OPERATION « UN ETUDIANT, UN ORDINATEUR » : Pourquoi la livraison des machines a pris du retard





 
Lancée sur des chapeaux de roue en septembre 2015 par Gnamien Konan, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’opération «un étudiant, un ordinateur», tarde à donner ses premiers résultats.

Accoudé à l’un des murs de la faculté de science-éco, un étudiant coiffé d’un couvre-chef de type militaire consulte l’écran de son ordinateur portable désuet. Ses camarades autour de lui relisent leurs fascicules, parfois assis sur les rambardes qui bordent les halls des amphithéâtres. Sur le gazon, quand elles le peuvent, des étudiantes posent un pagne prévu pour la circonstance et s’asseyent dessus, à l’ombre d’un arbre. C’est un moyen efficace pour réviser tranquillement. Il faut dire qu’à l’université Félix Houphouet-Boigny, ici, la massification est au galop. Près de 6 000 nouveaux étudiants sont venus s’ajouter cette année aux 60 000 apprenants déjà ingérables au sein du campus. On le sait, les amphithéâtres ne suffisent plus. Mais peut-être qu’un jour, il faudra lutter pour mériter même l’ombre d’un arbre sur le gazon.  La solution ? Elle se trouve entre les mains de cet étudiant en casquette: l’ordinateur. En d’autres termes, les Technologies de l’information et de la communication (TIC). C’est dans ce sens que le gouvernement a lancé en septembre 2015, l’opération «un étudiant, un ordinateur». L’objectif étant de doter 10 000 étudiants de machines pour un coût minimal fixé à 51 500 FCfa. Avant de quitter le ministère de l’Enseignement supérieur, le ministre Gnamien Konan était sûr qu’avec un ordinateur, des cours en ligne et une connexion Internet haut débit, l’Etat pouvait résoudre le problème de la massification dans nos universités. Il suffit de former les enseignants à la pédagogie virtuelle, plus le matériel qui va avec. Une idée qui ne passe pas inaperçue, puisque l’Etat, pour aller dans le même sens, décide de valider et de financer le concept de l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire (UVC) à hauteur de 20,2 milliards F. Mais pour que la mayonnaise prenne, il faut que les bénéficiaires de cet outil, les étudiants eux-mêmes, puissent avoir accès à un ordinateur. D’où l’inquiétude actuelle des Ivoiriens. Pourquoi les 10 000 ordinateurs promis aux étudiants dans le cadre de ladite opération ne sont-ils pas encore disponibles ? Et que voulait dire au juste le ministre Gnamien Konan pendant sa passation de charge avec le Prof Bakayoko-Ly Ramata par ces mots: «les étudiants veulent être remboursés» ? A l’Université Félix Houphouet-Boigny, on a vite compris cette allusion. Ce mardi, tous sont unanimes sur un fait: les ordinateurs n’ont pas encore été livrés aux souscripteurs, et bien malin qui saura donner une date. C’est tout furieux, selon Assa Etienne, secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des groupements estudiantins et scolaires (Liges), qu’un groupuscule d’apprenants a voulu se faire rembourser, il y a quelques semaines. Pour calmer les esprits, des rencontres ont eu lieu récemment avec l'Agence nationale du service universel des télécommunications (Ansut). Il s’agit de la structure qui a été désignée pour gérer cette opération. Selon nos sources, le DG de l’Ansut, Jean Euloge Soro-Kipeya, a donné des assurances aux étudiants. «Il nous a notamment dit que les ordinateurs étaient déjà là et que l’Ansut allait procéder très bientôt à leur livraison, confirme Assa Etienne. Mais très honnêtement, nous pensons que si les ordinateurs doivent être distribués, c’est vers le 20 avril que cela aura lieu». Une cérémonie de remise est prévue à cette occasion. Ce qui a fait traîner l’opération ? Une simple divergence de points de vue. Comme il l’avait indiqué le 18 janvier dernier, Gnamien Konan voulait faire un appel d’offres afin de désigner le fournisseur officiel. Mais le dossier a stagné. L’opération étant isolée, le fournisseur qui sera désigné en fin de compte va trouver que le nombre d’inscrits n’est pas suffisant pour qu’il vende ses ordinateurs à 50 000 FCfa l’unité, aussi philanthrope soit-il. L’opération «un étudiant, un ordinateur» est donc finalement couplée à une autre opération du genre: «un citoyen, un ordinateur, une connexion Internet», lancée début 2015. Avec pour marché 100 000 ordinateurs à fournir pour les deux projets, le problème est réglé du côté du fournisseur. Autant de soucis qui ont donc retardé les choses, selon une source proche du dossier. Si tout semble avoir repris, il faut cependant retenir que l’opération n’a enregistré que 1 500 inscrits, au lieu de 10 000, d’après notre informateur. Chose que va confirmer le délégué des étudiants de l’Université Alassane Ouattara, Konan Angelin. «Ce chiffre concerne tous les étudiants des universités publiques», précise-t-il. Qu’est-ce qui explique cette hésitation ? Pour Ali Doumbia, en science-éco sur le campus de Cocody, c’est parce qu’ils n’ont pas confiance. A l’entendre, beaucoup attendent de voir les premières machines avant de s’inscrire. C’est aussi ce que pense l’Ansut. Après la cérémonie de remise des 1500 premiers ordinateurs, la structure pense que ceux qui n’ont pas encore soldé vont s’activer. S’il faut voir pour croire, les indécis seront donc servis !

Raphaël Tanoh

Leg : Ceux qui ont souscrit à l’opération «un étudiant, un ordinateur

tag: « #ETUDIANT#, #ORDINATEUR# »,  #livraison#, #université#

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