LE PHÉNOMÈNE DES ''ENFANTS EN BANDES'' INQUIÈTE

On ne sait pas exactement où les situer. De plus en plus d’enfants investissent les lieux publics, à l’occasion des fêtes ou tout autre évènement s’y rapprochant. Et parfois, c’est la pagaille après leur passage. Faut-il s’en inquiéter ? 

Pendant la fête de ramadan, l’hyper marché Cosmos de Yopougon était au centre des attractions. Ses magnifiques lumières, les rayons affriolants, les airs de détentes et surtout les friandises, n’ont laissé personne indifférent. Parmi les visiteurs, il y avait des hordes d’enfants venus également visiter les lieux. D’après le témoignage de plusieurs personnes, dans les minutes qui ont suivi leur visite, les caissières ont constaté que plusieurs biscuits manquaient à l’appel. Avant même de sonner l’alerte, la bande avait pris la poudre d’escampette. Dans la mêlée de visiteurs qui avait envahi les lieux, ils s’en sont tirés à bon compte. Si la scène arrache des sourires, elle représente malheureusement la face sordide d’un phénomène social qui prend de l’ampleur dans la capitale économique. De plus en plus, à l’occasion des fêtes, qu’elles soient religieuses ou païennes, on retrouve les mêmes attroupements de gamins dans les grandes surfaces. L’âge varie entre 9 et 16 ans. La troupe avoisine souvent la quinzaine d’individus. Parfois mal fringués, ils ne viennent pas pour les achats mais pour admirer et, si possible, profiter de tout ce qui est gratuit. Au super marché Sococé des Deux-Plateaux, les vigiles ont dû maudire le dimanche de Pâques dernier. Cet après-midi-là, venus tel un essaim d’abeilles, les gamins se sont déversés dans le hall d’accueil de Sococé. Pendant qu’un groupe courraient vers les rayons dont les vigiles tenaient fermement l’entrée, l’œil revêche, un autre groupe visait les escaliers roulants. Ils les montaient, les redescendaient, sans relâche. Sous le regard médusé des mères venues avec leurs enfants, il arrivait que certains de ces gosses glissent pendant la montée, arrachant des cris de frayeurs aux passants. Le spectacle a continué ainsi jusqu’à ce que l’un des vigiles décide de venir se poster à la montée de l’engin. Assailli, à bout de souffle, il finira par se faire relayer. Mais pour les gérants, il fallait surtout garder les yeux sur les rayons. Une seconde d’inattention et votre étagère est à moitié dégarnie. Aujourd’hui, classifié comme un phénomène de mode par certains, voir les enfants se balader en bande organisée dans les lieux publics, est devenu monnaie courante.Emaillé de larcins, et source de dépravation, le phénomène comporte en lui toutes les germes de la délinquance juvénile et inquiète les parents au plus haut point. « Ce sont des phénomènes des temps nouveaux. A notre époque, on ne voyait pas ces choses-là. C’est parce qu’aujourd’hui, il y a de plus en plus d’attractions. Le plus souvent, on explique cela par le fait que l’enfant découvre des choses chez ses amis que ses parents ne peuvent pas lui offrir. Alors, il les combler à sa manière en se livrant à ce genre de comportement. Donc, cela est liée en premier à la condition des parents. Beaucoup de parents accompagnent leurs enfants pendant les évènements, mais ce sont des parents qui sont mieux lotis. Aujourd’hui, surveiller un enfant devient difficile. Vous le voyez et la minute d’après, il n’est plus là », explique Boto Jean Roger, vice-président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (Unapeeci). Du point de vu des sociologues, il faut tenir compte du contexte urbain. En dehors de la maison, expliqueDr Karamoko Vasseko, sociologue à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, spécialiste en sociologie de l’Education, l’enfant se retrouve confronté à une autre réalité et à d’autres collaborateurs. Mais, avant tout, pour Dr Karamoko Vasseko, les dérives qui résultent de ces attroupements sont le produit de son éducation.

Raphaël Tanoh

Leg : Les enfants sont de plus en plus prompts à se regrouper.
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