Retour de la saison des pluies: LES SITES DANGEREUX TOUJOURS OCCUPES
La
météo annonce la fin de l’intersaison et le début de la saison des pluies.
Alors que le ciel s’obscurcit, la question des quartiers précaires revient sur
les lèvres.
Pour cause : les zones à risques
sont toujours occupées.
Ils sont encore là. Sommés fin 2012 de
quitter leurs maisons, plusieurs résidents des zones à risques n’ont pas bougé
d’un iota. C’est le constat au Banco (Attecoubé), où près d’une vingtaine de
personnes ont péri sous la boue en 2009 à la suite d’un éboulement. Ce matin, la
grande pluie qui s’est abattue sur la capitale économique a complètement
mouillée ce bled enclavé. Derrière, l’énorme montagne de terre friable qui la
borde, menace toujours quelques habitations dont ceux des Basoné, des Touré et
de la famille Fofana. En cas d’éboulement, des tonnes d’argile ravageront leurs
domiciles comme une avalanche. C’est d’ailleurs pour cela que le ministère de
la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme avait fait
marquer leurs murs de rouge. Tous ceux qui sont dans cette situation, ont été sommés
de quitter les lieux après une aide forfaitaire de 150.000 FCFA. Mais depuis mi-2012, que l’opération a été
lancée, quelques « récalcitrants » refusent de partir. Chacun y va de
ses explications. « L’argent ne suffisait pas », affirme Fofana Abdoulaye
qui continue d’habiter sa maison avec ses femmes et ses enfants. Plusieurs
comme lui ont perçu les 150.000 FCFA mais sont restés. Pour d’autres, c’est
différent. « Lorsqu’on faisait le recensement, je n’étais pas là. Et quand
je suis allée à la mairie d’Attecoubé pour m’inscrire, on m’a dit qu’il n’y
avait plus d’argent », se justifie Deni Basonné, une jeune femme dans la
trentaine. Ne sachant que faire, son mari et elle ont préféré rester. A ces
deux types d’explications s’ajoute une troisième beaucoup plus sous-entendue.
« Je suis le propriétaire de ma maison, les autorités ont refusé de nous
dédommager c’est pour cela que j’ai envoyé ma famille habiter ici», explique
Touré Mamady. Dans le budget de 1,5 milliard dégagé par l’Etat pour déguerpir
ces quartiers, 900 millions étaient destinés à la relocalisation des victimes
et 350 millions pour démolition. Rien pour eux les proprios. Alors, certains ont soit loué leur habitation
ou s’y sont installés confortablement.
« Il faut les comprendre, les temps sont
dur», affirme Roger Bamba, un des locataires concernés par la mesure de
déguerpissement. Il se dit bon citoyen et loue l’action de Mamadou Sanogo, le
ministre de la Construction qui vise à protéger, dit-il, les habitants des
éboulements et inondations. Seulement, Roger est un petit malin : après
avoir perçu l’aide financière du gouvernement, il s’est trouvé une maison à
quelques mètres de son ancien domicile marqué au rouge. Quand on lui demande pourquoi, il se prend
pour un philosophe : « seules les maisons marquées en rouge sont
dangereuses. Celle-ci n’est pas marquée au rouge, donc elle n’est pas
dangereuse ».
A Attecoubé, au quartier
« tombé-mort », on ne
philosophe pas, on se plaint plutôt. « Plusieurs maisons ont été détruites
ici, mais pas ailleurs. Il y a beaucoup de quartiers précaires qui n’ont pas
été touchés », reproche Evelyne Konan. Cette dame a vu les bulldozers
débarquer en mi-juillet pour raser une dizaine d’habitations recensés par le
ministère de la Construction comme mal situés. C’était le début de l’opération
de démolition des zones à risques. Et contrairement à Banco, ici, les maisons
ont bel et bien été détruites. Dans le cadre de cette opération, plus de 2.600
mises en demeures avaient été distribuées à Attecoubé, Abobo, Cocody, Yopougon,
Adjamé. Cependant, la phase de démolition a été stoppée nette. Avec le retour
de la pluie, on s’interroge sur le sort des 6.000 familles concernées par cette
délocalisation. Au ministère de a Construction, on est sûr que les choses
vont bientôt reprendre. C’est juste un problème de suivi. Au Banco, par
exemple, il était prévu que des policiers veillent à ce que les maisons
marquées au rouge soient libérées. Aucun flic ne s’est pointé. « Normalement,
il faut démolir ces maisons pour éviter tout problème », indique une
source proche du dossier.
Raphaël Tanoh
Leg : Les quartiers précaires, un
vrai casse-tête chinois pour les autorités.
Commentaires
Enregistrer un commentaire