Dr AKa Echui Désiré (Directeur général de l’Office de sécurité routière) : LES AMENDES VONT AUGMENTER
Quatre ans après son accession à la tête de l’Office de sécurité routière, AKa Echui Désiré a une nouvelle vision de cette structure.
On constate une recrudescence des accidents de la circulation, après la crise postélectorale. Comment peut-on expliquer cela ?
Il y a trois grandes causes à ce phénomène. D’abord, le mauvais état des routes. Ensuite, le mauvais état des véhicules. Et, enfin, il y a la faute qui incombe aux conducteurs. Par endroits, la dégradation des routes crée des nids de poule. Lorsque les véhicules tombent dans ces trous, ils sont déroutés, et le décor de l’accident est ainsi planté. Il y a aussi des virages dangereux qui sont parfois à l’origine de ces accidents. Il faut construire des routes de plus en plus sûres, en prenant en compte les codes et les normes de sécurité routière. Il faut établir des signalisations horizontales et verticales, réparer les voies dégradées pour que la sécurité accompagne la route. Et je crois que c’est ce qui est en train d’être fait. Concernant les véhicules, très souvent les systèmes de freinage défectueux sont à l’origine des accidents. Sans oublier le système d’éclairage qui ne marche pas correctement, quelquefois. Il y a également les pneus en mauvais état. Enfin, concernant les conducteurs, il faut savoir qu’ils sont à 94% responsables des accidents de la route. On doit donc renforcer la formation dans les auto-écoles, les responsables chargés de délivrer les permis de conduire doivent être plus rigoureux.
Ne pensez-vous pas que la baisse des contrôles routiers en est pour quelque chose ?
Nous ne pouvons pas poster des policiers à tous les coins de rue. Il y a, en ce moment, des tâches plus importantes auxquelles ils sont affectés : la lutte contre l’insécurité. Il appartient aux automobilistes de respecter les codes et les règles de la route.
Disposez-vous de chiffres concernant les accidents de la route, cette année ?
Nous avons eu en moyenne 6.000 accidents pour 600 tués, depuis le début de l’année. Notre souhait, c’est de parvenir à une proportion de 600 accidents pour 400.000 véhicules. Nous avons un taux de gravité de 5 tués dans 100 accidents. En 2000, ce taux était de 6 tués pour 100 accidents.
Parlons du radar. Il est l’objet de polémique. Beaucoup d’usagers pensent que ces appareils sont défectueux ou inexistants sur les routes…
Nous avons eu un premier type de radars qui étaient des radars analogiques dotés d’appareils photos qui flashaient. Ces radars ont fonctionné jusqu’en 2007-2008. Avec l’évolution de la technologie, nous avons été confrontés à des problèmes de maintenance. A ma prise de fonction en 2008, ces radars ont été remplacés par des radars numériques, plus performants. Ces nouveaux appareils n’ont pas besoin d’être à bord d’un véhicule. Nous les positionnons sur les ponts. C’est pour cela qu’on ne les voit pas. Ils ont la capacité de vous enregistrer 5 km avant que vous ne parveniez à leur niveau, et 3 km après.
Ces nouveaux appareils peuvent-ils apporter la preuve de l’infraction sur le terrain ?
Tel que ce type de radar fonctionne, il ne nous est pas possible de vous produire la preuve de votre infraction sur le terrain. D’ailleurs, si c’était possible, cela créerait des problèmes. Imaginez-vous que chaque automobiliste que nous arrêtons conteste et demande à voir sur place la preuve qu’il est en infraction. Il y aurait forcément d’énormes bouchons. Par contre, nous avons une station de lecture ici à l’Oser, où nous enregistrons, chaque jour les images qui viennent du terrain. L’automobiliste qui se plaint est tenu de se rendre ici à la station pour regarder sur l’écran et voir la preuve qu’il était en infraction. C'est-à-dire, l’image de son véhicule avec l’immatriculation, la vitesse et l’heure de la faute, qui vont s’afficher sur un écran.
Est-ce qu’ils viennent vérifier ?
Chaque jour, nous recevons des usagers qui viennent faire des réclamations et nous les envoyons à la station de lecture. Le système a ses limites, c’est vrai. D’ailleurs, nous avons une réforme pour l’améliorer, comme celle que nous voyons dans les pays développés. Dans ce nouveau système, il ne s’agira plus d’arrêter un automobiliste lorsqu’il est en infraction. Celui-ci sera enregistré dans un fichier. Ensuite, il payera de façon automatique lors de sa visite technique par exemple. Nous y réfléchissons encore. Mais le coût de l’amende va augmenter.
De combien ?
Nous l’ignorons pour le moment. Il sera en rapport avec le coût de l’investissement. Il y aura ensuite une pénalité lorsque l’usager ne voudra pas payer.
Le radar doit-il être caché pour surprendre les automobilistes, comme c’est le cas, ou faut-il le montrer pour qu’il soit visible de loin?
C’est un grand débat. Il y a ceux qui pensent que le radar doit servir à décourager les usagers, certains, par contre, croient qu’il doit être indiqué dans les différents tronçons pour que les automobilistes se conforment à la règle lorsqu’ils arrivent à son niveau. En ce qui nous concerne, nous pensons que le radar ne doit pas être indiqué. Car, si l’automobiliste connaît son emplacement, il se contentera de réduire sa vitesse une fois arrivé à son niveau, et dès qu’il le dépasse, il reviendra à sa vitesse initiale. Or, l’objectif de l’Oser est d’amener les usagers à rouler modérément.
La saison des pluies est là, quel message à l’endroit des automobilistes ?
C’est le même message à chaque saison des pluies. Il faut préparer les véhicules pendant ce moment. D’abord, les pneus. C’est le seul élément qui crée l’adhésion entre le véhicule et la route. Mais, quand il pleut, cette adhésion diminue. Il faut donc de bons pneus. Il y a aussi le système de freinage qui doit être révisé. Car, pendant la pluie, la chaussée devient glissante, et le véhicule ne s’arrête pas dès que le conducteur freine. Il ne faut pas oublier également le dispositif de l’essuie-glaces. Parce que la visibilité est réduite sous les averses, et il est capital d’avoir de bons essuie-glaces. Puis, il y a le dispositif d’éclairage. Il faut de bons phares pour ne pas éblouir les autres automobilistes. Sinon, on se met en danger et on met également les autres en danger. Enfin, il faut de la prudence, rouler à allure modérée.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh et N.B (stagiaire)
Leg : Aka Echui a un rêve pour l’Oser.
Intertitre : il faut cacher les radars.
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