Lieutenant-colonel Mambo Kouao Hervé (Gspmci): IL FAUT FERMER LES BARS DANCING

Après le départ à la retraite du colonel Adama Coulibaly, alias Adam’cool, le nouveau commandant du groupement des sapeurs-pompiers militaires de Côte d’Ivoire (Gspmci), parle de la saison des pluies, du feu, des bars dancing…
Comment se porte le  groupement des sapeurs-pompiers militaires de Côte d’Ivoire depuis votre prise de fonction à sa tête?
Après la crise postélectorale, nous avons perdu énormément de véhicules. En ce qui concerne le personnel, nous avons reçu de nouveaux éléments que nous sommes en train de former. Pour ce qui est des infrastructures, elles ont subi les affres de la crise.

Avez-vous le minimum pour intervenir ?
Nous nous attelons à renforcer notre mobilité. Il y a des ambulances dont nous disposons encore. Nous nous efforçons de les mettre en état de mar­che malgré leurs âges avancés. Ce sont ces véhicules que nous utilisons pour les interventions. Il faut savoir que 80% de nos interventions sont des secours à victimes. En ce qui concerne la couverture incendie, nous disposons de quelques fourgons, qui sont en général des dons du district d’Abidjan. Nous nous efforçons à maintenir une ambulance en état de marche dans chacune de nos casernes à Abidjan. Il s’agit de celle de l’Indénié qui est en même temps l’état-major du groupement, celle de Yopougon et la caserne de la zone 4.  C’est insuffisant pour le moment, mais nous faisons tout pour rehausser la capacité opérationnelle des sapeurs-pompiers.

Envisagez-vous de créer d’au­tres casernes ?
Nous avons un plan d’implantation au niveau de la Côte d’Ivoire. Il s’agit de créer plus de casernes. Seulement, la concrétisation ne relève pas de notre capacité. Puisqu’il s’agit de mettre des infrastructures en place. C’est en cela que je lance un appel aux différents maires de la ville d’Abidjan qui peuvent énormément faire pour leurs populations. Ailleurs, les sapeurs-pompiers dépendent des collectivités locales, mais en Côte d’Ivoire, ils  sont sous l’autorité du ministre de la Défense. Il serait bon que nos différents maires contribuent à la création de casernes de sapeurs-pompiers dans leurs communes et à l’acquisition de matériel d’intervention dans les casernes déjà existantes. Le premier maire qui me met une ambulance et un fourgon à disposition, je mettrai mes pompiers à sa disposition.

Très souvent, on vous accuse d’arriver en retard sur les lieux des sinistres. Quelle en est la raison, selon vous ?
Quand vous prenez Abidjan sud, par exemple, il n’y a que la caserne de la zone 4 pour couvrir tout ce secteur. Et il n’y a qu’une seule ambulance pour toute cette zone. Avec les embouteilla­ges,  c’est généralement difficile d’être efficace. Très souvent, c’est la caserne de l’Indenié qui va en renfort lorsqu’il y a des catastrophes. C’est donc un appel aux maires, il faut qu’ils nous aident. Cela réduira les délais d’intervention. L’idéal, c’est que nous ayons une caserne par commune. Je vous prends un autre exemple. Si à Abidjan sud,  deux feux se produisent, pour le premier requérant, un fourgon partira de la zone 4. Mais pour le deuxième requérant, c’est de l’Indénié que le fourgon partira. Parce qu’en zone 4, on manque de matériel.

La saison des pluies approche, quelle stratégie allez-vous déployer pour voler au secours des populations des quartiers précaires ?
Il n’y aura pas une façon particulière d’intervenir,  cette année. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en toute chose, il y a la prévention, la prévision, ensuite l’action. Nous connaissons les zones à risques à Abidjan, je pense qu’il y a lieu de prendre les dispositions nécessaires dès  maintenant. Il faut  reloger ces populations en danger, leur trouver d’autres sites, ne serait-ce que pour la période des saisons des pluies. Le plan d’assainissement de la ville d’Abidjan existe, il faut qu’il soit respecté. Et ces quartiers empêchent de le faire.

Etes-vous impliqués dans ce plan de prévention ?
Oui. Il y a environ deux mois, avec le directeur général de la protection civile, nous avons visité les zones  à risques. Le service de l’assainissement était de cette visite, avec en tête le préfet d’Abidjan. Il y a des travaux qui sont engagés pour sécuriser ces communes.

Mais le constat c’est que ces travaux ne finiront pas à temps pour empêcher les catastrophes dans ces différents quartiers précaires, cette année. Vous sentez-vous souvent impuissants devant la situation ?
En ce qui nous concerne, nous prenons nos dispositions pour secourir la population. Malheureusement, nous ne pouvons pas arriver à temps sur les sites, parce qu’on nous appelle généralement au moment où la catastrophe a déjà eu lieu. Cependant, nous allons faire l’effort d’arriver sur les lieux à temps avec les moyens dont nous disposons. Le message que je voudrais lancer à ces populations qui habitent les zones à risques, c’est de prendre conscience que la saison des pluies arrive. Elles doivent  se mettre à l’abri.

Outre les quartiers précaires, il y a aussi un autre phénomène qui inquiète. Il s’agit des incendies de plus en plus récurrents dans les bars dancing. Ces boîtes de nuit sont souvent situées dans des quartiers huppés et menacent les maisons environnantes…
Avant l’ouverture de ces bars dancing, il y a une inspection. Et, malheureusement, nous assistons  à l’ouverture de ces boîtes de manière clandestine. Ces bars ne répondent à aucune norme de sécurité. Nous avons un service de prévention qui fait des visites d’inspection, mais nous ne disposons pas de moyens coercitifs pour obliger ces bars dancing à se conformer aux règles.

Allons-nous donc continuer d’assister à cela ?
Il va falloir que chacun prenne ses responsabilités. Ces bars qui ouvrent sans autorisation doivent immédiatement fermer, pour éviter de mettre nos populations en danger. Il faut protéger non seulement ceux qui y vont, mais aussi les voisins. Ceux qui ne sont pas dans les normes doivent fermer.

Toujours concernant les feux, les bouches d’incendie dans les marchés sont très souvent inexistantes, et lorsqu’un feu se déclenche, bonjour les dégâts.
En ce qui concerne les marchés, les bouches d’incendie existent. Malheureusement, l’indiscipline fait que les commerçants construisent parfois dessus. Il arrive que ces bouches d’incendie se retrouvent dans la boutique du commerçant. Je fais donc appel une fois de plus aux différents maires. Ces marchés ont été construits pour accueillir un certain nombre de commerçants. Qu’on s’en tienne à cela.

NB: entretien réalisé en 2012

Réalisée par Raphaël Tanoh

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