Pr Gadou Dakouri (anthropologue): "La sorcellerie existe".


Pr Gadou Dakouri était anthropologue, à l'université de Cocody. Ce brillant expert nous a quittés, il y a quelques années. Voici une de ses interviews sur la sorcellerie, parue en 2010.

Récemment, le Pr Bao Ramsès enseignant au département de philosophie à l'université de Cocody a accordé une interview à Nord-Sud Quotidien dans laquelle il a rejeté l'existence de la sorcellerie, qu'en dites-vous ?
Quelque chose peut exister et on peut ne pas y croire. Je peux dire que la sorcellerie existe, et que je n'y crois pas. Mais, de là à affirmer qu'elle n'existe pas, c'est exagéré. On n'a pas une existence objective, mais au moins une existence symbolique de la chose. En outre, tout ce qui est dénommé a une existence. Il ne faut pas prendre le mot existence au sens phénoménal du terme, sinon, sur ce point, le professeur Boa aura raison. Parce qu'en Afrique, il n'est pas facile de parler du sorcier ou de la sorcellerie, le sorcier est un être invisible.

-La sorcellerie existe alors?
C'est ce que je tente d'expliquer. Ce que je peux reprocher au professeur Bao Tiémélé, c'est d'avoir affirmé que la sorcellerie n'existe pas. On peut avoir des formes d'existence objectives ou symboliques.

-Comment définissez-vous la sorcellerie?
Dans la société africaine, c'est l'art de nuire à d'autres personnes par des puissances démoniaques, par des procédés d'envoutement, de possession. Je pourrais dire que la sorcellerie, c'est l'ensemble des actions maléfiques du sorcier.

-On peut ne pas avoir de pouvoir et être sorcier ?
Tout homme est plus ou moins sorcier, il a en lui des pulsions agressives, comme le disent les psychologues. Dès lors que vos pulsions agressives dominent votre personnalité vous devenez méchant. Vous êtes classé comme sorcier. Bref, tout ce qui est mauvais, maléfique, participe à la sorcellerie. C'est l'art de nuire aux autres.

-Les pouvoirs extraordinaires, selon le professeur Boa, n'existent pas. Le plus souvent, ceux qui se disent sorciers utilisent l'empoisonnement pour nuire aux autres.
L'empoisonnement est une autre technique parmi tant d'autres qu'utilise le sorcier. Dans la société, on pense que le sorcier a un pouvoir, et ce pouvoir est intrinsèque à la personne. Il est même représenté dans certaines sociétés par une substance appelée le « séké ». C'est le pouvoir du sorcier. Les Alladjans parlent d'«awa», les Tchamas le désignent par « logbo ». Ce pouvoir du sorcier est différent du pouvoir que possède le guérisseur. Le sorcier, le devin, le guérisseur, ont des pouvoirs, mais différents. Celui du sorcier est de faire du mal quand celui du devin, du guérisseur est de faire du bien. Parmi les pouvoirs du sorcier il y a par exemple l'envoutement. Une technique qui consiste à rendre quelqu'un malade ou à le faire mourir. On peut avoir l'envoutement direct ou indirect. Dans le premier cas, le sorcier procède par médium pour atteindre sa victime. Il fait des prélèvements sur la personne, c'est-à-dire la salive, l'urine, les vêtements, la photographie, sur lesquels ont peut faire des rituels sorciers pour atteindre la victime. C'est pourquoi dans nos sociétés, quand quelqu'un perd son habit on a peur, parce qu'on pense en général que cet habit peut être utilisé pour faire du mal à cette personne. Il y a aussi l'envoutement indirect qui se fait par incantation, par la malédiction.

-Vous comparez le sorcier au guérisseur, alors que celui-ci utilise des techniques rationnelles, des plantes par exemple, ce n'est pas le cas du sorcier.
Le devin guérisseur n'est pas phytothérapeute. Les phytothérapeutes utilisent de plantes alors que le devin guérisseur utilise des techniques divinatoires, il utilise la lecture des mains par exemple pour découvrir ce dont vous souffrez. C'est pour cela qu'on l'appelle anti-sorcier, parce qu'il est là pour contrecarrer ou réparer les torts que causent les sorciers. Les deux ont donc un pouvoir.

-Le sorcier existe, mais, il est difficile de l'attraper sur les faits.
C'est pour ça que lorsque les gens disent que le sorcier n'existe pas, cela peut être vrai dans un certain sens parce que c'est quelqu'un d'invisible, on ne le connait pas. Personne ne dit dans un village qu'il est sorcier. Pourtant, dans les villages on voit des gens qui se réclament anti-sorciers ; des guérisseurs qui disent des infortunes causées par les sorciers. A la limite, le sorcier est inexistant, ce n'est pas un être visible. On ne parle de lui que par rapport à la manifestation de ses actes. La maladie, la destruction des biens les morts.

