BAGARRE A LA MACHETTE A ABOBO-BOCABO, LA VERITE
Abobo
fait encore parler d’elle. Dimanche, une attaque rangée entre jeunes de «Bocabo»,
un sous-quartier de ‘’#Derrière rails#’’, a entraîné un mort et une psychose
généralisée.
La voie principale qui coupe le quartier
en deux est jonchée de débris de verre. Des pierres et quelques bouts de bois
sont épars sur l’asphalte qui, lui-même, présente des marques de chocs par
endroits. Aux abords de cette voie poussiéreuse, plusieurs véhicules sont
immobilisés. Les pare-brises, les rétroviseurs ainsi que les vitres des
portières ont été émiettées. Dans certaines voitures, le poste radio manque. En
parcourant la voie, difficile de voir les policiers camouflés sous ce qui doit
être des bistrots abandonnés. C’est peu dire, Abobo-Bocabo donne la chair de
poule, ce lundi matin. Situé après les rails, le quartier a été secoué dimanche
par une violente bagarre entre jeunes. La machette, les gourdins et les
cailloux ont plané. Le bilan, selon une source policière, fait état d’un mort
et de plusieurs blessés. Mais les rumeurs circulent. Il y aurait eu environ
quatre décès; cette bagarre serait l’œuvre des ‘‘enfants microbes’’. Ce matin,
sur les visages marqués des habitants, on peut lire de la méfiance, mais
surtout de la peur. A l’entrée sud du quartier, en face du quarteron de
policiers qui monte la garde dans une cabane érigée en bordure de la route
principale, des jeunes gérants de cabines sont silencieux. Ils n’ont rien vu,
disent-ils, après avoir remarqué que les agents de sécurité les surveillent
d’un œil suspicieux. Un peu plus loin, devant un atelier de réparation de postes
téléviseurs vandalisé la veille, les jeunes du quartier réunis, nous attendent.
Ils sont choqués, furieux et prêts à en découdre. Parmi eux, O. Mahelé pense à
la bagarre de dimanche dans laquelle, celui qui était comme un frère pour lui a
perdu la vie: Dagnogo Vassiriki. Le garçon avait 26 ans. Tout a commencé aux
environs de 9 h, selon Mahelé. Vassiriki tenait son petit kiosque de café noir
quand il a vu, en même temps que tout le monde, une horde de jeunes déferler
dans le quartier, tels des fourmis magnans. Ils sont plus d’une cinquantaine,
armés de machettes, de couteaux et de gourdins. «Les enfants et les femmes ont
fui», explique-t-il. Mais à Abobo-Bocabo, les jeunes sont eux-aussi des durs à
cuir. Et ils n’aiment pas voir d’autres gars débouler chez eux pour venir faire
la loi. «Vassiriki a donc voulu savoir ce qui se passait. L’un d’eux l’a
brutalisé. Il a voulu répliquer et les autres lui ont presque tranché le cou
avec une machette», ajoute Mahelé.
Une
affaire de règlement de compte
Jusqu’au moment où nous mettions sous
presse, le corps de Vassiriki se trouvait encore à la morgue d’Anyama, selon
ses proches. D’après les explications des jeunes, la horde de délinquants s’en
prend à tout ce qui se trouve sur son passage. Les véhicules stationnés sont
attaqués, les magasins dévalisés. Dans cette mêlée, Ibrahim C., alias Logros,
est pris à partie. «Il a reçu un coup de machette qui lui a presque fendu la
tête », fait savoir K. Adama, dit Adamo. Quand ils arrivent sur lui,
d’après le garçon, les agresseurs sont étonnés qu’il n’essaye même pas de fuir,
alors que les autres ont pris la poudre d’escampette. Alors, ils le passent à
tabac. Adamo parvient à échapper de peu à la lame d’une machette. Et s’enfui
sans demander son reste. Logros, lui, est conduit à l’hôpital général d’Abobo. Sa
famille s’est rendue à son chevet. Selon l’un des frères, les jours de Logros ne
sont plus en danger. Un commerçant du quartier, nommé Oumar est également
blessé et conduit à l’hôpital. «On nous a dit que les gendarmes ont abattu l’un
des jeunes, mais nous ne l’avons pas vu», se montre prudent, D. Moustapha. Une
information que n’arrivons pas à vérifier également. Mais ce lundi matin
encore, une grande question demeure : qui sont ces jeunes et pourquoi ont-ils
attaqué «Bocabo»? A la première interrogation, la population répond qu’ils
viennent de trois sous-quartiers qui côtoient «Bocabo». Il s’agit de «Gorgé»,
de «Dynamo» et de «Ninja». Des noms qui en jettent. Que voulaient-ils? Un
règlement de compte, disent-ils. Samedi, ils avaient eu affaire aux jeunes d’un
autre sous-quartier environnant : «Jamaïque». Le problème, explique nos
interlocuteurs, c’est que les gros durs de «Jamaïque» leur ont fait mordre la
poussière. Alors, ils sont revenus, dimanche, shootés à l’adrénaline pour la
revanche. Et ils n’ont pas lésiné sur la quincaillerie: une centaine de
machettes. Sauf qu’il y avait un hic. Lorsqu’ils ont entamé la bagarre, d’après
les explications, les assaillants ont eu l’impression que certains jeunes de «Bocabo»
étaient dans les rangs des bagarreurs de «Jamaïque». Ils les ont donc pris en
chasse jusqu’à «Bocabo». Et c’est là que tout a dégénéré. Le 21ème
arrondissement qui se trouve à quelques encablures n’a pas pu faire
grand-chose. Afin d’éviter une autre attaque pressentie ce lundi, deux cargos
de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) ont été dépêchés sur les lieux,
soutenus par une patrouille du Centre de coordination des décisions
opérationnelles (Ccdo). Bocabo est donc sous haute surveillance.
Raphaël Tanoh
Leg : C’est à l’aide de machettes
que les assaillants ont fait des victimes.
tag: #BAGARRE# , #MACHETTE#, #microbe#
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