Assi Fulgence, SG DE LA FESCI: ''NOUS N'AVONS JAMAIS VOULU LA VIOLENCE''
Après les nombreux actes de
violence survenus récemment à l’université Félix Houphouet-Boigny, le
secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire
(Fesci) s’explique et accuse.
La Fesci par-ci, la Fesci par-là.
Vous êtes accusés aujourd’hui d’avoir ramené la violence à l’université.
La
Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) a toujours eu pour
principe la non-violence. Quand j’ai pris la direction de cette structure, c’était
pour redorer son blason après toutes ces années de perturbation. En réalité, la
Fesci est une organisation citoyenne au service des élèves et étudiants de ce pays.
Depuis mon arrivée, toutes nos activités sont allées dans ce sens, jusqu’à ce
que le 19 novembre denier, l’un des nôtres, Wilfried Konin, soit lâchement
assassiné par des étudiants de l’Association générale des élèves et étudiants
de Côte d’Ivoire (Ageeci), alors qu’il allait se restaurer.
On sait que depuis la mort de
Wilfried Konin, la police a élu domicile au campus de Cocody. Et vous ne voulez
pas du tout la sentir….
La mort du jeune Allaba Roland est due à un
accident de circulation. Ce sont des agents de la police qui l’ont tué. Et
c’est parce qu’ils étaient là que cet étudiant handicapé est mort. L’état de
siège de l’université par des hommes en arme doit cesser. Elle est source de peur
et de violence.
La présidence de l’université estime,
elle, qu’il faut d’abord que la sécurité revienne.
Je
pense qu’il faut mettre en place une
stratégie pour que l’étudiant puisse participer lui-même à la sécurisation de
l’espace. Je ne sais pas pourquoi les autorités veulent jeter le discrédit sur
les étudiants.
Peut-être parce qu’il ne semble
plus y avoir de limite dans leurs actes. Par exemple lors de l’hommage à Allaba
Roland, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche
scientifique, Bakayoko-Ly Ramata ainsi que son collègue, Mariatou Koné,
ministre de la Solidarité, de la cohésion sociale et
de l'indemnisation des victimes ont échappé toutes les deux à une
tentative de lynchage. Certains ont accusé la Fesci.
Notre
organisation n’est ni de près ni de loin mêlée à la tentative de lynchage de la
ministre.
Comment pouvez-vous le savoir ?
Il pourrait s’agir d’éléments incontrôlés.
Non.
Ce n’était pas non plus des éléments incontrôlés qui ont fait ça. Je pense que
beaucoup cherchent aujourd’hui à jeter le discrédit sur la Fesci.
Tout de même, les accusations
deviennent trop...
Ce
n’est pas parce qu’on vous accuse tout le temps que c’est vous. Pour le cas de
la tentative de lynchage de la ministre, nous avons demandé qu’une enquête soit
menée. Il y a des cameras sur l’espace universitaire, alors qu’on les visionne.
A moins qu’elles ne soient là pour le décor. Nous n’avons jamais été interpellé
pour cet indicent. Nous l’avons au contraire condamné fermement.
A vous entendre, la Fesci a le dos
large. D’après le
président des résidants des cités universitaires de Cocody, certains de vos
éléments seraient allés déloger des étudiants à la cité du campus de Cocody
pour y loger leurs propres gars.
Il
faut éviter de verser dans des allégations qui ne sont pas fondées. Si des
personnes ont été réellement délogées de la sorte par la Fesci, qu’on nous apporte
la preuve.
Vous n’avez jamais délogé d’étudiants
au bâtiment H ?
Non.
Nous avons demandé au ministère de l’Enseignement supérieur d’attribuer les chambres
aux étudiants. A la cité, certains bâtiments ont été réhabilités et dans
lesquels habitent malheureusement les employés de la Simdci, la structure qui a
réhabilité les lieux. Pendant ce temps, certains étudiants sont contraints de
dormir dans les amphithéâtres parce qu’il n’y a pas de chambres.
Dernière accusation en date, le 3
juillet dernier, certains de vos éléments auraient tabassé un jeune étudiant.
Le secrétaire générale de la Coordination nationale des enseignants-chercheurs
de Côte d’Ivoire (Cnec), affirme avoir reçu accidentellement un coup alors
qu’il tentait de venir au secours du garçon tabassé.
Ce
dimanche-là, tous les camarades étaient avec moi pour fêter l’anniversaire de
l’un des nôtres, à Yopougon. J’ai été étonné que le Dr Johnson Kouassi, SG de
la Cnec, affirme avoir reconnu des éléments de la Fesci.
De quelle manière savez-vous que
tous vos éléments étaient avec vous pour fêter un anniversaire ?
Celui
qui donne les mots d’ordre à la Fesci, c’est moi. Je n’ai jamais donné de mot
d’ordre dans ce sens.
Vous êtes garants de tous les actes
commis au nom de la Fesci. Qu’ils aient été commis par des éléments incontrôlés
ou pas.
