imam #Bredji#de la #Maca#: "POURQUOI IL Y A TROP DE #FETICHEURS# EN CÔTE D'IVORE"
Dans
cette interview, l’imam de la mosquée de la Maca aborde les questions sensibles
telles que le fétichisme et le phénomène des ‘’microbes’’.
El
hadj Moustapha Sonta, khalife général de la tidjaniya en Côte d’Ivoire, entame
une tournée ce week-end à l’intérieur du
pays. Quel est le but de cette visite?
Le guide spirituel el hadj Moustapha Sonta,
a été nommé depuis 2000 comme le khalife général des Tidjanes. Il a pour mission de
rassembler et unifier la Tariqua. Chaque fidèle de la tidjaniya a son maître
spirituel. Mais tous les maîtres doivent s’unir, parce qu’ils ont tous un seul grand
maître. Chacun doit savoir ce qui se passe chez son frère. Et nous ne serons
efficaces que si nous sommes ensemble. C’est la lutte que mène le guide, el hadj
Moustapha Sonta depuis sa nomination. Sa tournée avait débuté il y a quelques
années, mais la crise postélectorale a empêché le Cheick de la poursuivre. Aujourd’hui,
le pays est unifié, la paix pointe à l’horizon et chaque membre de ce pays essaye de travailler pour l’émergence à l’horizon
2020. La tidjaniya ne doit pas rester en marge. Le khalife va donc reprendre ses
sorties afin de donner des informations utiles à ses frères tidjanes de l’intérieur.
Et nous avons choisi cette fois-ci deux grandes villes : Daloa et Bouaké.
Pourquoi
ces localités?
Le choix de Daloa est dû au fait que le
père de notre khalife avait nommé un grand Moukadam (élève) dans cette ville, du nom de Samassi Ismaël, qui est décédé. N’ayant pas pu prendre part aux funérailles,
c’est donc un devoir pour le Cheick de présenter ses condoléances à la famille
Samassi. Il va en profiter pour informer les fidèles tidjanes et créer ce que nous avons appelé, « le conseil des Moukadams ». Ce conseil consistera à rassembler les Moukadams en vue de
coordonner leurs différentes actions. A l’arrivée du roi du Maroc, Mohamed 6 en Côte d’Ivoire, la tariqua tidjaniya a
eu beaucoup d’avantages. Le royaume nous a fait des faveurs pour tous nos déplacements
et nous avons signé un accord. Alors, il faut que les fidèles soient informés de tout cela.
Comment
doit-on percevoir la tidjaniya en Côte d’Ivoire ?
Avant, chaque maître était caché dans
son coin. Mais aujourd’hui, la tidjaniya occupe une place importante dans la
communauté musulmane ivoirienne. Et nous ne voulons pas que ces maîtres soient
dispersés. C’est pourquoi le khalife lance cet appel à tous les Tidjanes pour
qu’ils sachent que nous sommes les branches d’un même arbre.
Y
a-t-il des conditions particulières à remplir pour devenir Tidjane ?
La tidianiya est une école spirituelle.
Et on ne peut pas entrer dans une classe sans un règlement intérieur. La première
condition pour être tidjane, c’est être musulman. Ce n’est pas un islam bis. La
tidjaniya est réalisé à l’intérieur de l’islam. C’est une école où on soigne
les grandes maladies que l’âme a épousées et que les médecins ne peuvent pas
soigner : la jalousie, par exemple, l’orgueil, la méchanceté, la haine… L’âme
a besoin d’être guérie. La tidjaniya est donc l’école dans laquelle on la
soigne pour la rendre pure. La tidianiya permet au musulman de vivre son
islamité sans complexe et de comprendre pourquoi il est musulman.
Alors
que le Cheick se rend à l’intérieur du pays, on assiste à un retour en force du
fétichisme dans cette partie de la Côte d’Ivoire. A quoi attribuez-vous cela ?
L’adoration des fétiches est due à une
maladie, celle de l’âme. Et quand cela survient, nous ne reconnaissons plus Celui
qui nous a créés ; nous recherchons la force ailleurs(…) Comment peut-on s’humilier devant une entité autre que Dieu?
Dieu a créé tout ce qu’il y a entre ciel et terre pour nous, les hommes. Et
lorsque vous laissez le créateur pour adorer une créature, c’est une maladie. Notre
devoir en tant que Tidjane est de soigner cette maladie. Mais seul celui qui
reconnaît l’unicité de Dieu peut comprendre notre message et savoir qui est le
créateur. Parce que c’est à la recherche d’une grandeur, qu’on se met à adorer des
dieux et donc les fétiches. Il faut comprendre que si la mort existe, les
fétiches ne peuvent pas nous sauver.
Vous
êtes l’imam de la Maca et il y a un phénomène qui ne vous est pas
inconnu : les enfants ‘’microbes’’.
A quoi attribuez-vous ces agressions barbares à la machette auxquelles
se livrent ces gamins ?
En effet, je cerne mieux le problème que
quiconque. Cela fait 18 ans que je suis imam de la mosquée de la Maca, où je rencontre
ces enfants-là ; je les écoute et je prie avec eux. Je crois que la première raison qui explique
ces actes est le manque d’éducation de base. C’est grave lorsqu’une fille ou un garçon de six ans, censé être à
l’école, vend des papiers kleenex à la gare de wôrô-wôrô (Ndrl, véhicule de
transport en commun). C’est l’âge de l’éducation. Et par ce geste, nous faisons
de ces enfants, d’atroces machines. Je dis donc que les parents ont démissionné.
Pourquoi inciter des enfants à aller chercher de l’argent et pas le savoir ?
Chacun de nous est comme un berger, a dit le prophète Mohamed. Chaque parent
sera interrogé sur la manière dont il a dirigé son troupeau. Un enfant, dès le
bas âge, doit connaître Dieu. Mais au lieu de cela, on les lance dans la rue. Cependant,
il ne faut pas exclure que la pauvreté est aussi à la base de cette démission. Beaucoup
de parents n’arrivent pas à gérer faire
face à leurs charges. Mais quoi qu’il en soit, c’est un manque de confiance et
de foi en soi. Nous demandons donc aux parents de se réveiller.
Cela fait plusieurs mois que le virus Ebola sévit en
Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire est jusque-là épargnée. En tant que
religieux, quel regard portez-vous sur cette épidémie ?
Ebola n’est pas un phénomène nouveau en
Côte d’Ivoire. En 1996, cette maladie s’était déjà signalée. Ebola est un
phénomène de manque d’expérience. En tant que croyant, je mets cela sur le
compte d’une épreuve. Il faut prier. Le prophète a dit que toutes les maladies
ont un remède, sauf la mort et la vieillesse. Il ne faut pas effrayer les gens,
il faut au contraire leur donner l’espoir qu’on peut en guérir.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Leg : Brédji Ibrahim appelle les Tidjanes
à venir écouter le guide spirituel Sonta (en médaillon).
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