DANS LA TANIÈRE DU VIEUX QUICHOTTE


  Ils se sont bien illustrés lors des 8ème #jeux de la francophonie#. Les jeunes de la Compagnie ivoire marionnettiste se préparent pour frapper encore.
  

#Abatta-village#. Ce vendredi, l’Académie ivoire #marionnette# semble perdue au bout de la piste dégarnie et encerclée de toute part par la broussaille, que nous venons de parcourir.  L’endroit est situé à la sortie d’Abidjan, en allant vers Bingerville. A proximité, il n’y a que des maisons en construction. Le lieu n’est pas tout à fait conquis par l’urbanisation. Pourtant, derrière la clôture de cette école en partie cachée par les herbes, on se sent soudain en paix. Les pigeons, le sable, les arbustes font plaisir à voir. Et tout cela donne sur la lagune. A gauche de la cour, prospère une sorte de hangar, qui est en fait un atelier avec des machines à coudre, de la mousse, des étoffes entassés sur un côté. Des ficèles, des morceaux de marionnettes sont pendus sur le toit. Juste après, c’est un bureau et des logements décents fabriqués avec des planches. La peinture bleue, a été faite en fonction du logo de l’école. Ce qui attire surtout, c’est ce podium au centre de cette grande cour ensablée. Soro Badrissa, le directeur artistique de la Compagnie ivoire marionnettiste, grand vainqueur du concours de marionnettes géantes lors des 8ème jeux de la francophonie, vient de terminer une répétition avec son équipe. Celle-ci est composée de Koro Souleymane, le sous-directeur, de Goualy Rachelle, la chorégraphe et de Kouassi Désirée, la chorégraphe adjointe. Ils sont tous jeunes, ambitieux. Cela fait plusieurs jours que nos artistes répètent ici dans ce lieu reclus, bercé par la lagune et le chant des oiseaux ; balayé par ce vent  doux et apaisant qui souffle à Abatta-village. Les bruits de moteurs sont loin, ainsi que le brouhaha incessant de la ville. « Nous préparons plusieurs spectacles en ce moment. Il faut être prêt », explique #Soro Badrissa#. En fait, depuis les récents jeux de la francophonie organisés sur le sol ivoirien, ils sont au four et au moulin. Des commandes de mascottes leur ont été faites. Eh oui, la troupe a plusieurs cordes à son arc. C’est d’ailleurs eux qui ont confectionné la mascotte du Salon international de l'agriculture et des ressources animales (Sara) qui a eu lieu à Abidjan. Et ils étaient là pour accueillir les délégations pendant le sommet Union européenne-Union Africaine (UE-UA). « Nous organisons également des spectacles en plus de la formation de plusieurs jeunes arrivés  à l’Académie ivoire marionnette », ajoute Soro. Le spectacle pour lequel ces pros ont répété doit avoir lieu dans quelques jours. Au coin du podium sur une longue table, sont disposés des marionnettes et des vêtements miniatures. « La différence entre nous et tous les autres marionnettistes que vous rencontrerez en Côte d’Ivoire, c’est que nous concevons nous même nos marionnettes et nous les habillons. Cela permet de donner à la marionnette l’apparence qu’il faut selon le spectacle à présenter. Beaucoup présentent des marionnettes avec des revêtements qui sont incohérents par rapport au thème abordé», souligne Koro Souleymane, le sous-directeur de l’académie et qui se charge avec Soro Badrissa, de confectionner des tenues pour leurs marionnettes, dans l’atelier à l’extrémité de la cour. Goualy Rachelle, la chorégraphe et Kouassi Désirée, la chorégraphe adjointe, s’occupent, elles, de la mise en scène. L’histoire de ces jeunes talentueux n’a pas débuté du jour au lendemain. Il y a environ une dizaine d’années, ils se sont retrouvés, avec en commun cette passion de pouvoir manipuler des marionnettes, de raconter des histoires à travers ces petits bonhommes animés à l’aide de ficelles. « Nous avons alors trouvé cet endroit retiré de la ville pour bosser. Mais c’était dur. Et beaucoup de nos camarades ont abandonné. Nous sommes donc restés quatre qui formons aujourd’hui l’Académie ivoire marionnette », relate