-Mais, la maladie, la mort, l'échec, sont des maux qui existent. Ne serait-ce pas parce qu'on ne les comprend pas qu'on les attribue aux sorciers ?
Il faut qu'il y ait des situations anormales pour parler du sorcier. Dans nos sociétés, quand quelqu'un est malade, il y a d'abord, une médication domestique : on apporte les médicaments qu'on connait au malade. Lorsque ce traitement n'arrive pas à soigner la personne, on la dirige vers un phytothérapeute, quand le phytothérapeute n'est pas efficace, on va enfin vers le devin qui va interroger l'invisible. Par rapport à ces techniques divinatoires, on va découvrir que ce n'est pas une maladie normale. Et l'hypothèse du sorcier est évoquée.

-Ce sont des pratiques villageoises, professeur. En ville, on fait des diagnostics quand on est malade et on découvre de quoi l'on souffre.
C'est pareil en ville. Quand nos parents malades vont à l'hôpital et que l'hôpital est impuissant devant leur état de santé, ils attribuent la maladie à la sorcellerie.

-Peut-être parce qu'ils n'ont pas eu le bon spécialiste.
Pas forcement. Le problème que vous avez, c'est que vous voulez expliquer les choses de façon rationnelle. On ne peut tout expliquer dans la vie. La science n'a pas encore découvert tout dans l'univers.

-Vous convenez avec moi qu'on ne dit jamais qu'une personne est morte d'une maladie indéterminée, professeur, on meurt toujours de quelque chose.
Qui vous l'a dit. C'est la tendance populaire. C'est ceux qui veulent nous faire croire que la sorcellerie n'existe pas qui essayent d'avancer cela. Dans nos sociétés, quand un enfant meurt tout bébé, on ne se pose pas de question, on ne demande pas qui l'a tué, on l'enterre ; quand un vieux rassasié des âges meurt à 90 ans, on l'enterre rapidement. On ne s'interroge pas non plus. Mais, quand un jeune dans la fleur de l'âge qui est dynamique, tombe et meurt, ça devient inquiétant. Cela dit, la société a ses systèmes d'interprétation et de régulation des choses. Lorsque ce genre de mort arrive, on interroge le système.

-Mais, dans le cas du jeune qui meurt, on ne fait pas de diagnostic, cela peut être une hypertension...
Essayez de comprendre la société en elle-même. Essayez de comprendre ses représentations de la sorcellerie, comment elle interprète la sorcellerie, et comment elle explique ses manifestations. En tant que scientifique, vous pouvez essayer d'analyser ces faits et de leur donner une explication. Mais, ce serait une manière de trouver une solution à un problème qui n'en a pas. Ce n'est pas parce que l'hypertension existe qu'aujourd'hui lorsque quelqu'un tombe et meurt on va dire qu'il avait cette maladie. Il ne faut pas superposer les choses

C'était un simple exemple, professeur
En temps qu'anthropologue, je raconte ce que pense la société africaine.

-Comment la sorcellerie s'acquiert-elle alors?
Dans la société africaine, il y a trois manières pour acquérir la sorcellerie ou le pouvoir sorcier. On peut naitre avec, on parle de sorcellerie innée. La personne ne le sait pas, le plus souvent. Un jour, elle se rend compte qu'elle fait des choses anormales. On consulte parfois un devin pour savoir de quelle puissance il est animé, quand il est encore petit. On peut ainsi orienter cette puissance lorsqu'elle est mauvaise. Chez les Didas, quand on sait qu'un enfant agit de façon anormale, on dit qu'il a un mauvais pouvoir. Ce pouvoir peut être renversé avec des rituels. On peut prendre un caillou sous un jar, faire un rituel là-dessus, et le cacher loin, de sorte que ce pouvoir ne devienne pas mauvais pour l'enfant. Dans ce type d'acquisition, l'individu, en naissant, possède en lui le pouvoir sorcier, comme il nait avec le souffle. Autrement dit, le principe sorcier est inscrit dans le code génétique du sorcier. Il y a aussi la sorcellerie culturelle qui est acquise de deux manières. Soit le sorcier veut que je sois sorcier comme lui, il m'initie alors. Ou, vous pouvez demander à acquérir la sorcellerie. Dans ce cas, le candidat doit payer cher. Il doit payer le prix de l'initiation en donnant un être cher : un enfant, un frère, une tante, une mère etc. C'est là que les gens craignent la sorcellerie. Parce que ce n'est pas facile.

