ADJAMÉ: ELLES ACCOUCHENT DANS LES ORDURES
La conjoncture a fait du marché du forum d'Adjamé le nid des vices. Fin 2009, nous publiions un reportage à scandale
sur des mineures qui s’y livrent à une forme de « prostitution à ciel
ouvert ». Aujourd’hui, ces mêmes filles prennent des grossesses en
masse, accouchent et… vendent leurs gosses.
Le dimanche 08 janvier 2012, il est presque 23h quand une fille presque nue, frappe à la porte de l’ONG Cavoequiva, sise à Adjamé-liberté, en face de la maternité Mamie-Thérèse. La structure à but non lucratif fait dans la protection des personnes démunies. La visiteuse nocturne qui le sait, porte une grossesse à terme. Elle va accoucher dans les minutes qui suivent et a urgemment besoin d’aide. Les hommes d’Irié Bi Clément, le président de l’ONG, la conduisent aussitôt à la maternité Mamie-Thérèse. Cette jeune fille y accouchera, avec des déchirures. C'est à Irié Bi Clément de s’en occuper, aux frais de Cavoequiva, qui signifie unissons-nous.
Le dimanche 08 janvier 2012, il est presque 23h quand une fille presque nue, frappe à la porte de l’ONG Cavoequiva, sise à Adjamé-liberté, en face de la maternité Mamie-Thérèse. La structure à but non lucratif fait dans la protection des personnes démunies. La visiteuse nocturne qui le sait, porte une grossesse à terme. Elle va accoucher dans les minutes qui suivent et a urgemment besoin d’aide. Les hommes d’Irié Bi Clément, le président de l’ONG, la conduisent aussitôt à la maternité Mamie-Thérèse. Cette jeune fille y accouchera, avec des déchirures. C'est à Irié Bi Clément de s’en occuper, aux frais de Cavoequiva, qui signifie unissons-nous.
Elles dorment dans les ordures
Leur père ? Elle n’en sait rien. Comment ont-elles accouché, sans prise en charge? "A la maison", dit-elle. Nous savons que ce n'est pas la vérité parce qu'elles dorment sous des hangars de commerces au Marché Gourou, appelés « Maison blanche ». Au dire des commerçants, plusieurs de ces jeunes filles ont accouché au marché ici, parmi les ordures. Ami dément qu’il ne s’agit que d’un seul cas. L’une d'elles qu’on appelle Fatou a créé un scandale récemment au marché, alors qu’elle portait une grossesse à terme, explique-t-elle. Elle a accouché parmi ces box de commerce, sans aucun soin médical. Par miracle, elle et son enfant ont survécu. Mais c’est tout, tente-t-elle de rassurer. Peu après, trois des filles se réveillent. Elles veulent que nous quittions immédiatement les lieux. Et refusent qu’Ami réponde à d’autres questions.
EE
D’où vient cette fille ? A des centaines de mètres de là : au marché du forum d'Adjamé. Là, entre les gigantesques murs de béton des commerces érigés en hauteur, mêlées à la cohue de vendeurs et de clients, elles viennent passer leurs journées. Le premier constat est frustrant. Aucun changement significatif depuis la publication de notre premier article sur le sujet, il y a un peu plus de deux ans. Celles qu’on appelle « bakôrômane », prostituées, ou encore « filles de rue », sont toujours là. A ceci près qu'elles préfèrent maintenant rester discrètes le jour. Mais les commerçants les pointent du doigt à qui veut les rencontrer. « Les voilà couchées là-bas ; tenez, voilà une qui passe avec son enfant…» À l’occasion des fêtes de fin d’année, elles se sont presque toutes faites belles : faux cils, mascara à outrance, rouge à lèvres. Leurs âges varient entre 10 et 17 ans.
D’où vient cette fille ? A des centaines de mètres de là : au marché du forum d'Adjamé. Là, entre les gigantesques murs de béton des commerces érigés en hauteur, mêlées à la cohue de vendeurs et de clients, elles viennent passer leurs journées. Le premier constat est frustrant. Aucun changement significatif depuis la publication de notre premier article sur le sujet, il y a un peu plus de deux ans. Celles qu’on appelle « bakôrômane », prostituées, ou encore « filles de rue », sont toujours là. A ceci près qu'elles préfèrent maintenant rester discrètes le jour. Mais les commerçants les pointent du doigt à qui veut les rencontrer. « Les voilà couchées là-bas ; tenez, voilà une qui passe avec son enfant…» À l’occasion des fêtes de fin d’année, elles se sont presque toutes faites belles : faux cils, mascara à outrance, rouge à lèvres. Leurs âges varient entre 10 et 17 ans.
Bébés
Celles qui attirent le plus l’attention, c’est un groupe de cinq filles, couchées dans un couloir obscur destiné à des cordonniers et de bouchers qui y travaillent. A côté, il y a des ordures qui n’ont pas été ramassées depuis belle lurette et qui traînent leur lot d’odeur, de mouches et des moustiques. Sans compter la fumée dégagée par un barbecue sur lequel des bouchers braisent sans ménagement des pattes de bœuf. Les cartons sur lesquels les filles dorment sont recouverts de pagne, quand elles le peuvent. Mais là n’est pas le drame: à côté d'elles, trois bébés dont l’âge varie entre 3 et six mois, sont totalement exposés. Difficiles de réveiller les filles quand elles dorment. Car, les nuits sont longues. Lorsque le soleil se couche, elles quittent l’endroit. La plupart doivent fréquenter les gares routières et des marchés nocturnes avec tous les risques d’agression que cela comporte, pour se livrer au premier venu. Quand ce n’est pas pour avoir leur pitance quotidienne, c’est sous la contrainte de ceux qu’Irié Bi Clément qualifie de « boy-friends ». C’est-à-dire, des sortes de « gros bras », qui les envoient se prostituer pour ensuite leur arracher la recette.
