OPERATION EPERVIER "ET SI LA POLICE SE TROMPAIT DE CIBLE..."
Depuis
le début de l’«opération Epervier», la population se demande si cette fois-ci
le phénomène des «enfants microbes» sera ciblé et éradiqué définitivement.
Traqués comme du bétail, les petits
délinquants et autres fripouilles à deux balles d’Abobo et Yopougon courent
éperdument. Pourront-ils seulement se cacher ? Avec un effectif de 3500
hommes, l’«opération Epervier» conçue pour éliminer la racaille semble ne pas
leur laisser de répit. C’est une redoutable machine composite, faite de policiers,
de gendarmes et d’éléments du Centre de commandement des décisions
opérationnelles (Ccdo), tous, gonflés à bloc. Cependant, presque deux semaines après
le début de cette action d’envergure, des zones d’ombres subsistent et obligent
à se poser un certain nombre de questions. Pas sur le bien-fondé de cette opération,
mais sur la méthode. Les soldats investissent les zones dangereuses, raflent,
arrêtent et interpellent des individus potentiellement suspects, pris avec de
la drogue ou des armes blanches. Une fois au poste de police, on vérifie si les
détenus sont déjà fichés. Après avoir pris les empreintes, posé quelques questions,
ceux qui ne figureront pas dans le répertoire de la police et sur qui on ne
disposera pas non plus de preuves suffisantes pour être inculpés, seront aussitôt
relâchés. Mais en fin de compte, ce sont eux les plus nombreux. Les autres ?
Essentiellement des vendeurs et consommateurs de cannabis sur qui on a retrouvé
des boulettes d’herbe. Ensuite, des individus pris avec des armes blanches
(machettes, couteaux et même des paires de ciseaux). Jeudi dernier, alors que
le préfet de police, Kouamé Yao Joseph, annonçait l’arrestation de 170 autres
délinquants, plusieurs dizaines de détenus étaient relâchés dans la foulée, parmi
les 248 premiers pris mercredi. Un haut gradé de la police, en voyant les
parents des détenus attroupés sous la pluie, devant le mur du commandement
supérieur de la gendarmerie au Plateau, ironisera: «Qu’ils souffrent ainsi, comme
ça ces gens feront attention la prochaine fois à ce que font leurs enfants». Le
but n’est pas tant d’emprisonner les gamins mais de donner une leçon aux
parents. C’est plus sur la conscience populaire que les autorités veulent agir.
Pour la majorité des détenus, le dossier ne sera jamais assez solide pour les envoyer
au trou. Sauf dans les cas de vente ou de consommation de drogue. Pourtant, ce
n’est pas là le but premier de l’«Epervier». Une opération de destruction de
fumoirs a déjà été lancée en début d’année. Sur ce point, la police n’est pas
dupe. Les gros poissons, elle le sait très bien, ne se font jamais prendre
pendant ce genre d’opérations. Or, ce sont ceux-là la véritable plaie de la
société, la gangrène à éradiquer. Hélas, ce sont aussi les plus malins. Lorsque
la tempête éclate, ils n’ont qu’à se faire oublier pendant un certain temps. A
Abobo, on se souvient que pendant l’opération «Brise apaisante» en août 2015,
les «enfants microbes» qui sévissaient à la gare et à Samaké avaient su donner
le change. Pendant qu’on les croyait rentrés dans leurs coquilles, peut-être
définitivement, ces bandits s’étaient contentés de quitter leur zone de
prédilection pour aller semer la terreur ailleurs: «Derrière rails», Sagbé. À
Cinécool (Abobo), des hommes comme Solo Biéta, la crème de la pègre, que
beaucoup appellent «le chef des ‘‘enfants microbes’’», passent à chaque fois
entre les mailles du filet. C’est aussi le cas pour de nombreux caïds. Personne
ne veut prendre le risque de les moucharder. Ils procurent, fourvoient,
amassent de l’argent grâce au crime. Ce sont eux, les vrais Ninjas, les véritables
«hommes invisibles». Et quand le brouillard se sera dissipé, une fois de plus,
après le passage de l’«Epervier», ils vont sortir de leur hibernation et se
remettre à propager doucement mais sûrement leurs semences délétères dans les
rues de la capitale.
Raphaël Tanoh
Leg : La police a arrêté récemment des
dizaines de délinquants dans les rues.
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