COMMENT LES RELIGIEUX ABORDENT LA SEXUALITÉ DANS LES PRÊCHES



On le sait, en Côte d’Ivoire, le sujet de la sexualité sera désormais abordé pendant les cours de catéchèse. Le nouveau manuel de formation catéchétique qui entre en vigueur à la prochaine rentrée prévue pour ce mois d’octobre, prend la question en compte. « C’est un sujet assez délicat que nous n’osions pas vraiment aborder auparavant à la catéchèse », explique Franck Seka, formateur en catéchèse pour les jeunes.  Il s’agit pour lui, à travers cette innovation, de donner les rudiments afin d'aborder cette problématique importante pour tous. Et il fait bien de le dire. Car, depuis déjà un moment, Magassouba Cheick Oumar, imam de la mosquée du Black Market a entrepris de faire des émissions télé sur la sexualité et la religion. Deux mots qui ont parfois maille à aller ensemble.

La prostitution galopante
 L’imam Cheick Oumar intervient notamment à travers la chaîne malienne Africab. « Pour nous, il ne s’agit pas d’un sujet tabou », fait savoir l’homme de Dieu, qui estime néanmoins que le moment est plus que jamais venu d’aborder la sexualité en islam avec beaucoup plus d’implication. Un élan qui s’observe de plus en plus chez les religieux, par rapport aux années antérieures. La prostitution galopante, l’augmentation de l’homosexualité, les grossesses en milieu scolaire, les maladies sexuellement transmissibles, en sont autant de raisons, selon l’imam Camara Hassane, qui n’hésite pas à remettre le sujet sur la sexualité au centre des débats. Aujourd’hui, plus qu’un spirituel, le religieux joue un rôle d’éducateur au sein des communautés. Si la sexualité a longtemps été ‘‘ostracisée’’ dans les prêches, pour des questions de morale, d’après l’homme de Dieu, cela est beaucoup plus dû à l’éducation et qu’à la religion elle-même.

Un sujet vu différemment

« C’est parce que dans nos sociétés traditionnelles, le sujet est tabou ; qu’on avait du mal à aborder cela. je dis qu’il faut l’aborder, mais dans le sens légal », mentionne Camara Hassane, imam de la mosquée de la Résidence Payet, à Adjamé, par ailleurs, responsable de communication au sein de l'Organisation des établissements d'enseignement confessionnel islamique en Côte d'Ivoire (Oeeci). « Toutefois, il faut l’aborder en tenant compte de notre culture, de l’islam et de notre réalité sociologique », souligne Dr Moustapha Sylla, qui a effectué des études islamiques assez poussée en Charia. Il est en ce moment professeur d’Economie à l’université Alassane Ouattara de Bouaké.  Que faut-il dire, comment le dire et à quel moment le dire ? Tel a toujours été le casse-tête chinois chez les religieux. Même si tous ne le pensent pas. « En vérité, cette gêne s’observe le plus chez nos frères imams. Et c’est plus pour une question d’éducation », relate Guédé Agenor, pasteur à l’Eglise Chritianiste céleste de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). « A la Maca, je ne peux pas parler de contraception avec les prisonniers, parce qu’ils n’ont pas de femmes ici. Mais je leur parle de l’homosexualité, car que c’est une réalité. Je leur donne des conseils là-dessus et je les écoute. Ce sont des sujets que nous abordons sans tabou. Je pense que c’est plus parce que nous avons un certain niveau de connaissances scolaires ou académiques sur ces questions-là. Ce n’est pas le cas de tout le monde », explique-t-il. 

Préservatif 

C’est surtout plus subtil quand vous êtes imam, pour lui. « Cela dépend des personnes qui sont en face de vous. Nous avons de vieilles personnes, des enfants et des femmes. Et selon chaque catégorie de personnes, nous devons adapter notre langage. C’est pour cela que nous partageons les tâches quand il s’agit d’aborder le sujet sur la sexualité. Il nous arrive de choisir, par exemple, une femme pour parler aux femmes », fait savoir l’imam Hassane Camara. Pour le religieux, le vocabulaire et la méthode sont très importantes quand il faut s’adresser à un enfant. Et cela, de 14 à 21 ans, précise l’imam Camara. Il n’y a pas de choix particulier de sujets, à l’entendre. La contraception, le VIH/Sida, la prostitution, les grossesses en milieu scolaire, sont autant de problèmes qui préoccupent la communauté musulmane. « Par exemple, l’islam n’interdit pas l’espacement de l’enfantement. Mais il condamne au contraire, l’interdiction de l’enfantement. Le port du préservatif ? Ce sont des sujets que nous n’abordons pas. Parce que conseiller à un fidèle de porter le préservatif signifie que vous l’encouragez à la dépravation. En islam, il y a rapport entre une femme et un homme que lorsqu’il y a mariage. Et dans ce contexte, le préservatif ne sert à rien », s’étend le religieux. Concernant cette préoccupation, les chrétiens tiennent presque le même raisonnement. « Personnellement, je ne condamne pas le port du préservatif. Mais seulement si vous êtes marié. Vous pouvez tout à fait en faire usage dans le couple. Mais en dehors de cela, il ne serait pas convenable de parler de port de préservatif à des personnes qui ne sont pas mariées, parce que vous envisagez dans ce cas qu’ils aient des rapports sexuels avant le mariage », relativise Oulé Bi Donan Jacques, pasteur à l’église Evangélique, ‘‘Les ouvriers du Seigneur’’. 

Facebook
Sur l’avortement, il n’y a pas de débat. « Nous sommes contre cette pratique », s’empresse de couper court pasteur Guédé. « L’islam a toujours été contre l’avortement », note pour sa part l’imam Camara. Et l’imam de la mosquée de la résidence Payet de poursuivre : « Si la sexualité n’est pas un sujet tabou dans nos prêches, il faut savoir que nous l’abordons différemment selon les zones. Nous n’en parlerons pas au Nord de la même manière que nous le faisons à Abidjan. Tout cela, pour une question de culture et d’éducation ». Pour Dr Sylla Moustapha, il est temps de former les hommes de Dieu dans ce sens-là. « La sexualité, c’est complexe comme sujet, et cela part de l’éducation que nous avons reçu en famille. En général, celui qui l’aborde, ne sait pas comment le faire. Il faut le faire en tenant compte de l’aspect légale de la chose et de notre mode de vie », insiste Dr Sylla. Et d’après lui, les hommes de Dieu, plus que toute autre personne, doivent prendre en compte aujourd’hui, la mode, le développement   des moyens de communication et Facebook, quand ils doivent parler de sexualité. D’où toute la flexibilité de la chose.
Réalisé en octobre 2018
Raphaël Tanoh
Leg : La sexualité est une question difficile à aborder aussi bien en islam que dans le christianisme.
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