Ceux
que vous appelez éléments incontrôlés, sont-ils des membres de la Fesci ?
Cela n’a jamais été prouvé.
Pour revenir aux Jeux de la
francophonie, vous ne voulez pas que les athlètes soient logés dans les
résidences universitaires de l’université de Cocody. Pourquoi ?
Nous
ne sommes pas contre les Jeux de la francophonie. Nous défendons simplement les
intérêts des étudiants.
Le comité des Jeux de la
francophonie a trouvé des chambres pour reloger ces étudiants, entre autres
dans les cités universitaires de Mermoz, de la Riviera 2.
Sur
la cité de l’université de Cocody, il y a 3.000 locataires. Les autres
résidences réunis ne peuvent pas offrir des chambres suffisantes. Il y aura
environ 1.500 étudiants qui risquent de ne pas être relogés. Nous avons demandé
la réhabilitation des résidences d’Abobo, de Port-Bouët, de Williamsville. Nous
n’avons jamais été écoutés.
Le comité d’organisation des Jeux
de la francophonie reste sur sa position : les athlètes seront bel et bien
logés à la cité de Cocody.
Nous
avons eu écho de cela. C’est pour ça que nous avons demandé aux étudiants
d’être vêtus en tenue rouge à partir de ce lundi. Et observer trois jours de
protestation. Si après cela le comité campe encore sur ses positions, nous
allons de nouveau paralyser l’université.
Mais le conseil de l’université de
Cocody compte suspendre les activités syndicales après les récents évènements.
Il
n’a pas compétence pour le faire. Un communiqué a circulé dans ce sens. Mais
c’est à l’Exécutif de le faire. Ce sont des décisions impopulaires qui
pourraient créer d’autres problèmes.
Vous ne craignez pas de vous
retrouver à nouveau derrière les barreaux à force de braver les
autorités ? Avez-vous tiré des leçons de votre séjour à la Maison d’arrêt et de correction
d’Abidjan (Maca) ?
Ça
été une expérience pour moi.
Comment cela s’est passé ?
Ce
que je peux dire, tout d’abord, c’est que c’est une erreur judiciaire. Nous
avons déposé une plateforme de revendications pour être écouté. Mais en lieu et
place d’un cadre d’échanges, on nous a opposé la violence, la chicotte. Et j’ai
été interpellé. J’étais en train d’emprunter un véhicule, quand des personnes
en tenue civile ont fait irruption, armées jusqu’aux dents, m’ont poussé dans
un 4X4, m’ont roué de coups avant de m’électrocuter au ‘‘taser’’. On m’a accusé
de trouble à l’ordre public, de violence et voie de fait, de destruction de
biens publics, de rébellion. J’ai fait 8
jours à la Maca. Aujourd’hui, je suis en liberté provisoire.
Vous avez été arrêté après des
troubles, en avril dernier.
Nous
observions une période de grève.
Il
y avait eu des casses au Centre régionale des œuvres universitaires
d’Abidjan (Crou-A).
Ce
n’est pas exact. Dans la nuit du 13 avril dernier, des agents de la police ont
débarqué au campus pour violenter des étudiants. Des biens ont été détruits.
Certaines étudiantes ont été violées. C’est après cela que j’ai été arrêté.
Vous n’avez jamais apporté de
preuves concernant le viol des étudiantes en question.
Nous
connaissons les personnes violées. Nous avons eu la chance d’interroger ces
personnes qui ont été également écoutées par des organisations des droits de l’Homme.
L’Etat a formellement démenti les
faits.
L’Etat
ne peut pas démentir les faits. Nous avons demandé une enquête internationale.
Faisons-le et voyons ce que cela donnera.
Tout le monde n’est pas d’accord
avec vous. On sent même une certaine désunion avec les autres syndicats
d’étudiants...
Je
suis en contact permanent avec les leaders des autres organisations. Nous
sommes unis. Seulement, nous avons l’impression qu’un complot est savamment
orchestré par certaines personnes tapis dans l’ombre contre la Fesci.
On ne comprend pas l’entêtement de
la Fesci devant les décisions des autorités. Certains disent que c’est parce
que vous êtes financés par des hommes politiques, tapis dans l’ombre.
La
Fesci vit de ses cotisations. Depuis que je suis à la tête de l’organisation,
je n’ai jamais reçu la visite d’un baron.
On sait tous que ce genre de chose
se passe dans l’ombre...
Que
ce soit dans l’ombre ou officiellement, jamais, nous n’avons été financés part
une autorité ou une personne tapie dans l’ombre.
Il faut reconnaître que les choses
ont changé. La Fesci, c’était les gros bras, avant.
Regrettez-vous cette période ?
La
Fesci n’a jamais voulu la violence. Nous sommes une organisation sérieuse.
Manipulée par les politiciens…
Jamais…
Interview
réalisée par Raphaël Tanoh
Leg :
Assi Fulgence dénonce un complot contre la Fesci.
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