Dr Cisse Losseni (commissaire du hadj): "NOUS AVONS EU LA MEILLEURE ORGANISATION AFRICAINE"
Fraîchement revenu de la Terre sainte,
le commissaire du hadj s’est empressé d’aller visiter les nouveaux locaux du commissariat à Cocody.
C’est dans son grand bureau aux murs immaculés qu’il a accepté de faire le
bilan du hadj 2012.
Les pèlerins ont salué la réussite de ce
hadj. Ce qui ne semblait pas évident au début. Car, on a assisté à plusieurs
manifestations de mécontentement sur l’organisation de départ. A quoi
attribuez-vous ce succès?
Je
dois d’abord dire que je rends gloire à Dieu qui donne le succès. Mais il faut
surtout reconnaître que les autorités du pays, à travers le président de la
République et le ministre de l’Intérieur, n’ont pas lésiné sur les moyens pour
nous permettre de travailler. Ils nous ont donné des directives claires que
nous avons essayé de respecter à la lettre. Je n’oublie pas nos collaborateurs
et tous les encadreurs. Si nous avons réussi, c’est aussi grâce à eux. Il y a
également le Cheik Boikary Fofana qui est le guide spirituel de tous les
musulmans de Côte d’Ivoire.
L’encadrement était-il particulier cette
année ?
Nous
avons pris un encadrement de proximité: 48 pèlerins pour un encadreur
religieux. Et en suivant la pyramide, il y a les responsables de vol aussi qui
ont fait du bon boulot. Chaque vol avait un responsable. C’est l’une de nos
innovations. Ces responsables de vol ont joué leur rôle de leader. Les guides
religieux ont également joué le leur. On peut donc dire que cette année, les
encadreurs sont partis rien que pour encadrer les pèlerins.
Pas pour faire des affaires ?
Non.
Grâce à l’encadrement de proximité, dès que les pèlerins finissaient leur
rituel, en très peu de temps, ils étaient pris en charge et évacués sur leurs
hôtels. Cela nous a valu le satisfecit
et les félicitations du Mohassassad, c'est-à-dire les autorités qui gèrent le
transport en Arabie Saoudite. Ils nous ont dit qu’aucun pays africain n’a
autant réussi le hadj que nous.
Vous voulez dire que les organisateurs
ivoiriens du hadj ont été les meilleurs
cette année, en Afrique ?
Oui.
Les Saoudiens nous ont même comparé à l’Indonésie qui excelle dans ce domaine.
Il faut dire que les pèlerins ne se sont pas plaints ni de la nourriture, ni du
logement, ni du transport. Et je le dis avec fierté, ils ont été des bons
ambassadeurs de la Côte d’Ivoire. Mais il est clair qu’aucune œuvre humaine
n’est parfaite. J’en profite donc pour présenter nos excuses aux pèlerins et à
leurs parents, s’ils ont constaté des désagréments qui nous ont échappé.
En même temps, c’est un poids pour la
Côte d’Ivoire qui est amenée à maintenir cette qualité.
En
tout cas, au niveau du commissariat, nous ferons tout pour rester au minimum
dans la qualité d’organisation du hadj 2012. Je souhaite que cette année soit
prise en exemple, et que les pèlerins des éditions à venir soient davantage
disciplinés. Qu’ils commencent à se former tôt. Parce que le pèlerin qui est
formé est un pèlerin spirituel.
Qu’est-ce qui a fait la différence,
selon vous ?
Nous
avons logé dans presque les mêmes hôtels que l’année dernière. Mais c’était
assez amélioré en matière de réception et de mode de vie. Les années passées,
nous avons eu des hôtels où il y avait par exemple 17 personnes dans une même
chambre. Cette année, les pèlerins étaient huit par chambre. Il y a aussi que
contrairement aux autres années, les encadreurs dormaient avec les pèlerins.
Donc, le vécu du pèlerin était automatiquement répercuté sur l’encadreur qui se
mettait aussitôt à sa disposition. Côté nourriture, il y a eu aussi une
amélioration parce que nos cuisiniers étaient avec les restaurateurs saoudiens
qui préparaient nos mets. La cuisine était donc bien faite et très digeste.
Ce n’était pas le cas les années passées?
Non.
Les Saoudiens refusaient que nos cuisiniers les assistent dans la confection
des plats.
Et côté transport ?
