Axe ,Adzopé-Abengourou: L'ENFER!
Longue de 214 kilomètres et bordée de l’un des meilleurs paysages du pays, la voie Abidjan-Abengourou n’a pourtant jamais été autant haïe par les automobilistes. #Reportage# sur un tronçon qui fait grincer des dents.
En route pour Abengourou, ce vendredi 14 juin, la calandre notre véhicule vit des misères depuis quelques heures. Tous les cent mètres, elle racle bruyamment l’asphalte. Malgré la vigilance du chauffeur, pourtant chevronné et habitué de ce chemin, le véhicule s’enfonce par endroit et les amortisseurs sont sur le point de craquer. Difficile d’éviter ces trous présents à perte de vue sur la voie. On se croirait face à un acte de sabotage. Mais personne n’a saboté le tronçon Adzopé-Abengourou, long de 76 kilomètres. Il s’est progressivement dégradé au nez et à la barbe de tous. Pour le voyageur qui vient d’Abidjan, les 134 premiers kilomètres se parcourent sans difficulté. Les ennuis commencent lorsque la plaque, d’ « au revoir » fixée à la sortie d’Azopé vous sourit. Peut-être une ironie ! Parce que le trajet de 76 kilomètres pour atteindre Abengourou est tout sauf une route. Fissures, bitume dégarni, nids-de-poule, crevasses... Autant de désagréments qui viennent gâcher le voyage et empêchent d’admirer ces magnifiques plantations d’hévéa, de café et de cacao défilant à gauche et à droite de la voie. Le dernier segment de route, une soixantaine de kilomètres, est le plus abominable. Nous passons environ 2h à la parcourir. De nombreux chauffeurs de camions quittant Abengourou préfèrent attendre que le jour se lève pour emprunter le chemin d’Adzopé. Personne ne veut prendre le risque d’affronter cette route pendant la nuit.
La souffrance des voyageurs
Ces entraves à la circulation étouffent l’activité économique. « Nous passons 5h à 6h sur le tronçon Abidjan-Abengourou au lieu de 2h30 », se plaint Drissa Sylla, chef de gare du Groupement des transporteurs de l’Indenié (Gti). Après chaque voyage, ses véhicules doivent rentrer au garage pour la réparation des dégâts. « Cette situation est un danger pour les compagnies ici. Nous avions prévu acheter de nouveaux cars, mais à cause de l’état de la route, l’idée a été abandonnée », poursuit Drissa. Pourtant, le prix du ticket de voyage est resté le même : 3.500 Fcfa, Abengourou-Abidjan. Certes, il est le premier à en pâtir, mais le secteur du transport est loin d’être le seul touché. A cause du mauvais état de la route, la clientèle s’est réduite comme peau de chagrin dans les hôtelleries. « C’est le temps qu’on met pour parcourir le trajet qui a découragé les gens. Nos anciens clients ne viennent plus faire des séminaires à Abengourou comme avant. Ils préfèrent s’arrêter à Agboville, ou Adzopé. Notre chiffre d’affaire a donc baissé ». Ce sont là, les lamentations de Fabrice Young, directeur général adjoint de l’Hôtel le Royaume, le complexe le plus imposant de la ville. Les autorités locales ? Elles ont été saisies du problème, selon Drissa Sylla. « La préfecture nous a envoyé vers le conseil général qui a indexé la mairie à son tour. Mais pour la maire, c’est au gouvernement de s’occuper de l’état de la route », explique-t-il. A entendre M. Young, la situation pourrait perdurer. « Les autorités ne s’intéressent pas au problème. Ils ont pratiquement tous des 4x4 ». A l’Agence de gestion des routes (Ageroute) l’on jure que le problème est au cœur des préoccupations.
Raphaël Tanoh
Leg : L’Ageroute promet la fin du calvaire d’ici à la fin de l’année.
Encadré :
L’Ageroute : « Les travaux débutent en octobre »
« D’ici la fin du mois de juin, l’appel d’offres sera lancé. Et d’ici octobre à novembre, les travaux vont débuter sur le trajet Adzopé-Abengourou », promet un responsable de l’Agence de gestion des routes (Ageroute). Ce technicien qui a requis l’anonymat tient à rassurer la population qu’elle ne souffrira pas longtemps des désagréments relevés plus haut. « Les travaux sont prévus depuis longtemps. Les études ont été financées par l’Union Européenne », indique-t-il. Toutefois, le cas Abengourou n’est que la face visible de l’Iceberg. La plupart des voies qui relient Abidjan au reste du pays sont dans un piteux état. Parmi elles, l’axe Abidjan-Fresco, 227 kilomètres dont Nord-sud a parlé dans l’une de ses parutions de février 2013. Malheureusement, rien n’a encore été décidé pour y faire face, selon notre source.
RT
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