CÔTE D'IVOIRE: POURQUOI CERTAINS RÉFUGIÉS NE RENTRERONS JAMAIS
La cessation générale du statut de
réfugiés ivoiriens a été annoncée ce lundi, par le Haut-commissaire des nations
unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, à Genève (Suisse). C’était à l’occasion
de la 72ème session du comité exécutif du programme du Haut-commissariat
des nations unies pour les réfugiés (HCR) à laquelle a pris part la ministre
d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la
Diaspora, Kandia Camara. D’ici à juin 2022, cette décision sera mise en œuvre.
Selon Kandia Camara, plus de 90% des réfugiés ivoiriens ont regagné la Côte
d’Ivoire, grâce à la politique de réconciliation nationale. Soit, plus de 274 000 personnes sur un total
de plus de 300 000. Au moins 26 000 personnes sont toujours dehors.
Mais, que veut dire exactement le HCR
lorsqu’il parle de fin de statut de réfugié pour les Ivoiriens ? Cela
signifie-t-il qu’il n’y aura plus de réfugié hors du pays ?
Pour le comprendre, il faut consulter la Déclaration conjointe relative à la feuille de route ‘‘pour les
solutions durables à la situation des réfugiés ivoiriens’’. Une déclaration
faite le 7 septembre dernier Abidjan. Elle a été signée par le HCR, la Côte
d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Libéria, la Mauritanie, le Mali et le Togo.
Procédure d’asile
Dans le chapitre V du document, sur ‘‘la mise en application
de la clause de cessation’’, il est bien stipulé au point 2, une exemption pour
les personnes ayant un besoin continue de protection internationale. Le point 3
du même chapitre, insiste sur « le besoin d’étendre la protection
internationale aux personnes ayant des besoins impérieux de maintenir leur
statut de réfugiés et préserver l’accès au territoire et au procédure d’asile ».
Le chapitre IV, relatif aux ‘‘mesures permettant l’accès à la résidence
permanente dans les pays d’accueil’’, demande en son point 2 que les Ivoiriens
désirant de s’établir dans les pays d’asile, et qui remplissent les conditions,
puissent bénéficier d’un statut légal. Son point 5 va même plus loin :
Promouvoir l’accès à la naturalisation de ceux qui le désirent et qui
remplissent les conditions. Un comité
technique a été mis en place pour la mise en œuvre de ces mesures dans les pays
concernés. Il y aura une campagne de sensibilisation avant le début de
l’opération. Ce qui signifie que le HCR, peu à peu, va déléguer sa mission
audit comité technique qui s’occupera des réfugiés Ivoiriens à l’extérieur,
jusqu’à ce qu’ils soient rapatriés chez eux, ou totalement intégrés dans leur
pays d’accueil.
Insécurité
L’une des raisons pour lesquelles la déclaration a prévu
cette situation, est liée à l’environnement.
Selon Willy Alexandre Neth, président de la Ligue ivoirienne des droits
de l’homme (LIDHO), le climat interne en Côte d’Ivoire s’est nettement
amélioré. « Le Président Laurent Gbagbo est rentré. De nombreux réfugiés
également l’on suivi. Mais cela ne veut pas dire que tout le monde va rentrer.
Malgré tout, certains se sentent en insécurité. Même si vous mettez dix
policiers chez eux, ils ne changeront pas d’avis », explique-t-il.
Depuis la crise politico-militaire de 2002, la Côte d’Ivoire
a connu son lot de réfugiés. Beaucoup
d’Ivoiriens ont fui le pays afin d'échapper à un danger (guerre, persécutions,
catastrophe naturelle, etc.). D’autres ont obtenu l'asile politique.
Et, pour Willy Alexandre Neth, cette décision de mettre fin
au statut de réfugié pour les Ivoiriens ne peut être permanente. Pour qu’elle
le soit, il faudra veiller à ce que l’environnement politico-militaire, voire
social, restent paisible. A jamais.
Raphaël Tanoh
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