Curage de caniveaux, bitumage, etc. LA ROUTE DONNE ESPOIR AUX JEUNES



Lancé symboliquement en  novembre par le président de la République,  les travaux à haute intensité de main d’œuvre ont donné le sourire à des milliers de sans-emploi.

Ils sont des centaines, diplômés, non-diplômés, venus de différents sous quartier d’Abobo, mais tous réunis pour un même but : tenter d’avoir ce boulot qui pourrait être un nouveau départ. De fait, depuis plusieurs jours, l’Agence de gestion des routes (Ageroute) en collaboration avec le Programme d’assistance post-conflit (Papc), a lancé une vague de recrutement de 200 jeunes dans le cadre de son programme des travaux à haute intensité de main d’œuvre (Thimo). Il suffit de voir le long rang qui part de la cour de la mairie jusqu’à un petit bureau du service technique pour comprendre l’engouement que suscite cette action. Abou N’Guessan a  eu vent de l’opération par le biais d’un de ses amis qui travail déjà dans un chantier d’entretien routier. Ce jeune de vingt ans a eu son brevet d’étude du premier cycle (Bepc) avant d’arrêter les cours. Les concours et autres tentatives pour se trouver un emploi ayant fait choux blanc, il vient s’essayer aux Thimo. « Je veux juste avoir un peu d’argent en attendant une meilleure situation », précise-t-il. Il s’est déjà inscrit tout comme les centaines de jeunes qui sont dans le rang. L’opération de ce jour consiste à venir prendre avec des agents de l’Ageroute installés dans une pièce exigüe, un numéro d’identification. Ce qu’il vient de faire. Son numéro, c’est le 387. Dans les jours qui suivent, la structure procédera à un tirage au sort pour retenir 200 personnes. « Je prierais afin que mon numéro soit retenu », promet le garçon. Dans le rang, ceux qui n’ont pas encore retiré le leur, s’impatientent sous le soleil. C’est au tour d’Ali Doumbia. Il entre dans la pièce, muni de sa pièce d’identité. Un des deux agents de l’Ageroute à l’intérieur, prend sa carte, tape sur le clavier de son ordinateur et lui donne un numéro plié parmi tant d’autres contenus dans un carton. Quand il sort, il n’en est pas plus soulagé. « Le plus dur reste à venir, car il faut que mon numéro soit tiré au sort. J’ai besoin de cet argent pour monter un petit projet », indique-il avec anxiété. Ce gaillard d’environ un mètre quatre-vingt n’a jamais eu un seul diplôme dans sa vie. Quand ce n’était pas pour jouer les « gnanbôrô » (chargeurs) dans les gares routières, il était « djosseurs de nama » (surveillant de véhicule) dans les parkings du Plateau. Les Thimo, c’est tout pour lui. Surtout qu’il a appris que, non seulement la paie sera de 2.500 Fcfa par jour, en plus, le Papc  mettra à la disposition de certains un financement de 100.000 Fcfa pour se lancer dans des projets. La vérité, c’est qu’Ali a été informé de la chose un peu trop tard. Comme la plus part de ces jeunes d’ailleurs. Sinon il aurait peut-être fait partie de la première vague du recrutement qui devait prendre en compte 2.500 jeunes mais qui n’en a eu qu’environ 2.020. Cette seconde opération vient compléter ce chiffre. Les plus chanceux qui ont cru au projet dès le début,  sont sur différents chantiers. Comme aux abords de la voie d’Abobo allant de Samaké à la mairie. Leur tâche, déboucher les caniveaux.  Beaucoup, comme Mourlaye Kanté, savourent déjà les biens faits de ce travail. « Je gagne 2.500 Fcfa la journée et nous travaillons presque tous les jours. J’ai donc demandé à ma mère de garder ma paie jusqu’à ce que je finisse le contrat», explique-t-il. Ce sans-emploi d’origine, finit dans six mois comme tous les 2.020 jeunes recrutés dans la première vague. Selon lui, il s’est déjà fait une économie de 250.000 Fcfa. Une somme qui lui permettra d’ouvrir un petit magasin pour vendre des chaussures.  A côté de lui, Michel K annonce fièrement qu’il a ouvert un compte dans lequel son argent est régulièrement viré. Il attend la fin de son contrat, ce mois ci, pour voir ce qu’il fera de sa vie. Son projet : se lancer dans l’élevage de poulets. Pour beaucoup, ce sont les premiers pas dans le monde du travail, le premier salaire, et surtout la première véritable ouverture.
A côté d’eux, d’autres jeunes, qui n’ont rien à voir avec le Papc ont aussi prospéré dans l’entretient des routes. Il faut se rendre à Pk18. Depuis le pont qui mène à ce quartier périphérique d’Abobo, on aperçoit le bras levé d’une pelleteuse qui enfonce ses énormes dents d’acier dans la terre. Nous sommes sur le chantier de l’entreprise Moudelus qui a entrepris depuis quelques mois, la réfection et le bitumage du prolongement de l’autoroute qui longe le quartier. Coiffé d’un casque de travail et vêtu d’un gilet estampillé aux marques de l’entreprise,  Ibrahim Touré se sent fort. Lui, le « sans qualification » qui passait son temps dans les grains, le voilà plein d’ambition. Son rôle sur le chantier, c’est d’empêcher les automobilistes de traverser la voie qui n’est pas encore achevée. Il faut le voir à l’œuvre pour comprendre à quel point ce garçon, âgé de trente ans, tenait à ce job. Il fait rebrousser chemin et dare-dare aux motocyclistes, donne des consignes aux automobilistes et n’hésite pas à réprimande les cyclistes récalcitrant. « On m’a proposé une paye par quinzaine à hauteur de 2.000 Fcfa la journée», explique-t-il. Ib, comme on l’appel, travail là depuis environ six mois et a pu se faire de l’économie. D’ailleurs, précise-t-il, une fois qu’on est dans le circuit, on a toutes les chances de se faire engager dans un autre chantier. Et il compte se faire assez d’argent pour créer son magasin de soudure. Derrière lui, entre la pelleteuse et les camions qui ramassent le sable, d’autres jeunes creusent le sol. Ils ont été embauchés après une demande d’emploi adressée à l’entreprise, pour d’autres, les relations ont joué. Certains de ces ouvriers sont venus de Yopougon et ils trouvent leur plaisir dans ce métier. Que ce soit sur la voie Mahou-Zoo, faite par l’entreprise Ofmas, ou celle du prolongement de l’autoroute, la route fait le bonheur de nombreux jeunes.
Raphaël Tanoh
Leg : les Thimo vont employer 5.000 jeunes.

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