"LES FRAIS ANNEXES N'EXISTENT PAS" Kouadio Kouadio, Inspecteur général, Directeur de l'animation, de la promotion et du suivi des Coges







L’inspecteur général Kouadio Kouamé, est le directeur de l’animation, de la promotion et du suivi des Comités de gestion des établissements scolaires. Il



aborde la question des frais annexes et de la gratuité de l’école.





L’actualité a été marquée en début d’année par des troubles liés aux frais annexes dans les établissements scolaires. Peut-on savoir ce que c’est qu’un frais annexes ?

Ce n’est pas à moi de définir ce terme qui n’existe pas dans nos textes. Le Coges, c’est l’instance que l’Etat a mise en place afin d’aider à un meilleur fonctionnement de l’Ecole.



Selon notre constat, il s’agit de frais anarchiques demandés  aux parents d’élèves  après les inscriptions.

A vous entendre, vous attendez une harmonisation des frais des Coges. Mais on ne peut pas harmoniser les frais d’un établissement à un autre, puisqu’ils n’ont pas tous les mêmes problèmes. Il faut que les gens retiennent cela une bonne fois pour tous. Cela dit, la disposition de l’article 3 des textes des Coges stipule que c’est l’assemblée générale qui fixe le montant des cotisations. On ne peut pas galvauder l’activité des Coges, en traitant leurs levées de fonds de frais annexes. J’ai lu quelque part que le carnet de correspondance, le badge de l’école font partie des soi-disant frais annexes, ce qui est tout à fait incompréhensible.  Parce que ce sont des documents que nous avons toujours eus au ministère de l’Education nationale. Ce qu’un établissement juge indispensable, on ne peut pas l’appeler frais annexes. De plus, toutes les cotisations du Coges font l’objet d’une assemblée générale au cours de laquelle les parents sont censés être présents. Dans un établissement, si le Coges lève un fonds, la première question que vous devez vous poser, c’est : est-ce que cela a fait l’objet d’une assemblée générale. Si c’est le cas, alors Mme la ministre de l’Education nationale n’a rien à voir là-dedans. C’est une décision des parents



Est-il normal que  le parent cotise pour les besoins de l’école ?



Dans le primaire, l’inscription est gratuite. Dans le secondaire, elle est à 5 000 F plus 1000 F pour la carte d’identité. En dehors de cela, l’école peut estimer qu’elle a des préoccupations. L’Etat fait déjà assez pour l’éducation de nos enfants. C’est 4 milliards de F que les communautés mobilisent chaque année pour accompagner l’Etat, en appuie à la pédagogie, au payement des heures supplémentaires, etc.



Les heures supplémentaires ?



Quand on affecte les enseignants dans les écoles et qu’il n’y en a plus pour les autres établissements, le manque à gagner est supporté par la communauté. Et dans les règles de l’administration scolaire, ce sont des frais qui font l’objet de cotisations exceptionnelles, consignées dans les textes, les décrets et arrêtés.  Ce sont des textes qui sont signés par le chef de l’Etat et  disponibles pour ceux qui veulent les consulter. Donc, il n’y a pas au sein des Coges une distorsion. Les assemblées générales sont présidées par les maires et conseils régionaux. A chaque rentrée, on revient là-dessus, et on a le sentiment que c’est réglé. Ce que je demande aux parents, c’est que chacun joue son rôle. S’il n’est pas venu à l’assemblée générale et qu’il y a une levée de cotisation, qu’il ne vienne pas se plaindre. L’école n’est pas un lieu d’amusement.



Peut-on lever n’importe quel montant à l’assemblée générale des Coges ?



Oui. Ces montants sont validés par l’inspecteur de l’enseignement primaire ou le directeur régional pour les lycées et collèges.  Les activités des Coges sont toujours sous contrôle. Si dans une école, on doit prendre un bénévole par manque d’enseignants, les gens lèvent les cotisations à la hauteur de leurs besoins. Et cela est fait chaque année.



A quel moment peut-on dire que telle tâche est déléguée aux Coges et telle autre à l’Etat ?

Si la toiture de la cantine de l’école part en vrille pendant une tornade,  c’est à l’Etat normalement de la réparer. Mais si la communauté estime que c’est leur cantine et qu’il faut en prendre soins, alors le Coges peut s’en charger. L’Etat  construit des écoles, les équipe en tables-bancs. Mais ces sièges sont  maltraités et mis hors service. Allez-vous demander encore à l’Etat d’envoyer des tables-bancs dans cette école ?