Là,
j’aimerais dire, al hamdoulillah (gloire à Dieu, ndlr). Parce qu’au niveau du
circuit du hadj, la Côte d’Ivoire a été admis au transport fréquentiel.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Dans
le circuit du hadj, on vient vous prendre à La Mecque pour vous conduire à
Mina. Et vous tombez très souvent dans des embouteillages monstres. Mais dans
le transport fréquentiel, c’est un couloir spécial qui est destiné au transport
des pèlerins, comme c’est le cas pour les trajets de bus à Abidjan. Donc, ce
circuit n’est emprunté que par ceux qui sont choisis par les autorités
saoudiennes. Ainsi, les trajets qu’on faisait par le passé en 2 ou 3h, on les a
faits en 15 mn cette année.
Qui a œuvré pour que les pèlerins
ivoiriens soient choisis à ce circuit spécial?
C’est
le bon comportement de nos pèlerins qui a plu aux autorités saoudiennes. Nous
avons bénéficié de ce type de transport entre Mina et Arafat. Cette année, déjà
à 4h du matin, tous les pèlerins ivoiriens étaient convoyés de Mina à Arafat.
Alors que les autres années, c’est à 16h qu’ils arrivaient là-bas. Et au lieu
de se retrouver le lendemain à Mina, comme c’était le cas avant, déjà à 10h, on
y était. C’est une prouesse.
Nous en venons au point névralgique de
cette organisation : l’avion. C’est un seul boeing qui effectuait les
va-et-vient entre la Terre sainte et Abidjan. Vous n’avez pas eu peur que
l’avion vous lâche ?
Quand
il n’y a pas d’avion, il n’y a pas de hadj. Mais nous avons eu un bon partenaire
en la personne d’Air Côte d’Ivoire. Il a mérité la confiance que nous avons
placée en lui. C’est vrai que nous avons eu des frayeurs au retour. D’autant
que jusqu’à présent, il y a des pèlerins
des autres pays qui sont encore bloqués en Arabie Saoudite. Et entre le 7 et le
9 novembre, nous n’avons pas eu de vol. Mais Dieu nous a aidés.
Parlons de ces journées du 7, 8 et 9
novembre. On a cru un moment que Nas
Air, le partenaire saoudien d’Air Côte d’Ivoire, allait lâcher les pèlerins
ivoiriens. Comment s’est fait le coaching ?
Il
faut dire que Air Côte d’Ivoire a mis toutes les bonnes conditions de son côté
pour que Nas Air parviennent à transporter tous nos pèlerins. Et Dieu merci, à
la date 15 novembre, tous les pèlerins ivoiriens étaient à Abidjan.
Avec leurs bagages ?
Oui.
C’est au cours du 12ème vol que des bagages sont restés en Arabie
Saoudite. Environ 26 colis.
Pourquoi ?
Parce
que les pèlerins avaient trop de bagages en main. Et ça été l’un des points
noirs de ce hadj. Nous sommes partis en Terre sainte avec des objectifs bien
précis. D’abord, que les pèlerins soient disciplinés et qu’ils écoutent leurs
encadreurs. Ensuite, qu’à Mina, ils ne fassent pas la lessive de sorte que l’eau
ne vienne pas perturber leur quiétude spirituelle. Tout ceci a été
respecté. Enfin, nous leur avons dit
qu’au retour, ils montent dans l’avion avec leurs bagages de 10 kilos.
Malheureusement, c’est cette dernière consigne qui n’a pas été respectée. Beaucoup
sont venus sur le tarmac avec assez d’affaires. C’est vrai que ces bagages
étaient moins nombreux que les années passées, mais nous n’en voulions
pas.
A vous entendre, vous vouliez une
organisation parfaite.
C’est
exact. Et cette organisation sans faute allait permettre aux pèlerins d’avoir
leurs eaux bénites qui sont finalement restées là-bas. Pendant les onze
premiers vols, Air Côte d’Ivoire a tout fait pour ne pas qu’un seul bagage
reste en Arabie Saoudite. Malheureusement, au 12ème, il y en avait
trop. Mais les jours à venir, ces bagages arriveront à Abidjan.
Avec cette réussite, que prévoyez-vous
pour le hadj 2013 ?
En
matière de hadj, c’est l’anticipation. Le hadj 2012 est fini, mais vive le hadj
édition 2013. En Arabie Saoudite, certains organisateurs ont déjà commencé à
choisir leurs hôtels pour 2013. Il faut aller dans ce sens. Aujourd’hui, le
hadj est géré de façon électronique. Tout se fait par internet. Lors de la
prochaine édition, le pèlerin aura donc une carte électronique qui permettra de
le localiser même s’il s’égare. On n’aura pas besoin de poser un cachet sur son
passeport. Et à partir d’ici, il connaîtra sa chambre.
Interview
réalisée par Raphaël Tanoh
Leg :
Cissé Losseni veut mieux faire l’année prochaine.
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