#FRONT SOCIAL#: LE RETOUR DES VIEUX DEMONS




Front social : le retour des vieux démons

On ne fume plus le calumet de la paix. Depuis quelques mois, le mot ‘‘grève’’ a refait surface dans le vocabulaire des Ivoiriens. Alors que le climat semblait s’être apaisé, les mouvements d’humeurs se font de plus en plus entendre au sein de l’administration.
Les universités publiques sont prises en otage. Après une semaine de paralysie, la Coordination nationale des enseignants-chercheurs (Cnec), section Cocody, menace de reconduire la grève si le 6 février prochain, le Premier ministre ne parvient pas à les convaincre. Cette fois-ci, le mouvement risque de s’étendre à toutes les universités publiques du pays, puisque la Cnec nationale, dirigée par Pr Ouattara Mamadou, entrera dans la danse. Pour ces enseignants, le paiement des primes de recherche, des arriérés liés à la revalorisation des salaires, le règlement des primes de logement, etc., sont devenus une véritable obsession. Mais il faut surtout espérer que les syndicats d’étudiants ne leur emboîtent pas le pas, d’ici là. Ramenée à la raison après avoir bloqué les cours dans les universités et grandes écoles, en mi-janvier, la Renaissance estudiantine et scolaire (Rets) est aux aguets. Son porte-parole, Paterne Gbocho et ses camarades, ont les yeux rivés sur le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à qui ils ont laissé un délai pour donner satisfaction à leurs revendications. Il s’agit de la rétrocession des cités universitaires aux étudiants, de la gestion transparente des bourses des étudiants,  de la baisse des droits d'inscriptions dans les grandes écoles. Si rien n’est fait, selon Gbocho, le prochain cri de guerre ébranlera tout le secteur de l’enseignement supérieur et même de l’Education nationale. C’est donc une autre bombe à retardement qu’il faudrait désamorcer avec subtilité. Alors qu’on la croyait épargnée, l’Ecole normale supérieure (Ens) d’Abidjan a connu, hier, sa première fermeture. Offusquée par le dialogue de sourds qu’elle mène avec les autorités, la Cnec, section Ens, a déterré la hache de guerre pour trois jours. Dr N’Guessan Kouamé, le secrétaire général de la cellule, estime que les choses pourraient se corser si au terme de cette grève, ils ne voient rien de concret. Ce sera alors un coup de poignard à un secteur déjà à genou. On pourrait presque croire à un acharnement. Hélas, le ministre de l’Enseignement supérieur, Gnamien Konan, n’est pas le seul à se faire du mouron en ce moment. Son homologue de l’Education nationale et de l’enseignement technique, Kandia Camara, se penche depuis quelques semaines, sur une pile de dossiers.
La Santé et la Justice dans la danse
Certains documents sont relatifs au  Syndicat des instituteurs pour une nouvelle vision en Côte d’Ivoire (Sinoveci). Ces enseignants revendiquent une amélioration du statut des instituteurs adjoints. Ils ont tenté, le 19 janvier, de paralyser quelques établissements à Cocody et à Yopougon. Même si la grève n’a pas été un réel succès, Gbongue Sahi Théophile, le secrétaire général du Sinoveci, ne compte pas lâcher l’affaire. Ils sont en discussion avec les autorités pour trouver un terrain d’entente. Au centre des négociations : le traitement salarial. Les instituteurs adjoints doivent bénéficier de la même grille salariale que les instituteurs ordinaires, selon M. Sahi. C’est cela ou rien ! Kandia Camara est parvenue jusque-là à les tenir en laisse, vu qu’ils ne représentent qu’un faible quota des enseignants du primaire. Mais d’autres syndicats sont en embuscade. La plus inquiétante de toute, c’est le Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (Midd).  Après avoir déposé, le 17 décembre, un préavis de grève visant à obtenir du gouvernement le paiement intégral des arriérés dus au titre des indemnités de logement et de bonification indiciaire, etc,  le Midd, a suspendu son mot d’ordre de grève le 15 janvier dernier. Alors qu’ils s’apprêtaient à secouer les établissements primaires, les 19 et 20 janvier, Mesmin Comoé, Sg du Midd, a estimé qu’il fallait laisser une chance aux discussions. Mais les instituteurs donnent un mois aux autorités pour trouver une solution à leurs problèmes. Avec l’éternelle question des arriérés de salaires des enseignants qui plombent déjà le privé, l’Enseignement supérieur et le secteur de l’Education nationale semblent en sursis.  Au département de la santé, on n’est pas mieux loti. Le 6 janvier, les enseignants de l’Institut national de formation des agents de santé (Infas), ont interrompu les cours pour réclamer le paiement des arriérés de prime d’encadrement de mémoire, ainsi que des primes d’enseignement qui remontent à 2012. Pour l’instant, l'Association des professeurs de l'Infas (Api), dirigée par Kouadio N'guettia, est en pourparlers avec le ministère de la Santé.  Mais dans ce climat délétère, il faut craindre un réveil du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé en Côte d'Ivoire (Synacass-CI), également en embuscade et très vigilant. Ernest Atté Boka, le Sg du Synacassi-CI, avait prévenu lors d’une rencontre   avec le Premier ministre le 29 décembre dernier, sur la Couverture maladie universelle (Cmu) : « Avant la mise en œuvre de la Cmu, il y a des problèmes sous-jacents qu’il faut régler ». Mais que veulent les acteurs de la santé? Le règlement du profil de carrière des infirmiers, des sages-femmes et des aides soignants. De quoi troubler le sommeil des autorités ivoiriennes.  Comme pour ne pas arranger les choses, mardi, les agents pénitentiaires ont débrayé. Ils veulent le paiement de la prime de contagion, la prime para-militaire, le complément de la prime de sujétion et le reliquat de la prime d’installation à hauteur d’un million F.Cfa pour chacun des 2000 nouveaux gardes pénitentiaires (ex-combattants). Le ministre de la Justice, Coulibaly Gnénéma a reçu mardi à son cabinet, les organisations professionnelles de l’administration pénitentiaire. Mais la rencontre a accouché d’une souris. C’est que les dossiers s’accumulent sur la table du ministre. La grève de trois jours déclenchée fin janvier par la Coordination des greffiers de Côte d’Ivoire sur toute l’étendue du territoire national, pour demander l’indemnité de logement, la prime de sujétion et à la prime de responsabilité, n’est pas totalement passée. Les discussions sont toujours au même point. Avec cette tension et en considérant les mouvements d’humeur de certaines Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), en novembre dernier, pour réclamer leurs arriérés de soldes, on se pose des questions. Pourquoi tous à la fois et pratiquement dans la même période ? L’Etat peut-il résoudre toutes ces revendications maintenant ?  Doit-on nécessairement faire la grève pour être entendu?  
Raphaël Tanoh
Leg : Depuis quelques mois, les grèves et les menaces de grève entravent le bon fonctionnement de l’administration ivoirienne.

  
















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