Années d'expérience, stage difficle: LES DEMANDEURS D'EMPLOI# BLOQUES AUX PORTES DES ENTREPRISES







On le sait, trouver un travail en Côte d’Ivoire n’est pas chose facile. Mais pour les étudiants qui viennent de finir leur formation, la tâche est encore plus ardue car il faut jouir d’un certain nombre d’années d’expériences qu’ils n’ont pas. Comment vivent-ils cet épineux problème. Enquête.





Les jours passent et se ressemblent pour Assi Pierre Jérôme. Flanqué d’un Bts en gestion commerciale, il cherche du boulot depuis maintenant trois ans. « A chaque fois, dans le profil demandé, on exige un certain nombre d’années d’expérience. J’étais avec quelques amis qui ont fini par se trouver un emploi parce qu’ils avaient presque tous travaillé quelques temps dans une structure. Ce qui n’est pas le cas pour moi», explique le jeune homme avec un soupir de déception. Ne voulant pas se laisser abattre, Jérôme tente des stages dans divers entreprises. Mais le sort semble de dresser contre lui. Ses demandes sont rejetées aussi vite qu’elles arrivent. Aujourd’hui, le garçon a presque usé les semelles de ses chaussures à force de racler le sol pour déposer ses curriculum vitae (cv). « Je prends de l’âge et je suis même en train d’oublier mes connaissances acquise à l’école », pleure-t-il. Qui pour le consoler ? Charles Wognin, lui ne pleure pas. Il fait partie de ceux que les ivoiriens qualifient de « grouilleurs » dans leur jargon. Détenteur d’une maitrise en droit, ce battant devenu gérant de cabine et ouvrier à ses temps perdus, connaît la musique. «Depuis 2005 je suis en quête d’emploi, indique-t-il. J’ai déposé mes dossiers dans plusieurs cabinets d’avocats. Malheureusement ils m’ont toujours exigé au moins six mois d’expérience. Lassé, je me suis limité parfois à des demandes de stage. Mais craignant devoir me payer quelque chose, les structures refusent ma demande», explique celui qui a obtenu son diplôme à l’université Félix Houphouët Boigny (F.H.B). Soucieux d’étoffer son cv, Wognin est allé jusqu’à proposer un stage sans rémunération. Ce fut peine perdue. « Ils avaient peur de la loi, et n’ont pas accepté ». A l’image de ces deux chômeurs, ce sont des milliers, voire des millions de diplômés qui butent chaque jour aux portes des entreprises faute d’expérience. A qui la faute ? Aux entreprises, aux diplômés eux-mêmes ou aux établissements qui les forment ? Difficile d’y répondre. « Dans n’importe qu’elle entreprise, vous ne pouvez occuper un poste de responsabilité sans un certain nombre d’années d’expériences », note Kouamé Kouassi, vice-président de l’Association des professionnels des ressources humaines de Côte d’Ivoire (Aprhci) qui est au parfum du phénomène. Mais en tenant compte du cas du jeune de Wognin qui ne visait que des postes mineurs, le professionnel relativise. « Il y a aussi l’impératif de profit qui est là. Personne ne veut dépenser pour la formation d’un novice», explique-t-il. Avant d’indexer les établissements. « Très souvent, ajoute-t-il, les entreprises se méfient des diplômes issus de certains établissements ». Pour Sidibé Pasta fondateur du groupe Cestia 2Ep, le problème ne se situe pas à ce niveau. « Toute école sérieu
se doit signer deux contrats. Un contrat pédagogique et un contrat moral, explique-t-il. Dans le contrat moral, il s’agit de trouver du stage pour les étudiants ». M. Sidibé a instauré cette philosophie dans son établissement. Il a même mis sur pied un cabinet de placement pour permettre à ses étudiants de trouver des stages. Mais ce n’est pas gagné pour autant. « Dans les années 1994, cette culture de l’entreprise était encrée dans les établissements supérieurs. Mais depuis 1999 avec la crise, les entreprises ont commencé à avoir des problèmes. Et c’est difficile aujourd’hui de trouver des stages pour les étudiants », note Pasta Sidibé. Il regrette un autre phénomène : la réduction de la fiscalité pour les entreprises qui acceptaient de prendre des stagiaires. Il faut, dit-il, que le ministère de l’Emploi instaure cela. Mais du côté de ce département, on assure que cette mesure court toujours. Une source proche de Dosso Moussa, ministre de l’Emploi, des affaires sociales et de la formation professionnelle, indique que ce problème est l’une de ses préoccupations majeures. Après avoir mené plusieurs réflexions pour l’adéquation formation-emploi, le ministre à exhorté l’Agence d’étude et de promotion de l’emploi (Agepe) à monter au créneau. La structure noue des partenariats avec les entreprises pour pouvoir placer les chômeurs inscrits sur ses bases de données. Parmi ces partenariats, celle nouée avec la Fédération ivoirienne des Pme (Fipme). Dans cette convention, les Pme affiliées à la Fipme s’engagent à recevoir des demandeurs d’emploi pour leur permettre d’acquérir de l’expérience. Et il n’est pas exclu que des stagiaires soient embauchés. Mais au-delà de tout, une bien triste réalité plombe les efforts de tout un chacun: la crise. Mais l’économie se relève peu à peu. Avec le retour des investisseurs, il faut espérer que Jérôme et Wognin parvienne à tirer leur épingle du jeu.

Raphaël Tanoh

Leg : Les étudiants fraichement sortis des écoles sont les plus touché par ce problème.



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