~Grandes écoles, universités privées COMMENT EVITER LES #FAUX DIPLOMES#
Deux semaines après notre dossier sur les faux
diplômes délivrés par certains établissements supérieurs, les autorités ont
décidé de prendre le problème à
bras-le-corps. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche
scientifique dévoile son plan de bataille.
Dorénavant, il
faudra être vigilant. Toute personne désirant s’inscrire dans l’une des grandes
écoles post-bts ou universités privées du pays doit d’abord s’assurer qu’elle
délivre des diplômes homologués. En tout cas, c’est le premier conseil que
donne Adohi Krou Viviane, la directrice générale de l’Enseignement supérieur. La
Commission de reconnaissance et d’équivalence des diplômes (Creq) qu’elle a présentée,
mardi, est en poste d’observation pour le moment. Du moins, pendant les deux
prochaines années, délai laissé aux établissements pour se mettre en conformité
avant le passage des contrôleurs. En attendant donc que le Creq entre en action,
l’étudiant devra faire preuve de discernement dans un environnement où la
fourberie est légion. Pour l’instant, il n’a que ce maigre recours: joindre si
besoin est le secrétariat du Creq, ou se rendre carrément à la tour A au 9ème
étage. Selon Mme Adohi Krou, les services de la direction de l’Enseignement
supérieur qui s’y trouvent, mettront à sa disposition la liste des
établissements habilités ainsi que les diplômes homologués. Les plus pressés, ajoute
la dg, peuvent consulter le site du ministère de l’Enseignement supérieur, où
des informations utiles sur les écoles sont affichées. C’est dire que les
autorités ont pris conscience du phénomène des faux diplômes post-bts. Le
réveil s’est fait peut-être attendre, mais il n’est pas trop tard vu le
foisonnement des établissements supérieur ces dernières années. 124
grandes écoles privées type bts, 50 grandes écoles privés post-bts, 38
universités privées. Certes, c’est une multitude de choix et de possibilités,
mais autant de pièges à éviter pour le parent d’élève soucieux de scolariser
son enfant dans une école saine. Il n’y a qu’à voir comment les pièges sont insidieusement
dressés sous leurs pas, pour se rendre compte de l’effectivité du danger. En
effet, selon Adohi Krou, les délibérations des travaux du Creq en ses sessions 2009,
2010 et 2012, ont habilité 16 établissements de l’enseignement
supérieur. Ces habilitations permettent à ces écoles de délivrer 57
diplômes homologués pour une certaine période. Il arrive donc que dans un
établissement, un seul parmi ses diplômes soit reconnu. « C’est une
confusion sur lequel beaucoup jouent pour tromper la vigilance de la
population », reconnaît-elle. Par avidité, ces établissements n’expliquent
pas clairement aux apprenants que tous leurs diplômes ne sont habilités. Et ces
derniers perdent parfois de l’argent et du temps avant de découvrir le pot aux
roses. Pour Adohi Krou Viviane, il faut redoubler de prudence d’autant qu’un
diplôme homologué est réévalué après cinq ans. Par exemple, parmi les 57
diplômes habilités pour l’instant par le Creq, 14 ont commencé à être appliqués
depuis la rentrée universitaire
2009-2010. Leur validité prend fin en 2014. 38 de ces diplômes, reconnus
depuis la période 2010-2011, devront être également réévalués après 2015. Quand
les 8 autres, homologués à compter de la rentrée universitaire 2012-2013,
verront leur validité prendre fin lors de la rentrée 2016-2017. C’est comme une
pièce d’identité : une fois la date de péremption atteinte, il faut la renouveler
sinon elle n’est plus valable. Mais au-delà de ses mises en gardes, la question
des prises en charge délivrées par le ministère de l’Enseignement supérieur laisse
perplexe. Certaines de ces aides sont données pour étudier dans des
établissements où les diplômes ne sont pas homologués. « Nous n’avons jamais
délivré de prise en charge dans l’un de ces établissements », soutient
toutefois Doulaye Coulibaly, le Directeur
l'orientation et des examens (Dorex). Quoi
qu’il en soit, le Creq a du pain sur la planche. Il devra protéger tous ces parents
d’étudiants, moins avisés, qui se saignent par fois à blanc pour assurer de
bonnes études à leurs enfants. Soutenue par la
Dorex, Mme Adohi Krou table pour le moment sur la sensibilisation. Elle invite les
établissements à épouser la démarche qualité. Dans certains pays,
regrette-telle, les universités privés luttent pour avoir un label de sorte
qu’il n’est point besoin de mettre à leur trousse des organes de contrôle. En
Côte d’Ivoire, c’est tout le contraire. Le ministère a même été obligé
d’instaurer que chaque établissement soit parrainé par une université publique
avant d’être habilitée. De leur côté, les fondateurs font des pieds et des
mains pour être reconnus, mais c’est dur. Il faut dire que les critères
d’homologation des diplômes ne sont pas faits pour les arranger. Parmi elles, la
qualité des enseignants, le mode de recrutement des apprenants, l’exécution des
programmes, là où certains peinent même à payer régulièrement leur profs. Pour
l’instant, ces écoles et universités privées continuent d’accueillir des
étudiants qui ignorent tout du système. Reste à savoir si au moment venu le
Creq saura frapper dans le tas.
Raphaël
Tanoh
Leg :
Ils sont nombreux, les étudiants qui ignorent tout de l’homologation des
diplômes.
Encadré
Que
vaut le label Creq ?
Créé
depuis 1997, la Commission de reconnaissance et d’équivalence des diplômes (Creq)
n’a été opérationnelle qu’à partir de 2006. Pour Mme Adohi, cette léthargie s’expliquait
par un environnement de l’enseignement supérieur encore embryonnaire.
Maintenant, dit-elle, le milieu a évolué et il faut mettre de l’ordre. « Tous les établissements vont passer au
crible de la Creq », promet-elle. Insuffisant toutefois pour dissiper les
inquiétudes. La plus importante reste la crédibilité de l’organe lui-même. L’opération
d’assainissement des établissements de type bts ayant laissé un arrière goût de
partialité dans l’esprit de certains fondateurs. Mais on rassure du côté de la
direction de l’Enseignement supérieur. « Nous seront très regardant (...)
Le label Creq est transparent (...) Les dossiers sont examinés par des experts.
Nous avons des référentiels. Il y a eu 16 établissements sur environ une
centaine que nous avons habilités. Plusieurs dossiers qui nous ont été
présentés ont été rejetés », souligne la dg pour montrer toute sa détermination
à aller jusqu’au bout de son opération. De plus, ajoute Adohi Krou, son
département a pris l’engagement de former les responsables d’établissements.
Objectif : leur expliquer pourquoi certains de leurs diplômes ne sont pas
reconnus. « Nous faisons en sorte que quand ils échouent à la commission
d’évaluation, qu’ils sachent pourquoi ». Le problème, c’est qu’ils ne
veulent pas échouer.
RT
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