Lamine Cissé: « NOUS SAVONS QUI EST A LA BASE DES ACCIDENTS EN COTE D'IVOIRE»

 


Lamine Cissé, le vice-président de l’Union nationale des auto-écoles de Côte d’Ivoire revient sur la réforme du permis de conduire que le ministère des Transports veut entreprendre, mais également sur les accusations portées contre eux.

 

On accuse les autoécoles de délivrer des permis de conduire sans valeur, qui sont l’une des causes des accidents de la circulation. Que répondez-vous à cela ?

Nous déplorons le fait que les gens pensent ça, surtout les autorités. Il y a des conducteurs dont les permis datent de plusieurs décennies, qui sont à la base des accidents de la circulation. Non, les autoécoles ne sont pas à la base des nombreux accidents de la circulation que nous constatons.

 

L’une des raisons de la suspension des inspecteurs du permis est que la fraude a gangréné le milieu

Partout, il y a la fraude. Je vous mentirais si je disais qu’il n’y a pas de fraude dans notre milieu. Mais, cela est dû au fait que le secteur traverse des difficultés. Nous sommes très souvent accusés à tort. Pendant la période de la covid, nous avons été fermés pendant trois mois, sans accompagnement. Toutefois, ce ne sont pas toutes les autoécoles qui sont accusées de fraude. Nous avons de bonnes autoécoles et même de très bonnes, qui délivrent des permis de qualité.

 

 

Est-il vrai que certaines autoécoles ne disposent pas de véhicule ?

Comme je l’ai indiqué, la situation sanitaire a fragilisé certains établissements. Il arrive que des autoécoles ne disposent pas de voiture pour fonctionner. Mais, dans ces cas-là, nous les aidons en leur prêtant des voitures. Vous ne devez pas oublier une chose, l’Etat a aidé de nombreux secteurs avec l’aide covid, mais nous n’en faisons pas partie.

 

 

Les gendarmes ont été désignés pour remplacer les inspecteurs du permis de conduire. Et ils ont commencé leur travail d’inspection. Cela va-t-il changer quelque chose ?

Nous ne mettons en doute personne. Si les gendarmes sont venus pour contrôler les permis de conduire, ils peuvent le faire en toute tranquillité. Nous disons simplement que le nœud du problème se trouve ailleurs. Je le répète : il y a des centaines de milliers de permis datant de plusieurs années qui sont dans la circulation. Ce ne sont pas les nouveaux chauffeurs qui vont entraîner les accidents de la circulation. Que fait-on de ces vieux permis qui sont dans la nature ?

 

Que fait-on, alors ?

Nous disons qu’il faut procéder à un recyclage, à un renforcement des capacités des personnes qui ont eu leur permis il y a très longtemps. Le permis évolue, la route aussi. Ces conducteurs doivent se mettre à jour. Les autoécoles peuvent faire ce travail, l’Etat aussi. Le Certificat d'aptitude de conducteur routier (Cacr) doit être étendu à toutes les catégories de permis.

 

Au niveau des autoécole, avez-vous trouvé qui est le véritable coupable du taux élevé d’accidents de la circulation en Côte d’Ivoire ?

 

La fraude dans la délivrance du permis de conduire, n’est que l’une des causes des accidents en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas la principale, comme on tente de le faire croire. Aujourd’hui, qu’est-ce qui se passe ? Les chauffeurs de véhicules de transport en commun se shootent avant de prendre le volant. L’alcool et la drogue circulent dans le milieu. Certains ne peuvent même plus travailler sans en prendre. Et, une fois devant le volant, ils ne sont plus lucides. Le temps de réaction d’un conducteur est très primordial. Lorsque vous apercevez le danger, le temps de freiner ou d’éviter l’obstacle est capital. Or, ce temps de réaction devient lent avec la drogue et les stupéfiants. Voilà l’un des fléaux qu’il faut combattre dans le milieu, si on veut stopper la spirale négative des accidents de la circulation. Ce ne sont pas les inspecteurs qui cause cela.

 

Avez-vous fait des propositions au ministère des Transports ?

Nous avons fait des propositions au ministre. Parmi ces propositions, il y a également l’assainissement des autoécoles que nous n’occultons pas. Il faut assainir le milieu, certes, et donner plus de valeur aux permis de conduire que nous délivrons. Il faut également harmoniser les prix des permis de conduire. Pendant cette période transitoire de trois mois, le permis de conduire catégorie Adoit être à 100 0000 FCFA partout. La catégorie B à 120 000 F ; le  BCD à 150 000F et le ABCD à 180 000. Sans les frais intermédiaires. Nous proposons aussi au ministre les états généraux du Transport. Nous avons besoin de nous retrouver pour parler des problèmes qui minent le milieu, du désordre.

 

Il existe combien d’autoécoles en Côte d’Ivoire ?

Nous sommes autour de 600 autoécoles, aujourd’hui.

 

Et, avant que l’Etat n’agissent, que faites-vous pour assainir le milieu ?

Nous avions un comité de 20 personnes qui était chargé de cette mission ; d’enlever tout ce qui est mauvaise graine. Mais, le comité est resté en stand-by depuis. Bientôt nous allons convoquer une réunion pour le réactiver.

 

Interview réalisée par Raphaël Tanoh

Leg : Lamine Cissé demande les états généraux du transport.

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