-Comment donne-t-on un être humain à un sorcier? Puisque, physiquement, celui qu'on donne reste présent, pourtant, on affirme qu'il a été mangé par les sorciers.

C'est là qu'on parle de la notion de la personne en Afrique. La philosophie judéo-chrétienne nous a amenés à croire que l'homme est corps et âme. Chez nous en Afrique, c'est bien plus. Plusieurs éléments constituent la personne. Ces éléments varient d'une culture à une autre. Dans la psychologie africaine, l'homme n'est pas seulement composé de corps et âme, mais de plusieurs instances. Je prends l'exemple des Didas. Ces éléments sont le corps appelé « yéké », extériorité de la personne, il y a l'âme « ougô », qui veut dire la puissance, l'énergie qui possède l'homme. On nous dit qu'au cours de la mort clinique, cette âme quitte le corps matériel. Elle va se promener. La mort ne vient réellement que lorsque le souffle quitte le corps. Vous pouvez être mourant alors que votre âme est déjà partie. Quand l'âme va se promener et qu'elle rencontre une âme plus forte qu'elle la personne peut aussi mourir. C'est le souffle qui déterminer la mort. Ce souffle est un autre élément constitutif de l'homme appelé « gnon », en dida. Il soutient l'âme. Nous avons ensuite l'ombre, qui est aussi un double du corps, la doublure. On peut agir sur cette doublure c'est-à-dire sur l'ombre pour vous faire du mal. Un sorcier mal intentionné peut, en marchant sur votre ombre, vous tuer. Il y a aussi le nom de la personne. Le nom ne fait pas que nommer. C'est un élément constitutif de la personne. Il désigne la personne en la situant dans son groupe, en dida. C'est pourquoi dans nos langues, on a généralement deux ou trois noms. Il y a un nom qu'on ne prononce pas en public, encore moins en brousse. On ne vous appelle jamais par votre vrai nom en brousse. On pense qu'à partir du nom un sorcier peut vous faire du mal. Le coeur également est une doublure de l'homme. Ce n'est pas seulement, un organe d'affectivité de l'homme. C'est pour cela qu'on dit chez nous que le sorcier c'est celui qui n'a pas de coeur.

-Concrètement, professeur
Dans nos sociétés, le sorcier est quelqu'un à qui il manque l'un des éléments que je viens de citer. C'est cet élément qu'il recherche en dévorant ses semblables. Il cherche à le compenser. Pour le Bambara, le sorcier est un être incomplet qui ne possède pas d'âme, le « dia ». Il recherche alors celle des autres pour la manger. Dans nos langues, pour montrer que le sorcier est un être foncièrement mauvais, qui n'a pas de coeur, on l'appelle le « gnanpkalignon », le mangeur d'âme.

-Le mangeur d'âme, ce n'est pas péjoratif ? Mange-t-il réellement des âmes ?

Ces êtres transforment le double de l'homme en animal domestique, boeuf, cochon etc., pour le manger. Ils font une métamorphose. Ce double peut être l'âme, l'ombre, en tout cas l'un des éléments constitutifs de l'être. Ce qui fait que physiquement la victime reste intacte.
-L'âme qui n'est pas matérielle arrive à être transformée en un animal physique?
Bien sûr. Souvent nos parents nous demandent est-ce qu'en rêve tu as consommé de la viande? Si oui, ils te disent parfois que c'est de la vraie chair humaine que tu as mangée et c'est un acte de sorcellerie. Donc, tu es en pacte avec le sorcier. Car les sorciers te demanderont de leur donner aussi un être humain. Mais, tout cela se fait dans le monde invisible. Même les chrétiens croient que Dieu a créé le monde visible et invisible. Quand on dit que la sorcellerie n'existe pas, on fait allusion au monde visible. Dieu a aussi créé le monde invisible, et les choses existent réellement dans ce monde.

-Croyez-vous que le sorcier se transforme en bête ?
Oui. Pour opérer, il peut se transformer en hibou par exemple, comme on le dit, ou en bête féroce pour détruire la plantation de son voisin, ou encore en un prédateur pour vous manger. Des expériences montrent que certains chasseurs tuent parfois des animaux et quand ils vont vérifier, ils trouvent un être humain à la place de l'animal.

-Il n'y a qu'au village où l'ignorance est grandissante qu'on raconte ce genre de chose
Il faut faire attention. Il ne faut pas opposer ville et village. Il y a des sorciers en ville. Il y a des enfants qui ne sont jamais allés au village, mais qui parlent des sorciers. Leurs parents leur transmettent la croyance en la sorcellerie. Les sorciers sont parmi nous, dans les agoras.

