Gnagna Zadi : « TRÊVE SOCIALE: CE QU'IL FAUT CHANGER »
Gnagna
Zadi Théodore, président de la Plateforme nationale des organisations
professionnelles de Côte d’Ivoire évoque dans cette interview les
discussions autour de la prochaine trêve sociale.
En
août prochain, prendra fin la trêve sociale signée le 17 août 2017. Prépare-t-on
la suite?
Le 16 août, à minuit, la trêve sociale
prendra fin. Qu’est-ce que nous faisons ? Je crois que le gouvernement a
compris la situation et a très vite pris le taureau par les cornes. Depuis l’année dernière, nous avons commencé à
travailler sur la question. En juin 2021, nous avons eu les premières rencontres
avec la ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration,
Anne Ouloto. Nous avons parlé du cadre de discussion. Depuis, il y a eu
plusieurs rencontres avec l’ensemble des acteurs pour se mettre d’accord sur la
liste de revendications à soumettre au gouvernement. Il y a donc aujourd’hui,
une liste de revendications, transversale, acceptée par tous. Et, il y a des revendications
sectorielles qui ont également été recensées. Des rencontres sectorielles sont
prévues, de même que des rencontres transversales. Au bout de tout cela, une
matrice générale de toutes les revendications va être retenue et transmise au Premier
ministre dans la mi-avril. Et dès début mai, les négociations pour un nouvel
accord vont commencer, pour que jusqu’au 16 aout, un nouvel accord soit signé.
Les
faitières sont-elles informées de cela ?
Toutes les plateformes syndicales sont
informées de ce programme.
Trouvez-vous
le bilan de la trêve sociale satisfaisant ?
Le bilan est globalement satisfaisant.
Il faut savoir que la trêve sociale concernait deux documents. Le premier document
portait sur nos revendications. Il y avait 5 points d’accords. Tous ces points
d’accord ont été mis en œuvre depuis 2017. Sur la réforme de la retraite, une
nouvelle ordonnance a été adoptée dès le 17 février 2017, qui est devenue même
une loi par la suite. Cela a eu pour effet de bonifier les pensions de ceux qui
avaient été frappés par les anciennes mesures. En janvier 2018, le stock des
arriérés a commencé à être apuré. 120 000 fonctionnaires étaient concernés, aujourd’hui
il en reste autour de 58 000. Les 18 800 journaliers ont été recrutés à la
fonction publique depuis 2018. Les 41 000 fonctionnaires concernés, ont eu
leur bonification indiciaire depuis 2018. Les cotisations syndicales bloqués
ont repris.
Pour nous, le bilan de cette trêve est
satisfaisant. Le gouvernement a fait sa part. Pour les centrales et les
faitières de l’époque, nous avons respecté notre parole, parce que nous n’avons
pas fait de grève générale. Mais, au niveau sectoriel, il y a eu des grèves. L’accord
n’a pas été bien compris par certains syndicats, parce que des centrales n’ont
pas sensibilisé leur syndicats de base, pour dire que la signature les
engageait. En 2018, il y a eu la grève dans la santé, en 2019, il y a eu la grève
dans l’enseignement.
Peut-on
considérer cela comme des faiblesses de la trêve ?
Effectivement. Une autre faiblesse a été
le fait que le gouvernement ait pris la trêve comme la fin des revendications.
La trêve ne mettait pas fin à l’action syndicale, même pas aux grèves. Cela n’a
pas été compris. Il devait y avoir une communication à ce niveau, des cadres de
discussions. Cela n’a pas été le cas.
On a utilisé la trêve comme un chiffon
rouge pour ne pas discuter avec les syndicats, ou les menacer.
Etes-vous
pour une autre trêve ?
Notre objectif, c’est d’obtenir de
nouvelles améliorations. Mais comme nous sommes dans un processus ou chacun
fait des concessions, le gouvernement choisit de parler de trêve sociale. De
notre côté, nous avons nos revendications. Donc, nous allons discuter.
Quelle
forme devrait prendre cette seconde trêve ?
Il faudra tenir compte des défaillances de
la première trêve. Tirer les leçon du passé. Il faut élargir la base de la signature
et ne pas la limiter aux grandes faitières. Il faudra prendre en compte les revendications
sectorielles, car on a commis l’erreur pendant la première trêve de ne pas en
tenir compte.
Quelles
sont aujourd’hui vos revendications principales ?
Ce sont les revendications transversales.
Les fonctionnaires souhaitent un 13ème mois. C’est la principale revendication
qui fédère tous les fonctionnaires. À côté de cela, nous demandons la revalorisation
de l’indice référentiel de base fixé à 233 FCFA ; la revalorisation et l’attribution
de l’indemnité logement à tous les fonctionnaires. Nous demandons que le statut
général de la Fonction publique améliorée soit adopté, etc.
Mais il y a des revendications au plan
sectoriel dont il faudra tenir compte.
Après
l’élection de la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Mugefci),
êtes-vous dans la disposition d’accompagner la nouvelle équipe ?
Si la nouvelle direction veut être
accompagnée, on le fera. On n’aide pas quelqu’un qui n’appelle pas à l’aide.
Nous sommes ouverts, c’est la mutuelle de tous les fonctionnaires. Mais, nous n’allons
pas raser les murs.
Cette
élection s’est-elle bien déroulée ?
Oui. Il y a eu des avancées par rapport
à 2013 et à 2017. L’élection s’est
déroulée dans les départements ; le comité électorale a fait en sorte que le processus
soit apaisé. Ce qu’on n’a pas apprécié, par contre, c’est que des nombreux
fonctionnaires ont été retirés des listes sans explication. Les fonctionnaires
qui ont changé de lieux également n’ont pas pu voter. Le taux de participation
est resté bas. Ensuite, le comité électorale s’est attribué trop de pouvoir. C’est
devant lui qu’ont fait les recours. Il faut réparer cela. Dans l’ensemble, le processus électoral s’est bien déroulé. Il y a
une assemblée générale multidimensionnelle.
Le groupe Maturité-Unité-Renaissance (MUR), dont je suis la tête de liste, est
la deuxième force de cette assemblée. Cela peut permettre de préserver les
intérêt des mutualistes.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
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