"POURQUOI NOUS AVONS ACCEPTE LA TREVE'', ZUNON ACHILLES, membre de la Plateforme nationale des fonctionnaires



Après la divulgation du rapport de la Banque mondiale sur le système éducatif ivoirien, un membre éminent de la Plateforme nationale des fonctionnaires contre-attaque.

A quel niveau sommes-nous dans vos négociations avec le gouvernement ?
On avait donné un délai d’un mois au gouvernement pour réfléchir sur nos revendications. Jeudi dernier, le Premier ministre nous a reçus. Il nous a signifié qu’un autre cadre de discussion a été mis en place, un comité de dialogue pour résoudre les questions qui n’ont pas encore été traitées. Notamment la question du stock des arriérés.

On a l’impression que le gouvernement campe sur ses positions sur ce point spécifique. Il n’est pas question de payer 243 milliards FCFA, après tout ce qui a été concédé. Alors, que va-t-il se passer exactement?
Nous allons aller en assemblée général le 10 mars où sera fait le compte rendu des différentes rencontres avec le Premier ministre. L’assemblée générale va se prononcer ensuite sur la trêve proposée par le gouvernement.

Pourrait-on envisager une éventuelle reprise de la grève.
C’est possible.

Rien que pour le stock des arriérés ?
Je crois que sur ce point, le langage du gouvernement n’est plus le même. On le voit par la mise en place d’un comité de dialogue. C’est déjà bon…

Vous pensez pouvoir faire changer d’avis au gouvernement sur ce point ?
Notre recours, c’est le dialogue.

Il faut reconnaître que vous avez déjà obtenu beaucoup. Pourquoi ne pas laisser tomber simplement le stock des arriérés ?
Nous avons obtenu quoi ? Si on obtient quelque chose, c’est que cela n’existait pas. Or, toutes les choses que nous avons obtenues, notamment la réforme sur la retraite, existaient déjà. Nous n’avons rien obtenu en réalité.

Ce n’est pas un peu exagéré de dire cela ?
(Rire) Non. Mais aujourd’hui, on nous demande de faire une trêve. Nous avons accepté. Toutefois, le jour où il a une décision qu’on nous associe. C’est ce que nous demandons.


A côté de cela, il y a des écoles qui continuent de se braquer contre les cours du mercredi. Pourquoi ?
C’est une réalité. Il y a encore des réticences à ce niveau. Mais quand vous avez du miel dans la bouche, pour vous l’enlever, c’est difficile. C’est un changement brusque, ce n’est pas facile pour les enseignants. A 70%, beaucoup ne comprennent pas encore la situation. Il y a notamment des écoles à Yopougon, au quartier Maroc qui continuent de ne pas faire cours le mercredi. Il y a aussi certaines écoles de Williamsville. Sans oublier Issia et Lakota aussi, je crois. Mais les gens reviennent à de meilleurs sentiments peu à peu. Toutefois, le problème aujourd’hui, ce sont les emplois du temps. Au mois de mai, nous allons évaluer ces nouveaux emplois du temps proposé par la ministre Kandia Camara. L’objectif est de voir si le réaménagement a marché.

 C’est vous qui allez évaluer l’emploi du temps et pas le ministère de l’Education nationale?
Evidemment.

A vous entendre, il n’est pas sûr que la mesure des cours le mercredi prenne totalement cette année...
À mon avis, l’année scolaire est déjà bâclée.

Les ‘’Mamans indignées’’ affirment que c’est la faute aux grèves
A chaque fois qu’il y a eu grève en Côte d’Ivoire, il a eu de bons résultats scolaires. 

De son côté la Banque mondiale indique dans son récent rapport que la masse salariale des enseignants occupe beaucoup de place dans le budget. Ce qui empêche l’Etat d’injecter assez d’argent dans les infrastructures vieillissantes et insuffisantes.
Le rapport dit la vérité en ce sens que les moyens qui sont alloués par l’Etat sont énormes et les résultats, minces. Mais en réalité, ce n’est pas parce que la Côte d’Ivoire injecte beaucoup d’argent dans les salaires, que les résultats sont minces. L’Education nationale est normalement financée. Aujourd’hui, le problème, c’est le système. Il n’est pas bon. Au Burundi, les gens ne sont pas figés sur le colonisateur. Les enfants utilisent leur langue maternelle à l’école, par exemple. Et puis ils n’ont pas d’effectifs aussi pléthoriques que nous.  Je n’exagère pas quand je vous dit qu’on a 120 élèves dans certaines classes ici. Allez-y à Agboville, au groupe scolaire Siporex 7 où vous avez 88 élèves aux Cm2. Il faut ajouter à cela la crise qui nous a plombés. En zone CNO (Centre-Nord-Ouest, la partie du pays qui échappait au contrôle d’Abidjan, durant la crise militaro-politique, ndlr), par exemple, des bénévoles donnaient des cours. Ils n’avaient pas le niveau.

Vous accusez le système… ?
Oui, il serait bien que nos dirigeants sachent que pour être développé, il faut un bon système éducatif. Notre système actuel est vide, creux. Pour un élève au village qui vient au CP1 pour la première fois, en lecture, on lui dit « Mariam joue à la balle ». Rien que pour ressortir la lettre A. Et pour cela, on lui fait faire six séances. En expression orale, l’enfant a 13 séances. Il faut mettre l’accent sur le nécessaire. Si on veut apprendre à l’enfant à lire la lettre E, qu’on aille droit au but. Je pense que notre système actuel est lourd. En plus de cela, l’enfant doit avoir un grand temps d’apprentissage à l’école. Le gouvernement est déjà sur la bonne voix sur ce plan.

Pourquoi tout cela ne fait-il pas partie de vos revendications ?
C’est vrai. Je crois qu’on a seulement insisté sur le côté social.

Réalisée par Raphaël Tanoh

Leg : Zunon Achilles dénonce le système soclaire actuel.
#Tags: #Enseignants#, #université#, #CNEC#, #revendications#, #grèves#, #gouvernances#,  #heures complémentaires#, #syndicats#, #ZUNON ACHILLES#, #trêve sociale#, #fonctionnaire#,   #Plateforme nationale#


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

GÉNÉRAL GONDO: « LE JOUR OÙ ON A RACONTÉ À HOUPHOUËT QUE J'AVAIS VOLÉ LA COCAÏNE»

VISA: UNE STRUCTURE ARNAQUE DES CENTAINES D'IVOIRIENS

"DES SANCTIONS CONTRE LES MÉDECINS DANS LES CLINIQUES PRIVEES": Dr Edi Ossohou Albert, directeur de la #médecine hospitalière# et de proximité au #ministère de la Santé# et de l’hygiène publique