Dr Youssouf Soumahoro, président de l’Associations des Sociétés de collecte d’ordures: "NOUS VOULONS SORTIR DE LA PRECARITE"





Quelques jours après le payement d’une partie de leurs arriérés, le président de l’Associations des sociétés de collecte d’ordures, donne son point de vue sur la politique de l’Etat pour assainir les communes d’Abidjan.


L’Etat vient de payer une partie de vos arriérés. A combien s’élève le reliquat ?
En effet, l’Etat a payé une partie des arriérés de 2012 jusqu’à 2014 qui s’évaluaient à 14,298 milliards FCFA.  Sur cette somme, ce sont 14,2 milliards qui ont été payés. A peu près la totalité. Mais il y a aussi les arriérés sur 2015 qui sont encore en cours de payement et qui se chiffrent entre 5 et 6 milliards. Tous les arriérés étaient évalués à 20 milliards FCFA. Il ne faut pas également oublier les impayés de 2008 à 2011 qui, selon l’Etat, avaient fait l’objet d’un audit qui suit toujours son cours.

Y a-t-il un chronogramme de payement de ces arriérés ?
Le ministère de la Salubrité urbaine et de l’assainissement nous a rassurés sur le payement des arriérés de 2015. Madame la ministre nous a fait savoir qu’elle allait faire l’effort de niveler ces montants.

Au vu de tout cela, peut-on affirmer que le secteur se porte mieux aujourd’hui ?
Avec cette bouffée d’oxygène, le secteur va commencer à se porter bien. Mais il faut que l’Etat respecte ses engagements, notamment le payement régulier des factures. Si cet engagement est respecté, nous allons converger très rapidement vers la modernisation du secteur. Aujourd’hui, il est question aussi d’améliorer les contrats des opérateurs que nous sommes. Nous avons signifié à l’Etat que les opérateurs avaient des contrats précaires et qu’il fallait maintenant aller vers des contrats à moyen termes, 5 ans. Ce qui nous permettra bien sûr d’être accompagnés par les établissements financiers. Le secteur du ramassage d’ordures a constamment besoin de financement. C’est un secteur spécifique. L’ayant compris, madame la ministre s’est engagée à améliorer nos conditions contractuelles. Les différents problèmes de la filière que nous lui avons posés, qui étaient notamment nos payement de facture et l’amélioration des contrats avec l’Etat, ont été bien reçus. Elle a d’abord fait en sorte que nos factures soient payées, et a pris l’engagement d’améliorer les conditions des contrats. Cela va permettre aux opérateurs de renouveler leur flotte, d’être efficaces. Et de mieux participer à la politique de collecte des ordures ménagères.

Parlant justement de cette politique, à quel niveau vous les opérateurs, êtes impliqués ?
Nous sommes impliqués à tous les niveaux. Nous avons estimé qu’il fallait mettre en place des infrastructures de collectes modernes. Ce que l’Etat a compris. Je crois qu’un certain nombre de centres de transfert aux différents pôles d’Abidjan ont été identifiés dans ce cadre : Bingerville, Bassam, Anyama, sur la route de Dabou.

En quoi ces centres de transfert vont-ils faciliter votre tâche ?
Aujourd’hui, les ordures quittent Bassam, Yopougon, Bingerville pour aller à Akouédo. Si ces infrastructures sont mises en place, les opérateurs pourront dorénavant transporter leurs ordures vers les lieux les plus proches.

Au niveau de la capacité, ces centres pourront-ils véritablement relayer Akouédo ?
Nous allons vers une gestion moderne des ordures. Et qui parle de gestion moderne, ne parle plus d’enfouissement. Cette étape devient mineure dans le processus. Qu’est-ce qui se passe avec Akouédo ? Les 3.000 tonnes d’ordures produites par jour sont enfouies dans le sol. Tout le monde est conscient des conséquences de ce mode de gestion sur la nappe phréatique. Aujourd’hui, on parle de tri, de transformation des ordures. Les déchets deviennent comme une matière première pour d’autres produits. Les centres de transfert seront un début, je suppose, dans le processus de la valorisation.

Le rôle des opérateurs va-t-il s’arrêter au déversement des ordures dans les centres de transfert ?
Nous les opérateurs de la filière déchets voulons nous intéresser à la suite du processus.

