Traoré Maïmouna, 'NOS SOEURS VOILEES DOIVENT RASSURER ''




Dans cette interview, la secrétaire exécutive  de la Convention de l'assemblée des #femmes musulmanes sunnites# en Côte d'Ivoire (Cfemsci) demande aux Ivoiriens de ne pas faire d’amalgame.



Pourquoi refusez-vous d’enlever la Burqa en lieu public ?
L’islam dit que la femme pubère à l'égard d'un étranger (personnes autres que son époux, ses enfants, frères et sœurs…ndlr) doit se couvrir le visage. Si vous devez l’enlever en lieu public, autant ne plus la porter.

Mais qu’en est-il une fois à la maison ?
Une fois à la maison, évidemment nous enlevons le voile. Sauf lorsque nous sommes en présence d’une personne étrangère.

Peut-on vraiment dire que le port du voile est lié  seulement aux femmes sunnites ?
Non. Toutes les femmes pieuses peuvent porter le voile. De même que certaines femmes sunnites ne le porte pas nécessairement.

Depuis l’attaque terroriste de Grand-Bassam, avez-vous senti une tension particulière dans vos rapports avec la population ivoirienne ?

Oui. Depuis les attaques de Grand-Bassam, je peux dire sans me tromper que les femmes musulmanes voilées sont la cible de certaines personnes qui les traitent de tous les noms. Elles sont nombreuses celles qui subissent des frustrations dans les lieux publics. On n’hésite pas à traiter certaines d’entre nous de terroristes. Nous ne sommes pas des terroristes ! Nous demandons donc aux populations de ne pas être agressives vis-à-vis des femmes qui se voilent. Que ce soient des agressions verbales ou physiques. Nous leur demandons d’éviter à leur égard tout comportement vexatoire ; de laisser  l’autorité compétente faire son travail. De même, nous demandons à nos sœurs voilées de se rassurer ou de rassurer toutes personnes avec lesquelles elles sont en contact ; de se soumettre à toutes les exigences de l’administration, ainsi qu’aux différents contrôles dans les postes de polices ou ailleurs. Nous leur demandons d’avoir de bons comportements, d’être patientes et endurantes. Car il est écrit dans la sourate 2 verset 52, qu’Allah est avec les endurants.  Nos sœurs doivent être patientes parce qu’au-delà de notre personne, il y a tout une communauté qui est là. Par ailleurs, nous voulons rassurer tous nos concitoyens ivoiriens que nous ne sommes ni de près ni de loin, concernées ou mêlées à ces attaques. Nous condamnons au contraire ces actes inhumains perpétrés à Grand-Bassam. Nous exprimons aux victimes toutes notre compassion et nos condoléances. C’est aussi le lieu d’encourager nos autorités à mettre tout en œuvre sur le plan sécuritaire pour éviter que les attaques de Grand-Bassam se répètent. Mais cela, en assurant à tous la quiétude dans leurs pratiques religieuses. Car, nous constatons que certaines autorités qui sont censées veiller aux libertés religieuses des Ivoiriens, s’associent à des personnes pour bafouer lesdites libertés. Nous sommes dans un état de droit, et au lieu que nos droits soient bafoués sur la base de simples préjugés, il faudrait qu’ils nous soient rétablis, resitués et respectés, à l’instar des autres citoyens.

C’est donc un amalgame pur et simple que les gens font à votre endroit ?

Beaucoup le savent, mais le font juste pour la provocation. Nous demandons cependant à la population de ne pas faire cet amalgame entre l’islam et le terrorisme. Car l’islam est une religion de paix et non de terreur. La Sourate 5 verset 32 du Coran stipule que quiconque tue un être humain, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité. S’il donne la vie à un être humain, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité. Nous prions Allah pour qu’il protège tous les Ivoiriens car nous nous inscrivons dans le processus d’émergence de notre pays. Nous avons beaucoup de projets pour les Ivoiriens.


Quels sont ces projets ?
Il faut savoir d’abord que la Cfemsci est née le 15 décembre 2013. Et le siège se trouve à Yopougon. Le but de l’association est de valoriser l’islam authentique à travers les principes du Prophète, d’aider nos membres à mieux comprendre la religion. Nous aidons également les femmes à être autonomes, à sortir de la pauvreté. Nous luttons  contre l’analphabétisme des femmes, parce que nous avons le plus grand nombre d’analphabètes dans nos rangs. Nous envisageons de créer un hôpital pour faciliter l’accès des femmes vulnérables aux structures de santé. Nous faisons déjà des dons à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). La structure soutient aussi les malades, aide les veuves à avoir la zakat. Depuis l’existence de la Cfemsci, chaque mois de Ramadan, nous distribuons des kits alimentaires aux musulmans. Nous organisons des prêches, des conférences religieuses. Nous avons organisé récemment une conférence sur l’importance du dépistage du cancer du col de l’utérus.

Avez-vous des fonds pour construire un hôpital ?
La Cfemsci a instauré un projet pour accompagner la construction de l’hôpital. Nous vendons, par exemple, des tickets à nos membres, à 1000 FCfa. La Cfemsci est sur toute l’étendue du territoire. Avec cet apport, nous pouvons récolter des fonds. Mais nous faisons aussi appel à toutes les bonnes volontés qui veulent nous aider.


Que faites-vous pour sensibiliser les populations à mieux vous accepter ?
Nous avons commencé à entrer déjà en contact avec des structures sœurs. Une table ronde est prévue dans ce sens pour que nous réfléchissions sur un certain nombre de comportements que nous devrions observer pour éviter des conflits avec la population. Il faut que nous puissions réfléchir à notre niveau sur ce qu’il y a à faire pour améliorer les choses. Il faut que nous nous auto-éduquions. Ensuite, il s’agira de voir l’approche à adopter pour aller vers la population qui est déjà très réticente à notre égard. Mais nous faisons déjà la sensibilisation de proximité. Nos responsables sensibilisent les présidentes de chaque commune qui doivent faire passer l’information aux autres. Le message, c’est d’entretenir de bons rapports avec le voisinage, d’être patients et courtois. Ensuite Allah ferra le reste.  
Raphaël Tanoh
Leg : Traoré Maïmouna appelle ses sœurs à s’auto-éduquer d’abord.
tag:  #FEMMES VOILEES#, #burqa#, #femmes musulmanes#, #sunnites#, #djihadiste#, #mosquée#, #religion#, #imam#


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