-Et, ils mangent aussi des hommesOui. Mais, ils utilisent plusieurs techniques. L'envoutement, mais aussi l'ensorcellement, la possession maléfique, la métamorphose en animal, l'imprécation (insulte), la malédiction, les jets de sort par les pointes. J'en ai vu quand j'étais jeune. Il y a surtout l'anthropophagie, c'est-à-dire manger les hommes, en les transformant en animal. Ce sont autant de techniques qu'utilisent les sorciers.

-Vous parlez des pouvoirs des sorciers, ne peut-on retourner ces pouvoirs pour faire du bien ?
Bien sûr. Il faut voir comment utiliser le pouvoir du sorcier au bénéfice des humains comme le devin guérisseur utilise son pouvoir au bénéfice de la société. C'est tout un travail. Il faut essayer d'analyser ce fait avec les nouvelles religions. On voit des personnes qui ont été sorcières faire des aveux aujourd'hui. Cela peut constituer des pistes. Parce que ce ne sont pas des gens qui ont été obligés, c'est avec le christianisme qu'ils avouent leurs méfaits. Il faut les écouter au moins pour s'informer, pour savoir ce qui se passe dans le monde des sorciers. Un philosophe sociologue parle de la sorcellerie comme une science moribonde qu'on peut utiliser au bénéfice du bien. Plusieurs phénomènes nous montrent que la sorcellerie est un fait réel. Le père De Roni, un jésuite qui est au Cameroun, s'est fait initier à la pratique du guérisseur, il a écrit un ouvrage : « Les yeux de ma chère ». Dans ce livre, il montre comment il a été initié.
Il y a cependant un problème : le plus souvent, quand le sorcier passe aux aveux, il affirme qu'il a perdu ses pouvoirs.

Qu'il soit conscient qu'il a des pouvoirs qu'il peut utiliser pour faire le bien. Aujourd'hui, toutes ces personnes qui disent qu'elles étaient sorcières et qui sont devenues chrétiennes, je veux parler des apôtres ou des pasteurs, utilisent leur pouvoir malveillant en un pouvoir bienveillant. Le sorcier peut faire de même. Cela ne veut pas dire qu'il va utiliser ses pouvoirs pour fabriquer un avion. Il peut l'utiliser à la conversion des autres sorciers, les amener à changer de comportement. Mais, quand on découvre le sorcier le plus souvent, il est mis à mort ou banni à cause de ses actes. Il faut au contraire l'approcher et savoir comment il procède.

L'Afrique sans la sorcellerie aurait-elle connu un meilleur sort ?Il n'y a pas que la sorcellerie en Afrique. Elle n'est pas déterminante en Afrique. Nous avons aussi les guérisseurs, les neo-prophètes. Je ne vois pas en quoi la sorcellerie nuit à l'Afrique. Ce n'est pas que tout ce qui est mauvais vient de la sorcellerie.
Mais, alors, que pensez-vous d'un haut cadre qui veut aider sa région à prospérer qui est tué en sorcellerie par ses parents.

On ne meurt pas que de sorcellerie.

Je vais vous donner un autre exemple. Dans mon village, les gens refusent qu'on casse des cases pour construire des bâtiments en dur, sous prétexte que ce sont des endroits sacrés destiné aux sorciers. C'est un frein au développement.
Mais, qu'ils aillent construire ailleurs. Il faut tenir compte des croyances des gens. Il ne faut pas ignorer ce qu'ils sont pour imposer ce que vous voulez. L'Afrique n'est pas qu'une Afrique sorcière.
-La sorcellerie va-t-elle disparaître avec le développement ?
Je n'en suis pas sûr. Parce que les sorciers vivent avec nous en ville ici. Si vous l'avez remarqué, on parle de moins en moins de sorcier, mais, plutôt du diable, de Satan. Il y a un transfert, une mutation. C'est la même chose, ce sont les termes qui changent. Il se peut que la sorcellerie soit un mutant. Du sorcier on passe au diable, au démon qui envahit tout le monde. La sorcellerie et le mal vont ensemble, comme le bien et la guérison vont ensemble. Tant qu'il y aura des hommes jaloux, mal intentionné, la sorcellerie existera, bien que ce ne sera pas les même techniques.

-Que peut-on retenir concrètement de notre échange sur cette question délicate ?
Je dis qu'on peut lutter contre le sorcier sans le connaître, parce qu'on pense qu'il ne peut pas nous vaincre. Mais, en tant que croyance, tout ce que nous faisons comme acte ou parole agit. Toutefois, je pense que le bien peut prédominer le mal, je demande donc aux gens de cultiver l'humanisme. De leur côté, il faut que les intellectuels sachent que tout n'est pas rationnel. Le monde est visible et invisible.

Interview réalisée par Raphaël Tanoh en 2010 (R.I.P,

Pr Gadou Dakouri)

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