« IL FAUT LES ACCOMPAGNER DIGNEMENT, PLUTOT QUE DE LEUR FAIRE DES FUNERAILLES DIGNES »,Suzanne Mentenon, présidente-fondatrice de l’Ong Save the Olders






Dans cet entretien, le responsable de Save the Olders plaide pour ces #personnes âgées#.

Comment vous est-il venu l’idée de créer un centre pour #retraités#?
Depuis toute petite, c’est quelque chose qui me passionne : aider les personnes âgées. Je n’ai jamais eu d’amis de mon âge. Ça été toujours des personnes âgées. Et puis, je me suis prise d’affection pour cette tranche d’âges très vulnérable, parfois plus vulnérable que des enfants. Parce que les parents comprennent en général le langage des enfants. Mais les personnes âgées, elles, sont renfermées. Et les gens ne prennent pas la peine de les connaître, de les écouter. Et du fait de leur âge, elles ne peuvent pas revendiquer, non plus, ou se plaindre. J’ai donc décidé d’être le porte-voix de ces personnes.

Comment avez-vous acquis ce local ?
Ce local, c’est la maison familiale. Au lieu de louer une maison, ma mère, de son vivant, a préféré que je vienne m’installer ici.

Combien d’adhérents avez-vous?
Nous sommes à 208 adhésions. Nous avons des gens qui viennent de Dabou, de Ferkessedougou, d’un peu partout. Nous souhaitons installer à l’avenir une représentation de Save the Olders partout où il y a des personnes âgées à aider. Nous demandons pour cela aux maires de nous aider.

La capacité du centre suffit-elle à faire face à la demande ?
Avec les objectifs, bien sûr que ce sera insuffisant au fur et à mesure. La terrasse, le jardin, le salon permettent pour l’instant d’organiser des rencontres.

A partir de quel âge prenez-vous les personnes en charge ?
A partir de 60 ans. Il faut être une personne âgées, quelle que soit sa couche sociale. Au départ, c’était purement une aide. Certains se sont réunis et on proposé de payer au moins un droit d’adhésion de 2.000 FCfa. Ils ont pour cela des badges. Mais c’est vraiment insignifiant. Parce que l’eau, le courant, l’assistance, les bénévoles qui nous donnent des coups de mains, coûtent plus que cela. Une Française est notamment venue ici nous soutenir.

Quels sont les activités du centre ?
Nous œuvrons pour l’épanouissement et le bien-être des personnes âgées. Nous donnons des conférences, des repas communautaires. Lors du repas communautaire, nous demandons à chacun de faire le repas de sa région. Et il vient avec cela ici, vêtu de la tenue de chez lui. Puis nous invitons les jeunes pour qu’ils viennent voir, vivre cela. C’est une activité intergénérationnelle. Les jeunes peuvent demander par exemple, ‘‘papa comment vous draguiez à votre temps ?’’ Nous faisons aussi des sorties détentes. Ils en ont besoin. Nous faisons des séances de prise de parole.  Il y a des pensionnaires qui sont maltraités par leurs proches, qui sont traités de sorciers. Le faite d’en parler les aide.


La plupart des pensionnaires sont-ils malades...
Oui, ils sont tous malades. J’essaye de les aider autant que je peux. Pour les cas extrêmes, en général, nous faisons de demandes d’aides. 

Comment faites-vous pour faire face aux charges ?
Je suis croyante. C’est peut-être ce qui me permet d’aider ces personnes âgées. Nous n’avons pas les moyens. Aujourd’hui, le centre n’est pas à même de faire opérer quelqu’un. Une hernie discale qui fait 5 millions F. Nous lançons un appel aux âmes généreuses. Il y a des personnes âgées très démunies. Pendant que d’autres ont des sacs de riz chez eux. Ici, certains peuvent passer une journée sans manger. Et pour la plupart, ce sont des personnes malades qui doivent prendre des médicaments. D’autres ont des pensions de 28.000 FCfa, avec des charges. Que voulez-vous qu’ils fassent ? Quelques-uns ne sont pas déclarés à la Cnps ou à la Cgrae. Et ceux qui ont des assurances de la Mugefci n’arrivent pas parfois à payer les médicaments. Ils sont obligés de se tourner vers les médicaments de la rue. Quand j’essaye de les en dissuader, ils répondent qu’ils n’ont pas le choix. C’est cela ou mourir. D’autres viennent me voir parce qu’il n’y a rien à manger à la maison. J’essaye de faire quelque chose. Mais c’est ponctuel. Du vivant de maman, elle offrait à manger tous les matins. Certains n’ont pas de pension, ils n’arrivent pas à manger. Nous avons quelques livres qui ne suffisent pas. Ils aiment lire, ils aiment les documentaires. Certains ont des vêtements, qu’ils nous en donnent. D’autres ont des ouvrages scolaire, ou même des livres. Ces personnes en ont besoin. Ils ont besoin de ce type d’actions. Ailleurs, ces aides existent pour les personnes âgées. Pourquoi pas ici ? On parle d’émergence, mais l’émergence se voit à travers ce genre de choses. La Côte d’Ivoire ne peut pas être en marge de cela. Ce centre, je ne le fait pas pour moi. Du vivant de mes parents, ils se battaient à mes côtés. Mais aujourd’hui, ils ne sont plus là. Je continue à me battre malgré tout. Je me bats pour eux, pour ces personnes du troisième âge. Je dis qu’il vaut mieux les accompagner dignement plutôt que de leur faire des funérailles dignes.

Comment faites-vous pour supporter tout ce poids ?
Je dois vous confesser que des fois, je me réveille en sursaut. Il y a tellement de problèmes à gérer. Mais j’essaye de les contenter quand je le peux. Le plus souvent, ils n’ont pas besoin de grand-chose. Ce matin, par exemple, une maman est venue me voir (G. Jacqueline). Certains ont juste envie de parler. Parfois, il arrive qu’on les réfère à un imam ou à un pasteur pour prier pour eux. Certains vivent dans des conditions d’insalubrité inconcevables. Il y a dans nos bases de données des personnes qui ne peuvent pas se déplacer. D’autres souffrent de diabète, mais n’ont aucun moyen de se soigner. Sans oublier les AVC. Il faut qu’on se penche sur ces cas. Il est pourtant dit que ce sont les vieilles marmites qui font de bonne sauce. Mais en réalité, la marmite ne cuisine pas, c’est de la personne âgées qu’il s’agit. Dans les pays asiatiques, on a compris cela. On intègre les personnes âgées dans le développement. Faisons-le ici.

Réalisée par Raphaël Tanoh
tag: #Suzanne Mentenon#,  #Save the Olders #, #retraite#, #galère#, #pension# 


Leg : La présidente de Save the Olders, demande l’aide des personnes de bonne volonté. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

GÉNÉRAL GONDO: « LE JOUR OÙ ON A RACONTÉ À HOUPHOUËT QUE J'AVAIS VOLÉ LA COCAÏNE»

VISA: UNE STRUCTURE ARNAQUE DES CENTAINES D'IVOIRIENS

"DES SANCTIONS CONTRE LES MÉDECINS DANS LES CLINIQUES PRIVEES": Dr Edi Ossohou Albert, directeur de la #médecine hospitalière# et de proximité au #ministère de la Santé# et de l’hygiène publique