Projet Azuréenne: LES POLICIERS PASSENT A LA CAISSE
Un mois après une marche mémorable pour réclamer leurs frais de
souscriptions au projet Auzuréenne de promotion, les policiers passent à
la caisse. Siaka Dosso, le commissaire principal et préfet de police adjoint d’Abidjan,
explique la fin d’une longue série…policière.
Assis devant le gros bureau du préfet de police adjoint, deux hommes sont
occupés à définir une liste de noms. L’un épelle et l’autre valide. En face
d’eux, Siaka Dosso, le commissaire principal, coordonne le travail,
installé dans un fauteuil confortable. Il est le président du comité de suivi
de l’affaire Azuréenne de promotion dans laquelle des policiers qui y ont
souscrit à une opération immobilière demandent à être remboursés après 5 ans
d’attente. Si Siaka Dosso et ses hommes s’activent, cet après-midi, c’est
parce que le payement des frais de souscription des 4.000 policiers concernés,
a débuté depuis plusieurs jours. La semaine dernière, ce sont 337 flics qui ont
reçu leur argent. Environ 300 millions de Fcfa ont été décaissés pour les
satisfaire, selon le commissaire divisionnaire. Cette semaine, ils en
sont à près de 400 policiers payés. « A partir de maintenant, nous allons
prendre 400 policiers par semaine », précise Caire Dosso. Le payement se
fait par chèque barré, et le bénéficiaire reçoit son argent sur son compte
trois à quatre jours après l’opération. Mais tous n’ont pas opté pour le
remboursement. 1.483 lots ont été mis à disposition sur la route d’Alépé par
Azuréenne. Et les bénéficiaires vont les
garder. Ils ont déjà reçu leur lettre d’attribution. D’autres souscripteurs, un
petit nombre, écrivent aussi à l’équipe pour poursuivre l’aventure. Ils
seraient heureux que le promoteur leur trouve d’autres lots. Ceux qui ne veulent
plus en entendre parler sont les plus nombreux. Alors que ces personnes passent
à la caisse dans le silence, une interrogation demeure : comment cette
affaire qui a fait descendre des agents de police, à plusieurs reprises, dans
les rues d’Abidjan, au mois de juin dernier, a-t-elle pu se décanter dans le
calme total, alors que beaucoup l’assimilait à un bourbier dans lequel
les autorités avaient mis le pied? Le président du comité de suivi
explique qu’avant ces évènements, l’Etat
avait déjà décidé de prendre le taureau par les cornes. Le 26 février, un
comité de suivi de 12 membres est mis sur pied, dirigé par lui-même. Son but
est de mener des investigations sur la poursuite de l’opération de
logement des ex-Fds. « Nous avons rencontré la Boad, la BFA, le ministère
de la Construction, de l’assainissement et de l’urbanisme, Azuréenne de
promotion, Sophia immobilier (l’autre société promotrice), les propriétaires
terriens…Tout ceci, pour comprendre », énumère le commissaire
divisionnaire. Mais que vont-ils constater ? Sophia immobilier qui
prétendait détenir des lots, n’en a pas. Selon M. Dosso, depuis 5 ans que
l’opération a été lancée, le promoteur n’avait pas encore de papier attestant
qu’il possédait des terrains. Côté Azuréenne de promotion, les lots existaient
bel et bien : 1.483 lots, soit 165 hectares. Les propriétaires terriens
vont confirmer avoir cédé ces terrains au promoteur. C’est en réalité 345
hectares qu’Azuréenne de promotion a ciblé. Seulement, explique le président du
comité de suivi, il leur restait à purger les droits des propriétaires avant de
recevoir les lots. Ces droits sont estimés à 1,107 milliards de Fcfa.
Les dessous d’une affaire
Le promoteur attendait que les terrains soient mis à la disposition des
policiers, avant de régler ce problème. De fait, Azuréenne de promotion
misait sur un décaissement du Fonds de prévoyance de la police nationale(Fppn). Les investigations
menées par Siaka Dosso et les membres de son comité montrent que les
responsables de cette structure ont écrit au commissaire divisionnaire Mamadou Krouma, le directeur général du Fppn, pour lui faire part de la
situation. Ainsi, le comité de suivi, convaincu de la bonne foi du promoteur, rencontre
Mamadou Krouma. Le Fppn décaisse l’argent,
avec l’accord de la BFA. C’est là qu’un autre problème survient. La BFA,
contre toute attente, affirme qu’Azuréenne de promotion lui doit la coquette
somme de 5 milliards de Fcfa. Donc, elle prend sa part. « La banque qui
avait donné l’assurance de payer les souscripteurs, bloque l’argent »,
note Dosso. On tombe dans un autre bourbier. Le ministère de l’Intérieur est
furieux. On assiste à l’arrestation du directeur général de la BFA et de ses
collaborateurs, ainsi que du responsable d’Azuréenne de promotion. Par la
suite, les responsable de la BFA seront relâchés après qu’il a été constaté
qu’Azuréenne de promotion leur devait effectivement 5 milliards de Fcfa. Mais
le patron de la boîte de promotion immobilière n’aura pas cette même faveur.
L’argent est de nouveau disponible. Cette fois-ci, plus rien n’empêchera les
flics de toucher leurs frais de souscription. « Nous avons demandé à ceux
qui veulent être remboursés de passer à la caisse ». Ceux qui voulaient
poursuivre l’opération, ont eu droit à leur lettre d’attribution de la part
d’Azuréenne de promotion. Certains ont même commencé à faire des champs sur
leurs terrains, selon M. Dosso. L’opération de payement se poursuit et il n’y a
pas de date limite pour le moment. Chaque semaine, un montant est décaissé pour
payer les souscripteurs qui veulent être remboursés. « Tous les policiers
seront payés », rassure le commissaire divisionnaire. L’affaire est
presque bouclée. Mais on ne peut pas en dire autant du côté des militaires, des
agents des eaux et forêts, de la gendarmerie… qui ont également souscrit au
projet immobilier, il y a 5 ans.
Raphaël Tanoh
Légende : Après leurs marches
bruyantes de juin, les policiers touche calmement leur dû.
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