Avez-vous un projet dans ce sens ?
Oui. Nous voulons un appui avec des partenaires extérieurs qui ont l’expertise dans ce domaine. Ce sont des projets assez-lourds. Nous sommes candidats à cette seconde étape de la gestion des déchets qui va jusqu’à la production de biogaz, d’engrais, etc. Nous sommes en pourparler  avec des opérateurs extérieurs.

La politique de gestion intégrée des ordures est concentrée en aval. Mais en amont, y a-t-il un processus qui est mis en place pour que la collecte soit plus efficace ?
Nous étions tellement pris dans la précarité, dans les problèmes de trésorerie que cette politique d’amélioration a été quelque peu négligée de notre côté. Pourtant nous avons longtemps travaillé là-dessus. C’est dans la mise en pratique que les choses ont tardé. Si les payements sont réguliers, les opérateurs sont prêts à travailler une synergie avec les pré-collecteurs de chaque zone. Et cela va nous permettre de créer de l’emploi. Si un opérateur est payé correctement, il développe tout une politique de pré-collecte, à partir du ménage jusqu’au point de collecte. Nous voulons faire une collecte améliorée et organisée de sorte que tous ceux qui vont collecter les ordures dans les ménages soient bien habillés, identifiés et organisés. Le secteur doit être professionnel. Ce qui a bloqué les choses jusque-là, c’est la précarité dans laquelle nous avons vécu.


Y a-t-il un politique en place pour l’amélioration de vos parcs automobiles qui sont vieillissants ?
Avec cette bouffée d’oxygène due au payement des arriérés, ainsi que l’engagement pris par l’Etat d’améliorer nos contrats, cela va créer la confiance entre nous et nos banquiers. Nous étions déjà en pourparlers et les établissements étaient prêts à accorder des appuis financiers pour que nos infrastructures, nos parcs soient renouvelés.

Il y a aussi la question de l’appel d’offres. L’opérateur choisi pour la gestion des ordures, Wise Solution CDI, n’a pas encore donné signe de vie. Si jamais il devait y avoir un autre appel d’offres, seriez-vous candidats, étant donné que vous aviez été purement et simplement écartés lors des précédents?
Nous pensons qu’il faut capitaliser avec les structures locales. Les experts sont ici en Côte d’Ivoire. On n’a pas besoin d’aller prendre des opérateurs ailleurs. Mais, le problème a toujours été la question du financement. Wise Solution, pour venir travailler avait besoin de 7 milliards FCFA avant de débuter les travaux. Cela n’a pas pu être fait. Pendant ce temps, l’Etat devait 20 milliards aux opérateurs que nous sommes. Que faut-il faire ? La solution c’est de travailler avec ceux qui sont déjà là. Nous n’avons pas besoin des Américains ou des Chinois pour venir gérer les déchets ici. Il faut faire confiance aux Ivoiriens. C’est à nous de développer une politique de sous-traitance. Les gens ont fait trop de sacrifices dans ce secteur pour qu’on puisse les remercier de cette façon.

Est-ce pour tous ces sacrifices que vous avez été primé, fin Février, lors la 3ème édition du Marché et Awards des transports de l'Afrique de l'Ouest (Matao)?
Tous les grands du transport ont été honorés ce jour-là. Nous avons eu le prix de la meilleure entreprise de transport dans le domaine de la salubrité en Côte d’Ivoire. Nous, c’est-à-dire, la société Ivoire Eco Environnement que je dirige. Mais à travers ce prix, c’est tout le secteur de la salubrité qui a été récompensé. Et comme je le disais, il faut compter avec nous. Nous avons géré des périodes difficiles avec parfois 8 mois d’arriérés, sans jamais arrêter le travail. Certes, la qualité s’en est ressentie sur le terrain, mais nous avons tenu bon. C’est avec nous que la santé des Ivoiriens commence. Un environnement saint les éloigne forcement des maladies.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Leg : Youssouf Soumahoro demande à l’Etat de faire confiance aux Ivoiriens.

tag: #RAMASSAGE#, #ORDURES#, #MENACEES#", Dr #Youssouf  Soumahoro# 

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