement par leur biais, aller d’abord à la
négociation.
Un comité de suivi est censé être
mis en place. Cela a-t-il été déjà fait ?
Pas
encore. Ce comité sera composé de tous les acteurs signataires des accords. Il
sera chargé de prendre connaissance des nouveaux problèmes. La trêve a besoin
d’un suivi. Ce sont les éléments nécessaires pour qu’elle tienne.
Au niveau des centrales syndicales,
ne craignez-vous pas une désolidarisation vu que les revendications
divergent ?
En
réalité à leur niveau, il n’y a pas de grand danger. On ne les a pas obligés à
signer l’accord, elles sont venues de leur propre chef. Et ce sont eux qui ont
signé en premier. Je ne crois pas que le danger vienne d’eux, mais de d’autres
organisations.
Il est donc possible que d’autres
structures se lèvent de façon isolé pour faire grève ?
Cela
est fort possible et on le voit déjà. Si
les problèmes ne sont pas résolus, s’il y a un vide, évidemment, ça va créer de
nouveaux leaders qui vont porter la lutte.
Quelle est la prochaine étape pour
la Plateforme ?
La
plateforme s’est voulue une structure pérenne. Elle s’est formalisée en termes
de documents officiels. La Plateforme a intégré le réseau international de
syndicalisme de lutte où il y a plus de 200 syndicats. Elle sera également
intégrée dans les structures de négociation. Parce qu’il reste encore des
problèmes à résoudre. Il y a par exemple l’indice référentiel de base utilisé
pour calculer les salaires, bloqués depuis 1961. Il faut la réformer. Il y a
des accessoires de salaire, dont les indemnités de logement qui doivent être
revus.
Malgré toutes les concessions du
gouvernement, vous êtes prêts à revenir avec d’autres revendications. N’est-ce
pas un peu pour cela que certains traitent les fonctionnaires de Côte d’Ivoire
de ‘’bébés gâtés’’ ?
C’est
une mauvaise appréciation. Chaque pays a sa réalité. Les pays qui ont compris
l’importance du fonctionnaire sont des pays développés. À l’intérieur du pays, ce
sont les fonctionnaires qui représentent l’Etat. L’Etat lui-même ne peut pas se
négliger. Il faut que ceux qui portent le service public qui, est le nerf de
toute société, aient un minimum.
C’est bientôt la rentrée, comment la
Plateforme compte-elle accompagner le ministère ?
La
Plateforme n’accompagne personne. Elle joue son rôle de régulateur social. Notre
rôle, c’est de dire aux enseignants d’être présents dans des écoles. Nous allons
faire des tournées nationales pour expliquer la trêve. Notre rôle, c’est de
faire en sorte qu’ils fassent bien leur travail afin qu’on ne dise pas que nous
sommes des bébés gâtés.
Est-ce à dire qu’il n’y aura pas de
grève pendant cette année scolaire?
Lorsqu’en
2001 il y a eu la trêve, il n’y a pas eu de grève jusqu’en 2007. Quand en 2009,
il y a eu le reclassement, il n’y a pas eu de grève jusqu’en 2012. Tout cela
pour dire qu’il y a des trêves naturelles lorsque les problèmes sont résolus. Notre
souhait, c’est que la trêve soit respectée, qu’il n’y ait pas de grève, que les
ministères mettent en place des instruments sérieux de négociation, qu’on accepte de recevoir les fonctionnaires,
même sans préavis de grève. C’est pour
cela que je tiens à dire aux camarades que la lutte continue, mais dans la
discipline syndicale.
C’est la campagne au sein de la Mutuelle
générale des fonctionnaires et agent de l’Etat de Côte d’Ivoire (Mugefci). Quel
est votre plan d’action?
D’abord,
il faut dire que je suis le directeur de campagne de la liste union-solidarité-espoir,
qui a pour porte-flambeau le camarade Soro Mamadou. Nous avons à Abidjan une
liste de 120 personnes, et des leaders de haut niveau. Mais, ce qu’il faut
retenir de ce rassemblement, c’est que c’est l’union que nous voulons célébrer,
la solidarité. Nous avons voulu mettre en avant l’intérêt du fonctionnaire en
nous mettant ensemble. Et le camarade Soro l’a bien réussi. Nous avons plus de
150 syndicats membres de notre union. Mercredi dernier, nous les avons mis en
mission. La Mugefci doit aller vers un holding avec plusieurs filiales qui
permettront de prendre en compte tout l’environnement social du fonctionnaire.
Un point paraît cependant noir dans
la campagne : les accusations d’illégitimité du camarade Soro, parce qu’il
aurait déjà fait deux mandats…
Le
comité a déjà statué dessus. Toutes les listes ont été validées pour l’élection
des délégués. Ceux qui ont envoyé ce débat ont voulu escroquer moralement les
fonctionnaires. Ils ont prétendu que Soro ne peut pas être administrateur. Mais
les élections de la Mugefci suivent 3 étapes. Il y a d’abord l’élection des
délégués. Or, aucun texte n’interdit à Soro d’être délégué. Ce sont les 300
délégués qui vont élire en octobre les 10 membres du conseil d’administration qui,
eux, se réuniront pour choisir le bureau du conseil ainsi que le président.
Nous ne sommes qu’à la première étape de ces élections et on veut pourrir
l’atmosphère avec cette histoire.
Ne craignez-vous pas des divisions
au sein de la Mugefci après les élections ?
Nous
ne pouvons pas présager de ce qui peut arriver. Notre souhait, c’est qu’il n’y
ait pas de division. Il y a 300.000 fonctionnaires concernés par la Mugefci. Nous
appelons tous les fonctionnaires qui nous ont vus nous battre pour eux, à
sortir le dimanche 24 septembre prochain pour voter massivement la liste union-solidarité-
espoir.
Réalisée
par Raphaël Tanoh
Leg :
Gnagna Zady appelle ses camarades à lutter dans la discipline.
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