le directeur de la structure, Soro Badrissa. Depuis, la troupe compte plusieurs récompenses à son actif. Parmi ces prix ont note la médaille d’or en 2013 aux 7ème jeux de la francophonie à Nice (Paris), dans la catégorie marionnettes géantes ; la médaille d’or dans la même catégorie  aux 8ème jeux de la francophonie qui viennent de s’achever à Abidjan. On n’oublie pas le 3ème prix d’excellence en 2014 pour les arts vivants, ainsi que le prix d’encouragement en 2013 du concours de  l'Académie des sciences des arts, des cultures d'Afrique et des diasporas africaines (Ascad). « Avec les prix sur les marionnettes géantes, les gens ont peut-être cru que nous ne présentions que des spectacles avec ce type de marionnette. Mais ce n’est pas le cas. Nous travaillons sur toutes sortes de marionnettes », précise Soro. Les marionnettes géantes, les marionnettes à tige, les marionnettes à fil ou à gaine, les marionnettes habillées, comme on peut le voir en ce moment. Pour une démonstration, notre hôte se place sur scène. Il s’empare d’une des marionnettes posées sur la table, place la manette de commande entre ses doigts agiles. Les extrémités sont munies de ficelles qui permettent au personnage de faire des pas, des hochements de tête, etc. Goualy Rachelle, la chorégraphe, prend elle aussi une marionnette. Pareil pour Koro Souleymane. Ils font ensuite une brève répétition du « vieux quichotte ». Une histoire qui leur a valu plusieurs reconnaissances. C’est l’histoire d’un esclave appelé quichotte qui, comme le veut la coutume, doit accéder au pouvoir pour 40 jours, après la mort du roi. Au 40ème jour, l’esclave sera ensuite tué et enterré avec le roi. Mais pendant son bref moment passé au trône, le vieux quichotte que tous prennent pour un pauvre fou, mène une guerre sans merci contre le blanc et la modernité. « A la fin, on se rend compte qu’il cherche simplement à ramener son peuple à ses racines, à ses origines. La morale de cette histoire c’est que même un fou peut instruire un roi », fait remarquer Soro Badrissa. Après quoi, ils imitent les voix des personnages vêtus de tenues africaines. Lors d’une représentation sur scène la Compagnie ivoire marionnette fait des enregistrements de voix, de sons et de bruits au studio. D’où le sérieux et le professionnalisme de ce groupe. « Je crois que c’est pour cela que nous sommes aujourd’hui une école de formation. Beaucoup de jeunes viennent ici chaque année. Ils reçoivent une formation de 3 ans. Il y a en ce moment 10 jeunes à qui nous donnons des cours », peut se réjouir Soro. La compagnie voyage beaucoup et participe à de nombreux spectacles en Afrique et en Europe. Comme conseil, Soro Badrissa rassure tous ceux qui veulent se lancer dans l’aventure, que le métier nourrit son homme quand on y met du sérieux. « Nous avons une histoire. Chaque fois que la compagnie fait une représentation, les gens remarquent tout de suite que nous ne copions pas les autres. Tout est créé. Et il y a toujours une histoire derrière », ajoute le maître des lieux. Avec la récente médaille d’or remportée à Abidjan grâce au thème, « la boule bleue », la compagnie a essayé de sensibiliser la population sur la solidarité, la richesse de la diversité, dans un contexte où la francophonie en avait fortement besoin. Le souhait de la Compagnie ivoire marionnette, c’est d’être soutenue par nos autorités. « Cette école, c’est l’ambassade de Suisse en Côte d’Ivoire et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF)  qui nous l’ont offerte. Nous avons besoin de salles pour continuer à former nos jeunes et à faire de cette école une référence. Il n’y a que par cela que nous allons continuer à vendre l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur», termine Soro Badrissa.

Leg : Badrissa et son groupe ont ébloui le monde pendant les jeux de la francophonie en Côte d’Ivoire. 

 Tag:  #TANIÈRE#, #théâtre#, #marionnette#

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