Abobo, Cocody, LE DESORDRE REVIENT
Rasé fin 2012,
l’ancien marché d’Abobo-gare semble avoir été abandonné à son propre sort. Les
vieilles tôles qui entourent l’espace déguerpi commencent à être volées une à
une. La broussaille qui y pousse fait dire à certains commerçants que l’Etat
les a «chassés» pour rien. S’il n’y avait pas eu ces tôles, ils jurent qu’ils
seraient revenus s’installer. N’est-ce pas d’ailleurs ce qu’ils font devant la
mairie et tout le long des trottoirs? Les vendeuses de fruits, de vêtements et
d’articles divers ont repris leurs droits. Difficile d’aborder l’entrée de la
mairie sans buter contre l’une d’elles. Assises à même le sol, débout ou
déambulant avec leurs marchandises, ces filles bravent depuis bien longtemps la
police municipale et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Aussitôt
délogées, elles reviennent avec leurs étals, plus galvanisées. La nuit, tout le
périmètre de la mairie prend l’allure d’un marché. Depuis le déguerpissement
musclé mais réussi de 2012, les autorités se prélassent dans une sorte
d’autosatisfaction. Pendant ce temps, le désordre se réinstalle, s’enracine, et
risque de nécessiter encore l’intervention de l’armée. La même menace pèse sur
le Boulevard Nangui-Abrogoua à Adjamé. Assainie en février 2014, cette voie
légendaire de plus d’un kilomètre donne du fil à retordre au lieutenant Diaby
Kassi et ses hommes. Doucement mais sûrement, les commerçants envahissent à
nouveau les trottoirs. Si devant la mairie jusqu’au «Forum des marchés», la route
paraît plus aérée, les choses se gâtent à mesure qu’on approche la mosquée.
Longeant les bordures de la chaussée ou
installés avec des brouettes, des petits malins jouent au chat et à la souris
avec la brigade de la marie. Au début, le chat n’hésitait pas à griffer ou
mordre pour défendre son gagne-pain. Maintenant, il préfère se cacher à la
moindre alerte. Pour autant, la surveillance n’est pas infaillible. Le
Boulevard Nangui-Abrogoua est trop
vaste, trop long, trop bouillonnant pour être contrôlé par la seule brigade de
la mairie d’Adjamé. Impliquée dans les premières heures du déguerpissement, la
police s’est aussitôt retirée lorsque le suivi a débuté. Hélas, c’est l’éternel
problème. A Cocody, devant l’église Saint-Jean, tout comme au grand carrefour
de Koumassi, le manque de suivi incite les commerçants à revenir.
Raphaël Tanoh
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