POURQUOI ANNE OULOTO VEUT DETRUIRE VRIDI-CANAL
La
traditionnelle visite de terrain d’Anne Ouloto l’a conduite, hier, à Vridi-Canal
où elle compte prendre des mesures rigoureuses.
Des amas de masures d’un côté, un taudis
révulsant de l’autre. Et au milieu, le chemin de fer. Ce jeudi, sous les
dangereux pylônes de haute tension, les misérables logements de Vridi-Canal
semblent jaillir des sables d’un désert torride. Il fait terriblement chaud !
Cela, malgré le bruissement de la mer qui borde le versant gauche de ce bled
périphérique de Port-Bouët. Et c’est ce jour que la ministre de la Salubrité
urbaine et de l’assainissement a choisi pour visiter le quartier ensablé, qui
n’est qu’un prolongement indigne de la commune. Anne-Désirée Ouloto est
accompagnée, entre autres, par le directeur général de l’Office national de
l’assainissement et du drainage (Onad), de la directrice générale de l’Agence
nationale de la salubrité urbaine (Anasur), des représentants de l’Office
national de la protection civile (Onpc).
Mais accéder au quartier par véhicule est en lui-même un défi. Quelques
conducteurs du cortège l’apprendront d’ailleurs à leurs dépens. Une roue
enfoncée par-là ; la calandre qui racle le sol par-ci : ils s’enlisent
dans le sable recouvrant le chemin. Pourtant, le véritable pari se trouve
devant. Il ne semble pas y avoir un seul vrai chemin d’accès pour franchir cette
agglomération de taudis, qui ressemble de plus en plus à un piège pour les
visiteurs. Anne Ouloto ose ainsi s’aventurer dans un labyrinthe. Les couloirs
sont tellement serrés qu’il est impossible de se dépasser à l’intérieur, si
vous êtes corpulents. Les chaussures s’enfoncent dans le sable. En avançant, on
voit des portes donnant à gauche et à droite sur des domiciles à la limite de
l’avilissement. Par endroits, des rideaux dansent sous le souffle aigu des
ventilateurs allumés à l’intérieur de ces masures indécents pour combattre la
chaleur. Le pis, c’est qu’on a l’impression d’étouffer, coincé entre les murs.
Pour un claustrophobe, il ne fait pas bon de se hasarder ici. Enfin, l’angoissant
passage étroit donne sur la mer. Et là, un spectacle d’effroi s’offre à la
délégation. Le long de la berge, il y a des murs effondrés, des vieilles tôles
enfouies sous des gravas, des vêtements d’hommes abandonnés…un jouet d’enfants.
Plusieurs maisons se sont enroulées ici. La scène, rappellera Anne-Désirée
Ouloto, a eu lieu le 25 avril dernier.
4
morts, dont deux enfants
Après que la mer a débordé, les dernières
maisons du quartier qui donnent sur l’océan, ont été ravagées par une avalanche
d’eau. Tout ce qui était sur le chemin de la mer a été soufflé comme une poupée
de chiffon. Bilan : 4 morts dont deux enfants. C’est pour cela que toute
l’équipe du ministère de la Salubrité urbaine et de l’assainissement est dans
le coin. Après avoir discuté avec les populations, Anne Ouloto va droit au
but : « Quatre personnes sont mortes. Dont deux enfants et une femme
(…) C’est une situation inacceptable ! Le gouvernement va se saisir de
cela. Nous n’avons pas d’autre choix que d’inciter ces populations à
partir et à habiter dans des endroits où elles pourront dormir dans la quiétude
la nuit ». Selon la visiteuse de marque, la distance entre la mer et les
habitations du quartier ne respecte pas les 100 mètres autorisés comme norme de
sécurité. Ce qui explique, d’après Anne Ouloto, le drame du 25 avril dernier.
Refusant de revivre ce genre d’horreur, la solution pour elle reste le
déguerpissement pur et simple de ce quartier qu’on peut évaluer à plusieurs
centaine d’âmes. Surtout que la mer
n’est pas la seule menace. Les lignes de hautes tensions sous lesquelles ces
familles habitent, constituent aussi un danger non moins négligeable. D’où le
besoin de sensibilisation qu’elle a fait
remarquer aux représentants de l’Onpc. Ce dernier a par ailleurs relevé la
difficulté à faire comprendre aux populations les dangers qui les guettent. Le
plus souvent, il faut attendre qu’un malheur survienne pour les piquer à vif.
Est-ce la même difficulté que la ministre va rencontrer dans son projet de
libération des emprises des ouvrages d’assainissement
du bassin versant de Gourou ? A priori, non. Puisqu’au cours de cette même
journée, avant d’arriver à Vridi-Canal, elle a visité les travaux le long de la
route du Zoo, notamment au niveau du parc animal. C’était pour Anne Ouloto, une
simple opération « de contrôle et de suivi du projet, à mi-parcours ».
Et sur le terrain, ses agents ne l’ont pas déçue. Non seulement le
déguerpissement a été une réussite totale, mais en plus, l’embellissement des
bordures des ouvrages a débuté. Pour l’instant, c’est du gazon qui est en train
d’être planté. Avec 3 milliards FCFA investis dans ce projet du bassin du
gourou (financé par l’Etat et la Banque africaine de développement), Anne
Ouloto estime qu’il est également du devoir des Ivoiriens de participer à sa
protection. Hélas, une chose que les chauffeurs de wôrô-wôrô (ndlr, véhicule de
transport en commun) déguerpis au niveau du « carrefour Deux-Plateaux »
ne comprennent pas. Tous ce qu’ils veulent, eux, c’est que la ministre trouve
un site pour les recaser. Mais devant ces jeunes furieux, Anne Ouloto est
restée ferme. Cette parcelle est la propriété de l’Etat, un point c’est tout, à
fait savoir « maman bulldozer ». Assez habituée à ce genre de
rencontres houleuses avec les récalcitrants, Anne-Désirée Ouloto a tranché
qu’elle ne reviendrait pas sur sa décision. Un peu plus loin, les autres
syndicats de wôrô-wôrô installés vers Adjamé-zoo, ont chaleureusement accueilli
la ministre qui leur a demandé de prendre soin du gazon planté aux abords des
emprises. Sûrement contents d’avoir été épargnés par le déguerpissement, ils l’ont
rassurée de leur entière collaboration. Mais pour ce qui est de l’interdiction
d’uriner sur la verdure, c’est sûr que ce n’est pas gagné d’avance.
Raphaël Tanoh
Leg : Anne Ouloto veut déguerpir Vridi-Canal.
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