Celles qui attirent le plus l’attention, c’est un groupe de cinq filles, couchées dans un couloir obscur destiné à des cordonniers et de bouchers qui y travaillent. A côté, il y a des ordures qui n’ont pas été ramassées depuis belle lurette et qui traînent leur lot d’odeur, de mouches et des moustiques. Sans compter la fumée dégagée par un barbecue sur lequel des bouchers braisent sans ménagement des pattes de bœuf. Les cartons sur lesquels les filles dorment sont recouverts de pagne, quand elles le peuvent. Mais là n’est pas le drame: à côté d'elles, trois bébés dont l’âge varie entre 3 et six mois, sont totalement exposés. Difficiles de réveiller les filles quand elles dorment. Car, les nuits sont longues. Lorsque le soleil se couche, elles quittent l’endroit. La plupart doivent fréquenter les gares routières et des marchés nocturnes avec tous les risques d’agression que cela comporte, pour se livrer au premier venu. Quand ce n’est pas pour avoir leur pitance quotidienne, c’est sous la contrainte de ceux qu’Irié Bi Clément qualifie de « boy-friends ». C’est-à-dire, des sortes de « gros bras », qui les envoient se prostituer pour ensuite leur arracher la recette.
Mais les « boy-friends » sont le moindre mal pour ces filles…
L’une d'elles, Ami, arrive soudain, avec un bébé de six mois au dos. Elle
est surprise de nous voir là. Contrairement aux autres, Ami a eu le
temps de dormir. Avant toute conversation, il faut la rassurer que nous
venons pour tenter de leur venir en aide. On lui donnerait facilement 10
ans vu sa petite silhouette, mais elle en a 16. Est-ce son gosse
qu’elle porte au dos? "Oui", répond-elle. Il a six mois et il s’appelle
Ismaël. De qui est-il? "Son copain", poursuit Ami. Et qui est ce copain ?
Plus de réponse. Alors que les autres filles dorment toujours, nous lui
demandons si les trois bébés couchés sur le carton sont d'elles. Evidemment, s’empresse-t-elle de répondre.
Elles vendent leurs bébés
Leur père ? Elle n’en sait rien. Comment ont-elles accouché, sans prise en charge? "A la maison", dit-elle. Nous savons que ce n'est pas la vérité parce qu'elles dorment sous des hangars de commerces au Marché Gourou, appelés « Maison blanche ». Au dire des commerçants, plusieurs de ces jeunes filles ont accouché au marché ici, parmi les ordures. Ami dément qu’il ne s’agit que d’un seul cas. L’une d'elles qu’on appelle Fatou a créé un scandale récemment au marché, alors qu’elle portait une grossesse à terme, explique-t-elle. Elle a accouché parmi ces box de commerce, sans aucun soin médical. Par miracle, elle et son enfant ont survécu. Mais c’est tout, tente-t-elle de rassurer. Peu après, trois des filles se réveillent. Elles veulent que nous quittions immédiatement les lieux. Et refusent qu’Ami réponde à d’autres questions.
Le bruit court dans le marché que le cas de Fatou n’est pas unique. Plusieurs d’entre elles accouchent au marché quand elles n’ont pas le temps d’aller chercher de l’aide à l’ONG Cavoéquiva, par
exemple. Mais il y a pire. Irié Bi Clément q note que deux cas de vente de bébés lui ont déjà été signalés,
l’année dernière. Deux enfants d’environ 2 ans, chacun. Le prix est
immoralement déconcertant : 50.000 Fcfa par enfant. Evidemment, leur
mère n’avait pas de moyens pour s’occuper d’eux. Grâce à un partenariat
avec la maternité Mamie-Thérèse, en face, Cavoequiva essaie tant bien
que mal de voler au secours de certaines filles. En les aidant à
accoucher dans ladite maternité. Une fois, l’une des assistantes de
l’hôpital est venue lui signaler qu’une des filles qu’elle venait de
faire accoucher avait pris contact avec des gens. Ils étaient-là pour
lui acheter le nouveau-né. Grâce à son intervention, l’action a été
avortée. C’est un réseau acéphale dont M. Irié Bi n’a encore aucune
idée.
Généralement, ce sont les filles qui prennent contact avec ces
personnes, à son insu. L’ONG ne peut pas contrôler toute cette mafia établie autour de ce
business de prostitution. Surtout qu’après la naissance de leur bébé,
les filles ne bénéficient d’aucun suivi. Libre à elle de faire ce qu'elles veulent de leurs bébés. Des organismes tels que Children of Africa ou
la Fondation de France leur apportent leur aide. Mais beaucoup plus dans
le domaine de la lutte contre le Vih/Sida. Car, le président de l’ONG Cavoéquiva le dit sans donner de chiffre: beaucoup d’enfants naissent
séropositifs dans ces conditions. Imaginez donc le nombre d’infections
au sein de leurs mères.
Réalisé en janvier 2012
Raphaël Tanoh
tag: #Scandale#, #forum d’Adjamé#, #ACCOUCHE#, #prostitution#, #fille#
Réalisé en janvier 2012
Raphaël Tanoh
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