Amon Landry ou le « théâtre d’action »

 

C’est un milieu ou être bon ne suffit pas. Malgré toutes les barrières qui pouvaient l’en dissuader, Amon Landry a décidé de faire carrière dans le théâtre. 



Comédien engagé, acteur « no limit », Kouamé Amon Landry s’est donné pour mission de valoriser la performance au théâtre. Pur produit du Lycée d’enseignement artistique, à  l'Institut national supérieur des arts et de l'action culturelle (INSAAC), ce gaillard tout en muscle rêve depuis son jeune âge de ressembler au cinéaste à Sidiki Bakaba ou au metteur en scène et dramaturge ivoirien à Fargass Assandé. Pourtant, étant tout petit, c’est le comédien Camerounais Jean Miché Kankan qu’il adulait. « J’ai toujours aimé jouer la comédie », confie l’ancien élève du lycée moderne d’Aboisso qui nous reçoit ce mercredi dans une buvette devant chez lui à la Riviera « Rue ministre ». Flanqué d’un pantalon bouffant grande taille basse, avec les dreadlocks soigneux, l’artiste  explique comment depuis le secondaire, il se démarquait déjà lors de kermesses et des cérémonies scolaires. « Déjà en 4ème je voulais faire du théâtre. Et ça ne m’a jamais quitté », se souvient-il. Mais à cette époque-là le jeune Amon Landry ne raconte que des blagues moyennant de l’argent. Il sait amuser la galerie. Peu après, il intégrera le  Lycée d’enseignement artistique de l’Insaac (promotion 2006-2007), et prendra activement des cours d’art dramatique. C’est alors  qu’un déclic se produit dans sa vie. « J’ai remarqué que les blagues que je faisaient étaient en général déjà connues du grand public. Alors, j’ai décidé en ce moment-là de me tourner vers le théâtre et de m’y consacrer corps et âme », explique notre interlocuteur. Alors, Adieu l’humour et vive le dramatique ! Mais notre garçon, Fan du cinéaste et réalisateur américain, Danzel Washington, ne veut pas être un comédien de plus. « Ce que j’ai toujours recherché c’est la performance. Faire parler mon corps pendant les représentations, plutôt que de mettre des mots en avant. J’aime l’action, les scènes beaucoup plus physiques, parce que le cerveau retient plus l’image que le texte », détaille-t-il. Si vous assistez donc à une représentation de Kouamé Amon Landry, attendez-vous le plus souvent à le voir se projeter, faire une chute qui peut paraître douloureuse, et se relever. Et le comédien d’ajouter : « C’est ce genre de chose qui marque le spectateur ». La torture corporelle, il adore ! Son premier texte ‘‘Agony’’, qui est un monologue,  a été joué récemment par l’artiste lui-même. Avant cela, Amon Landry s’était déjà revélé dans un long métrage du réalisateur Jacques Tra-Bi, dénommé ‘‘Braquage’’. Un film qui colle avec son style : l’action. Amateur de karaté, le comédien est en train de préparer sa ceinture noire en taekwondo. Une manière de montrer sa détermination à aller jusqu’au bout, dans ce régistre. Son talent est en pleine croissance et Amon Landry a déjà sillonné la France, la Croatie et la Slovenie, pour présenter des spectacles. Avec un master en pratique théâtrale, il n’a pas l’intention de faire un bref passage dans le milieu, mais bâtir une carrière complète entre théâtre et cinéma. C’est aussi et avant tout un comédien engagé, qui n’hésitent pas à mettre les pieds dans le plat quand il faut critiquer. Alors qu’il entame une carrière pleine de promesse, ce jeune marié encore dans la fleur de l’âge, souhaite vivement que les autorités démontrent plus d’engouement pour cet art. « Nous manquons d’infrastructures. Il n’y a pas de mesure d’accompagnement pour les comédiens. Nous avons envie de jouir de notre art, et il faut créer un environnement propice pour l’émulation de ce métier. Car, l’artiste qui ne joue pas meurt ».

 Raphaël Tanoh

NB: ce portrait a été réalisé en 2018


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

GÉNÉRAL GONDO: « LE JOUR OÙ ON A RACONTÉ À HOUPHOUËT QUE J'AVAIS VOLÉ LA COCAÏNE»

VISA: UNE STRUCTURE ARNAQUE DES CENTAINES D'IVOIRIENS

"DES SANCTIONS CONTRE LES MÉDECINS DANS LES CLINIQUES PRIVEES": Dr Edi Ossohou Albert, directeur de la #médecine hospitalière# et de proximité au #ministère de la Santé# et de l’hygiène publique