« Les pré-collecteurs d’ordures doivent être payés» : Douali Barthe Armel
Dans
cet entretien, Barthe Armel, président de la Fédération des pré-collecteurs et
prestataires de services urbains de Côte d’Ivoire revient sur leurs difficultés.
Comment
se déroule votre collaboration avec le nouvel opérateur désigné pour la gestion
des ordures en Côte d’Ivoire ?
Nous avons signé des contrats avec une structure de
collecte d’ordure à Cocody. C’est avec elle que nous travaillons depuis. Mais
il faut dire que la situation n’est pas reluisante. Nous enregistrons pour
l’heure des arriérés. Cela fait 9 mois que nous ne sommes pas payés.
A
quoi cela est-il dû ?
L’opérateur n’a simplement pas tenu parole. Nous
n’avons été payés que lors du premier mois de service. Selon ses explications,
nous n’avons pas pré-collecté le volume d’ordures qu’il souhaitait. Or, il n’a
jamais été question dans le contrat de respecter un certain volume d’ordures.
On nous parle de 16 650 tonnes. Il n’a jamais été question de cela.
Combien
vous doit-on aujourd’hui ?
L’opérateur doit nous payer à hauteur de 10 millions
FCFA par mois. Ce qui fait donc des arriérés de 90 millions de FCFA.
Combien
de pré-collecteurs êtes-vous à travailler à Cocody ?
Nous sommes autour de 1200 pré-collecteurs. Et nous
avons déjà informé les autorités ainsi que l'Agence nationale de gestion des
déchets (Anaged) de la situation. Cela ne peut plus durer.
Envisagez-vous
des actions ?
Oui, nous allons faire grève, si rien n’est fait.
Nous allons cesser de pré-collecter les ordures dans la commune de Cocody. La
structure qui nous engage a sous-traité avec l’opérateur charge de la gestion
des déchets ménagers. Nous savons que l’Etat verse la redevance aux structures,
alors il faut que les structures nous payent à leur tour.
Pourquoi l'Agence
nationale de gestion des déchets ne travaille pas directement avec la
Fédération des pré-collecteurs et prestataires de service
urbain de Côte d’Ivoire ?
La seule fois que nous avons pu échanger avec l’Anaged,
elle a dit obtenir le marcher de l’Etat de Côte d’Ivoire avec un
cahier de charge bien définit et que nous n’y figurons pas. Elle nous a donc
orienté vers l’Etat de Côte d’Ivoire pour qu’il redéfinisse les choses.
Mais
les ménages continuent de vous payer, ce qui ne devait pas être le cas.
Ce ne sera plus aux ménages de nous rémunérer si
nous parvenons à nous faire payer correctement pas les structures avec qui nous
sous-traitons.
Comment
êtes-vous rémunéré par les ménages ?
Nous avions des contrats privés avec les ménages, et
nous étions rémunéré mensuellement. Nous avions aussi des contrats avec des
mairies. L’Etat a décidé que les ménages ne payent plus nos services. Nous
attendons donc qu’il s’en occupe maintenant.
Comment
voyez-vous l’avenir des pré-collecteurs en Côte d’Ivoire ?
Le métier de pré-collecteur, est un métier très
noble. Nous nous sommes engagés à aller vers les ménages afin de collecter les
ordures. Nous avons contribué ainsi à
lutter contre l’insalubrité en Côte d’Ivoire. Le nouvel opérateur lui, ne vas
pas vers les ménages, il ne s’occupe que des grands axes. Qui viendra prendre
les ordures dans les ménages ? La
population n’est pas habituée. C’est nous qui pouvons aller vers les ménages. Nous
sommes une société privée.
Est-ce
que l’Etat de Côte d’Ivoire vous reconnais en tant que société de ramassage
d’ordure ?
La fédération des pré-collecteurs et prestataires de
service urbain de Côte d’Ivoire est née depuis 1989, avec 6000 adhérents. C’est
une société privée qui compte 13 entreprises, dont une entreprise par
commune. Cela fait 29 ans d’expérience.
C’est dix ans après qu’on a décidé de se fédérer pour mieux défendre nos
droits. Nous ne sommes pas une entreprise fictive, Nous
sommes reconnus par l’Etat. On a même été formé par la ministre Anne Ouloto
pendant 1 ans 6 mois.
Entretien
réalisé en 2020 par Raphaël Tanoh
Commentaires
Enregistrer un commentaire