Diomandé Lanciné: LES JEUNES AURONT UN SEUL PORTE-PAROLE
Après l’installation du Fonds national
de la jeunesse (Fnj), le ministère de la Promotion de la jeunesse, des sports
et des loisirs annonce le Conseil national de la jeunesse. Dans cette
interview, Diomandé Lanciné explique les missions de cet organe.
Pouvez-vous
nous dire ce qu’est le Conseil national de la jeunesse ?
C’est un organe consultatif des pouvoirs
publics vis-à-vis des jeunes. Et ce conseil est créé par le décret n°2012-989
du 10 octobre 2012, qui met à la disposition des jeunes un organe qui va
regrouper toutes les compétences, toutes les énergies au niveau de la jeunesse.
Il s’agira de rassembler toutes les préoccupations et impliquer davantage les
jeunes dans la prise des décisions qui les concernent. Les Conseils nationaux
sont aussi une recommandation de l’Union africaine; et la Côte d’Ivoire a signé
la charte africaine de la jeunesse.
L’organe
est-il déjà en place ?
Il est créé, mais nous sommes en train
de l’opérationnaliser. Et donc tel que conçu, il aura des démembrements au
niveau local. C'est-à-dire qu’on aura des représentations au niveau des communes,
des départements, des régions, des districts et de la diaspora. Et après, on
aura le bureau exécutif qui sera élu à partir d’un congrès constitutif. Il
verra l’élection du président national.
Combien
de temps prendra tout ce processus ?
Nous pensons finir en fin mai. Ce sont
les régionales et les législatives qui retardent les choses, parce que nous
n’avons pas envie de faire coïncider les deux évènements. Mais à partir de
lundi prochain, on engage le processus de récemment des électeurs.
Qui
seront ces électeurs ?
Ce sont les citoyens Ivoiriens dont l’âge
est compris entre 16 et 35 ans. Vous comprenez aisément qu’il s’agit uniquement
des jeunes. Donc à partir de lundi prochain jusqu’à fin mars, nos services
déconcentrés que sont les directions régionales ou départementales, vont
assurer le récemment des jeunes.
Ces
services sont-ils déjà en place ?
Oui, le territoire ivoirien est couvert
par ces directions régionales et départementales.
Comment
va se faire le récemment ?
Le Conseil national est composé des
organisations de jeunesses. Chaque citoyen qui répond aux critères d’âges, ira
selon sa sphère de résidence, se faire inscrire à la direction régionale ou
départementale. Il va bien sûr montrer une pièce d’identité pour justifier
qu’il est jeune. Mais en plus, pour être électeur, il faut disposer de la carte
jeune.
Les
jeunes vont-ils adhérer?
Ils ont déjà adhéré. Dans le décret, il y a une classification des
organisations de jeunesse. Il y a des organisations d’éducation permanente, confessionnelles,
estudiantines et scolaires. Il y a aussi
des organisations des jeunesses de partis politiques, etc. Tous ces groupes ont
été déjà contactés ; ils adhèrent au décret. Nous avons commencé le
processus depuis décembre 2012. Il n’y a pas de discrimination.
Qui
peut être élu à la tête du Conseil national de la jeunesse ?
Il faut d’abord être Ivoirien et résider
en Côte d’Ivoire à la date de dépôt des candidatures.
Pourquoi
cette précision ?
Parce que les jeunes de la diaspora
auront des représentants. Tous les jeunes Ivoiriens vivant à l’extérieur de la
Côte d’Ivoire sont associés à la mise en œuvre du Conseil. C’est un garde-fou
qu’on met, parce qu’un jeune de la diaspora pourrait être élu, alors qu’il ne
réside pas sur le sol ivoirien. Maintenant, pour être président du conseil
local ou président national, il faut être Ivoirien, être âgé d’au moins 21 ans,
d’au plus 32 ans. Il faut justifier d’une activité professionnelle. On n’a pas
nécessairement besoin d’être fonctionnaire. Donc, quand le récemment va finir
en fin mars, nous allons enclencher le processus de dépôts des candidatures
pour les circonscriptions des communes, des districts des départements, etc.
Puis les élections vont suivre. En début mai, on va enclencher tout le processus
pour la mise en place du Conseil au niveau national. Ça va être un congrès
constitutif composé de délégués issus des communes et des départements. On se retrouvera
avec mille jeunes comme délégués qui vont élire le président lors d’un congrès constitutif pour trois ans non
renouvelables.
Comment
le président sera-t-il payé ?
Les ressources du Conseil national sont
d’abord les droits d’adhésion, il y aura ensuite les cotisations. Comme l’Etat
veut appuyer sa jeunesse, il y aura également une subvention conséquente à la
disposition du conseil. Et cette
subvention qui est inscrite au budget de l’Etat est considérée comme dénier
public. Le président du Conseil national de la jeunesse sera donc soumis aux
mêmes règles de gestion que celles de la gestion des deniers publics.
Qu’est-ce
cet organe va apporter concrètement
à la jeunesse ivoirienne?
Il faut savoir que l’Etat aura un
interlocuteur unique, grâce à ce Conseil national de la jeunesse. Et en même
temps, cela lui permettra de connaître toutes les préoccupations des jeunes. Aujourd’hui,
vous n’êtes pas sans savoir que chaque organisation se lève pour son problème.
Et les actions que le président de la République mène pour les jeunes ne
peuvent être visibles que si les jeunes sont réunis dans un même creuset. Donc au-delà de l’aspect des insertions
socio-économiques, pour nous le Conseil national de la jeunesse est un organe
de réconciliation de jeunes, parce qu’on fait travailler ensemble les
organisations confessionnelles, professionnelles, politiques, estudiantines et
scolaires.
Est-ce
qu’après l’installation du Conseil, les autorités n’auront plus qu’un seul
porte-parole dans le milieu de la jeunesse ?
C’est exact. Celui qui viendra en dehors
de ce cadre, l’Etat ne le reconnaîtra pas. Toutes les préoccupations des
jeunes, leurs considérations, passeront par le Conseil national de la jeunesse.
Et c’est pourquoi après la mise en place du conseil, il y aura un dialogue avec
le président de la République.
Comment
la question de l’emploi va-t-elle être prise en compte avec cet organe ?
Il ne faudrait pas résumer l’action du Conseil
national de la jeunesse à l’insertion économique. C’est tous les éléments qui
entrent en compte dans l’épanouissement du jeune Ivoirien. Le Fonds national de
la jeunesse est déjà un outil sur lequel le Conseil national de la jeunesse va
s’appuyer pour favoriser l’insertion socio-économique des jeunes. Mais il
assurera aussi la formation civique des jeunes, parce que nous sommes
convaincus au niveau du ministère de la Promotion de la jeunesse que cette
formation civique a failli quelque part.
J’invite les jeunesses à s’approprier cet outil. Ça sera leur affaire et
ils en feront ce qu’ils en voudront.
Raphaël
Tanoh
Leg : Selon Diomandé Lanciné,
plusieurs partenaires sont prêts à aider le Conseil national de la jeunesse.
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