Boulevard Nangui Abrogoua: LE DESORDRE EST REVENU!
Bien malin celui
qui réussira à assainir le boulevard Nangui Abrogoua ! L’expérience a été
tentée en 2012 par le commandant Koné Zakaria puis en février 2014 par la
police municipale d’Adjamé. Mais cette voie longue d’à peine un kilomètre a été
à chaque fois recolonisée aussitôt par la horde de commerçants qui la squattent
tous les jours. Ce lundi, par exemple, difficile d’imaginer que début février
2014, on pouvait presque apercevoir un homme à l’autre bout de la route et lui
faire des signes de la main, tellement le déguerpissement semblaient cette
fois-ci une réalité. Les hommes du
lieutenant Diaby Kassim qui se chargeaient de nettoyer les lieux,
matraques à la main et gonflés à bloc par les harangues de leur chef, étaient à
deux doigts de réussir un gros coup. Hélas ! Les commerçants les ont eus à
l’usure. Aujourd’hui, quand on voit le boulevard Nangui Abgrogoua fourmillant
d’hommes, de femmes et d’enfants qui luttent la chaussée au même titre que les
véhicules, on ne peut que soupirer et se consoler de cette façon : Après
tout, les choses n’ont fait que revenir…à la normale. Un « désordre
normal » qui vient à bout de tout. Pourquoi, malgré tant d’efforts, ce
célèbre boulevard reste soumis à l’anarchie ? « Vous n’avez qu’à
questionner les commerçants, vous comprendrez », périphrase Soumahoro
Farikou, président de la
Fédération nationale des commerçants
de Côte d`Ivoire (Fenacci) et ex-adjoint au maire de la commune, Youssouf
Sylla. Le sous-entendu a un nom : les taxes communales. Pourquoi chasser quelqu’un quand on peut le
traire au maximum? Les commerçants payent des sommes allant de 100 F à des
milliers de FCfa par jour à la municipalité. Mais cette explication serait
beaucoup trop simple pour expliquer à elle le désordre sur le boulevard.
« Nous avons eu de nombreuses réunions, mairie et municipalité sur la
possibilité de caser les commerçants », ajoute M. Soumahoro. Leur trouver
des box aux abords de la route était pour le président de la Fenacci le seul moyen
de les dégager de la chaussée qu’ils occupent. Mais l’idée n’a pas trouvé de
suite favorable auprès de la mairie. « Où voulez-vous qu’on construise des
box sur le boulevard Nangui Abrogoua ? Dites-le moi ! Il y a déjà des
magasins en location », réplique un membre du service technique de la
mairie. Adjamé fait 280.000 habitants la nuit et environ 2 millions le jour,
selon la municipalité. Plus de 1,2 million de visiteurs dans la journée ! La
plupart sont des commerçants. Quelle infrastructure pour accueillir cette masse
déferlante ? Quand surtout, pour Soumahoro Farikou, il serait inutile de
parler du Forum des marchés où les étages supérieurs, abandonnés, sont devenus
le lieu de prédilection des drogués, prostituées et « bakôrôman »
(personnes qui dorment sur les étales des commerçants). « Les commerçants
ne veulent pas louer ces box parce qu’ils sont situés en hauteur »,
explique-t-il. Aucun client n’aime monter de longues marches pour acheter une
marchandise quelle qu’elle soit. Autant de blocage qui rend l’assainissement du
boulevard difficile. De toute façon, au début de l’opération de
déguerpissement, le lieutenant Diaby Kassim avait
confié tout son scepticisme à l’égard de cette route, après le retrait des
éléments du Centre de commandement des décisions opérationnelles (Ccdo) et de
la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) qui leur prêtait main forte. Ses
hommes faisaient régulièrement l’objet d’agression de la part des commerçants,
ils n’avaient pas de véhicules pour patrouiller l’endroit. Et surtout, le
rapport de nombre était très largement en leur défaveur. C’était donc une
guerre perdue d’avance !
Raphaël Tanoh
tag: #Boulevard Nangui Abrogoua#, #DESORDRE#
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