Pourquoi pas…

La loi relative à l’enseignement dit que la gratuité de l’école est dévolue à tous les enfants de Côte d’Ivoire, sauf les fournitures scolaires, les manuels, les prestations sociales. A la réunion de rentrée, on a vu que plusieurs milliards ont été mobilisés en appui aux parents, afin de les soulager. Mais après cela, il faut participer à l’effort de l’Etat. Et cela a toujours existé en Côte d’Ivoire, parce que c’est un besoin social. Donc, il faut arrêter de mentir aux Ivoiriens. Il faut éviter d’enflammer le front social à chaque rentrée scolaire. Quand les gens parlent en général de frais annexes, ce n’est pas une question d’argent, ils veulent simplement savoir comment les fonds sont utilisés



Avez-vous un regard justement sur l’utilisation de ces fonds ?

Il y a des organes de contrôle au sein des Coges. Le premier organe de contrôle c’est l’assemblée générale. Il y en a trois dans l’année. Donc, les premiers contrôleurs, ce sont les parents.



Mais ils ne viennent pas aux assemblées générales….

Et à qui la faute? C’est pour cela que la ministre parle de civisme et d’engagement de tous. Les Ivoiriens doivent faire preuve de civisme. Un parent qui ne va pas voir ce qui se passe dans l’école de son enfant, c’est de l’incivisme. Ne me demandez pas d’aller contrôler 17 000 écoles sur toute l’étendue du territoire. Mais malgré cela, nous initions des contrôles, et je peux vous dire que c’est la catastrophe. Le fonctionnement des Coges laisse à désirer. Les parents ne viennent pas aux assemblées générales, comme vous l’avez indiqué ou très souvent, on ne tient pas d’assemblée générale.  



y a-t-il des sanctions contre les Coges, en cas de mauvaise gestion ?

Bien sûr, des sanctions sont prévues. Récemment, le responsable du Coges d’une école à Koumassi a été trainé devant la justice. Tout parent d’élève peut ester le président du Coges en justice s’il découvre une mauvaise gestion.





Ne croyez-vous pas qu’il y a un amalgame dans l’expression gratuité de l’école. Certains parents prennent cela au pied de la lettre.

C’est la mauvaise foi. Les parents ne vont pas à l’information et quand ils comprennent comment les choses fonctionnement, c’est trop tard. Ecoutez, là où on éduque ton enfant, si tu n’es au courant de rien, alors ne t’attends à rien. Qui peut dire que là où il a fréquenté, l’école était gratuite ? Il faut que les parents sachent qu’on ne peut plus faire l’école sans eux. Dans la politique de l’école obligatoire, l’Etat seul ne peut pas tout faire. Il continuera de jouer son rôle. Chaque année, des milliers d’enseignants sont recrutés, des écoles sont construites. Mais ça ne suffit pas. 43% du Budget est consacré à l’éducation nationale. 95% du budget de ce ministère est utilisé pour payer les salaires. Il ne reste que 5% pour le fonctionnement de l’école. Il faut payer le matériel de base. On prend cela où ? L’Etat est conscient qu’il ne peut pas prendre seul l’Education des enfants en charge. Pourquoi voulez-vous qu’on forme l’avenir du pays au rabais ? Au baccalauréat, nous n’avons pas encore franchi les taux de réussite de 50%, malgré les progressions. Une école de qualité c’est 80% au bac. Il faut que les parents prennent conscience que si l’enfant est chez lui à la maison, il va aller aux toilettes. Donc quand il est à l’école, il le fera. Et cela a un coût. Et ce coût doit être supporté par les parents. C’est normal. C’est le manque à gagner que l’Etat  ne peut pas supporter qui est imputé aux parents. Et c’est ce que les gens appellent frais annexes.



Ne faut-il pas expliquer clairement aux parents que l’école n’est pas gratuite et qu’il faut payer?

Qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? Mais j’ai bon espoir. Nous allons continuer à sensibiliser. Si les Coges ne fonctionnent pas bien, c’est la faute aux directeurs d’école et chefs d’établissements. Ils sont vice-présidents pendant les assemblées générales des Coges.  Il faut un Ivoirien nouveau, il faut changer de mentalité. Qu’on arrête de mentir.



Interview réalisée par Raphaël Tanoh

Leg : L’Inspecteur général Kouadio Kouamé demande l’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants.

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