CES #QUARTIERS #QUI #SENTENT MAUVAIS#
Le comportement insalubre des populations vis-à-vis des #ouvrages
d’assainissement# public se retourne le
plus souvent contre elles. Beaucoup de personnes sont obligées de supporter les
mauvaises odeurs après s’être mal raccordées aux ouvrages.
Depuis
que le bitume longe sa villa au Mahou (Cocody), C.L. passe plus de temps sous les
cocotiers qui bordent les murs de son domicile. Chaque soir, ce retraité très à
cheval sur les questions de propreté, déplie son siège pour admirer la vue. Les enfants rentrant de l’école, l’activité
commerciale sur le trottoir, la circulation, etc. Jusqu’au jour où une odeur innommable
est venue tout gâcher. Un relent si
abominable qu’il fait penser aux exhalations d’une latrine ouverte, selon C.L.
« Ça nous dérange énormément »,
se plaint-il. Vérification faite, il s’agit de l’eau usée d’un regard situé
devant le mur du groupe scolaire Adama Sanogo. La traînée par de là, serpente
les habitations du quartier, pour se déverser dans le caniveau devant la maison
de C.L. Et cette odeur putride ! Pour s’en défaire, le sexagénaire mène
ses enquêtes et découvre qu’il s’agit en fait du regard où se sont raccordés les
résidents d’un immeuble à quelques encablures de là. Le raccordement n’a pas
été fait comme il fallait. Puisqu’aucun agent de la Société de distribution
d’eau de Côte d’Ivoire (Sodeci) n’a été sollicité. Ce qu’on pourrait ainsi
qualifier de « branchement anarchique » a donc entraîné, au fil du
temps, l’engorgement du regard, la cause de la fuite d’eau usée. Monsieur D.,
le propriétaire de l’immeuble en question a été contacté. Après avoir eu des
échanges avec les responsables de la direction régionale Abidjan nord de la
Sodeci, il s’est résolu à déboucher le regard. L’écoulement s’est arrêté.
« Mais, par moments, il reprend et nous importune », fait savoir C.L.
En réalité le problème est plus profond qu’un simple débouchage. Et le cas de
monsieur D. n’est que l’arbre qui cache la forêt. Dans le même quartier,
derrière les entrelacs d’habitations, le problème des « raccordements anarchiques »
se pose avec une telle acuité qu’il finit par indisposer ceux-là même qui en
sont responsables. « De nombreuses personnes ont construit des maisons
sans se raccorder correctement aux ouvrages d’assainissement public »,
indique un agent de la direction régionale Abidjan nord de la Sodeci, qui est
intervenu pour le problème de Monsieur D. Le raccordement se fait n’importe
comment, dit-il. Avec parfois des diamètres de tuyau peu appropriés pour les
lotissements. Et quand ce n’est pas sur les regards, c’est sur les
canalisations qu’on se branche, ou même la broussaille, fait-il savoir. La
raison ? Beaucoup veulent éviter de payer les frais de raccordement.
Pourtant, ajoute notre interlocuteur, cela n’excède pas les 200.000 FCfa, avec
les subventions de l’Etat à hauteur de
50%. Le Mahou n’est cependant pas le seul quartier concerné par le phénomène. A
Adjamé, la clôture de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) a été percée
pour permettre à l’eau usée qui jaillit des ouvrages bouchés à l’intérieur de
la cour, de se déverser dehors. Les riverains sont à longueur de journée
importunés par les émanations suffocantes.
Autre lieu, même décor. Koumassi, non loin de la paroisse Saint-Etienne.
Devant le pâté de maisons qui foisonnent là, une flaque d’eau glauque oblige
les piétons à marcher sur des pierres pour traverser la route. Ce ne sont pas
les séquelles de la dernière pluie. Mais plutôt l’écoulement d’un regard à
côté, où des populations se sont branchées. L’ouvrage ne comporte pas de fermeture. Quand les eaux usées ne s’écoulent
pas, ce sont les restes de ménage qui sont déversés à l’intérieur. L’odeur fait
couper le souffle. Les moustiques sont également au rendez-vous. Ici, tout est
réuni pour faire un cocktail dangereux pour les riverains. Et on ne peut que
frissonner en songeant aux maladies. Abobo, Treichville, Marcory, etc. Aucun
quartier n’est épargné par cette mauvaise habitude. Pour affronter ce problème,
le ministère de la Construction, du logement, de l’assainissement et de
l’urbanisme mène déjà des campagnes de
sensibilisation, histoire d’amener à un
changement de comportement des populations face aux ouvrages d’assainissement
et de drainage. Surtout, les inciter à s’adresser à la Sodeci pour leur
raccordement. De son côté, le Projet d'urgence
d'infrastructures urbaines (Puiur) a entrepris des opérations de
raccordement des populations aux ouvrages d’assainissement public. La seconde phase de ce programme a
démarré hier dans quatre communes d’Abidjan : Abobo, Adjamé, Cocody et
Treichville. Grâce à l’appui financier de la Banque mondiale, M. Demba Pierre,
coordonnateur du Puiur espère intensifier ces opérations. Peut-être qu’avec le
temps, parviendra-t-il à faire des raccordements anarchiques une pratique d’un
autre âge.
Raphaël
Tanoh
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