"COMPTES DES ENSEIGNANTS BLOQUES: NOUS AVONS PORTE PLAINTE CONTRE NOS BANQUIERS" PACOME ATTABY, PORTE-PAROLE DE LA COSEFCI


Pacôme Attaby, porte-parole de la Coalition des syndicats du secteurs éducations/formation de Côte d’Ivoire (Cosef-CI) :

« Nous sommes traqués comme des bêtes »



Objet de toutes les attentions aujourd’hui, la Cosef-CI entame son troisième mois de grève au secondaire et au primaire. La pression au sommet de l’Etat et l’opinion de la population ne semblent pas dissuader Pacôme Attaby, le leader de la coalition.


Après environ deux mois de grève, vous ne faiblissez pas. L’une des trouvailles du gouvernement a été de geler certains comptes. Quel est l’état actuel de la situation ?
Nous disons que c’est le statut quo. Nous n’avons toujours pas été appelés à la table des discussions. Et nos comptes sont toujours gelés.  La ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, a promis à certains de nos camarades que s’ils reprenaient les cours, elle dégèlerait leurs comptes. Mais le nombre de comptes gelés a augmenté. Nous étions à environ 50 000 enseignants concernés par ce gel. Ce chiffre est passé aujourd’hui à environ 65 000.

Qu’est-ce qui explique cette hausse ?
Cela est dû au fait qu’après la première vague de gels des comptes, le gouvernement s’est rendu compte qu’il avait omis certains enseignants. Alors, instruction a été donnée à la Solde de rappeler leurs salaires.

Vous n’avez pas tellement l’air de vous en plaindre. Cette situation est-elle normale ?
Au contraire, c’est une dictature qui ne dit pas son nom. Nous sommes en train de subir une véritable oppression.

Dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, a-t-on déjà gelé des comptes pour cause de grève ?
C’est du jamais vu.  Je peux même dire, sans me tromper, que c’est inédit au monde.

Mais c’est tout de même avec la complicité de la banque que cela arrive. Pourquoi les banques se portent-t-elles complices de tels actes ?
Nous l’ignorons, c’est pour cela que nous avons porté plainte contre nos banquiers.

Depuis près de deux mois, vous vivez sans salaires. Etes-vous préparés à cela ?
C’est Dieu qui nous aide. Geler des comptes bancaires y compris des comptes d’épargnes a pour conséquence le non-paiement des loyers. Les popotes ne peuvent plus être réglées. Les charges minimales de la famille ne sont plus assurées. Beaucoup d’enseignants vivent en ce moment dans le dénuement.

Quel est le but de tout cela ?
L’Etat veut nous affamer pour nous conduire à la mort. L’Enseignant n’ayant pas d’affaires à gérer, il n’a pas d’autres sources de revenus. A côté de cela il faut le dire : nous sommes traqués. Il y a des sbires du pouvoir qui sont actionnés pour traumatisé nos camarades dans certaines villes comme Gadouan (Daloa), Bondoukou, ou Korhogo.

Que voulez-vous dire par sbires du pouvoir ?
Ce sont des individus non identifiés qui traquent nos camarades dans des villes, tout comme cela s’est passé à Bouaké. Nous sommes traqués comme des bêtes. A Lakota, par exemple, ils ont fait irruption dans la maison d’un directeur d’école primaire. Ils l’ont copieusement bastonné, avec sa femme.  Notre représentant local, prénommé Esmel, à Gadouan, a vu les clefs de sa moto être confisquées. Il a dû fuir la localité. En fait, le gouvernement nous traite comme des politiciens, comme des opposants.

Et cela ne vous dissuade pas ?
Au contraire, ce que le gouvernement fait contribue à jeter de l’huile sur le feu. Nous lui avons demandé de poser des actes d’apaisement qui se traduiront par la libération de nos camarades emprisonnés. Ils sont au nombre de 6. Soit 5 à Man et un à Abidjan. Après leur libération, il faut dégeler tous les comptes. Nos autorités peuvent opérer des ponctions sur tous les salaires conformément aux dispositions légales. Mais geler les comptes, ce n’est légal.

Une partie de l’école est embourbée dans cette crise ; les élèves du public commencent à déloger leurs camarades du privé. Comment se fait-il que la ministre Kandia Camara ne vous ait pas encore appelés à la table de discussion ?
Le gouvernement espère l’essoufflement du mouvement. C’est pourquoi il a acheté la confiance de certains camarades leaders.

Des leaders de la Cosef-CI ?
Oui. Et c’est par cet acte-là qu’il compte semer la division dans nos rangs, nous affaiblir.

Cela n’a pas l’air de marcher. Du moins, pour le moment.
Ça ne peut pas marcher parce que ceux qui ont été achetés sont en minorité. C’est nous, la majorité.

Jusqu’où cette situation peut-elle aller ?
Nous l’avons déjà dit : nous sommes prêts, psychologiquement et moralement. Nous sommes préparés à cela et nous irons jusqu’au bout. Il revient aux parents d’élèves de prendre leurs responsabilités. Car, nous sommes sûrs d’une chose : tant que nous n’avons pas gain de cause, nous n’allons pas reculer.

Les parents d’élèves, à travers le Collectif des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (Capeeci) ont déjà entamé une médiation...
Les parent d’élèves nous ont rencontrés, nous avons discuté. Nous avons posé nos conditions. Et nous attendons toujours. A vrai dire, il n’y a que le gouvernement qui campe sur sa position. Il s’est enfermé dans un égo. Aujourd’hui, il faut forcement que son autorité soit respectée par la suspension du mot d’ordre de grève, c’est un préalable pour lui. Alors que nous disons qu’il faut répondre à nos revendications.

Une partie de l’école tend lentement une vers année blanche. A partir de quel moment, cette éventualité deviendra-t-elle réalité ?
Nous savons tous qu’il faut 33 semaines de cours. L’Unesco estime qu’il en faut au moins 25 pour valider l’année scolaire. Or, nous en avons déjà gaspillé 9.


Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes manipulés ?
La preuve que nous ne sommes pas manipulés, c’est notre efficacité sur le terrain.

Et à ceux qui disent que vous ne vous souciez pas de l’avenir des enfants ?
Nous nous soucions bel et bien de l’avenir de nos enfants. C’est pour cela que nous demandons de meilleures conditions de vie et de travail pour le bonheur de nos enfants. Nous sommes simplement à une étape de sacrifice. Il faut que cela soit compris.

Raphaël Tanoh
Leg : Pacôme Attaby accuse le gouvernement de mener une répression contre les grévistes. 
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