Infirmes, sourds-muets, aveugles:

Handicapés et fiers de travailler

Plutôt que de mendier aux carrefours comme leurs camarades, beaucoup d’handicapés sans diplômes créent aujourd’hui leurs propres activités de rente. Infirmes, sourds-muets, aveugles, ils sont nombreux à invetir le secteur informel, malgré leur handicape. Reportage.

Il est six heures quand Dosso Téfinie se hisse sur sa chaise roulante, sa caisse d’outils rouge derrière. Comme tous les matins, il est débout au moment où beaucoup dorment encore. Il a eu le temp de faire sa prière dans son petit studio sobre à Attecoubé (Adjamé) qu’il loue à moins de 10.000 Fcfa le mois. La chaise pour handicapé qui le transporte n’est pas motorisée, elle est vieille de trois ans et lui a été offerte par un bienfaiteur anonyme. Avec les roues rigides, quelquefois, une personne généreuse le pousse pour alléger sa tache. Mais, c’est vraiment très rare, et, certains semblent même lui dire : « Bon Dieu, qu’il reste donc tranquille chez lui et qu’il nous fiche la paix ! » Et ce matin, Tiéfinie doit pédaler seul des mains, les roues raides de la chaise roulante. C’est un supplice considérable qu’il inflige à ses muscles de trentenaire.
De son domicile, il arpente les rues déjà enfièvrées de la capitale économique. Il sort à la Mosquée d’Adjamé, pédale fort entre piétons et véhicules pour traverser le Black Marcket, déjà bouillonnant de ses activités, ensuite, il parvint au Camp Galilée au Plateau. Un détour vers la Tour administrative, le voilà à son lieu de travaille. Pas de hangar, pas d’arbre, c’est un espace à ciel ouvert séparé du palais de justice du Plateau par la route. A côté, un kiosque de vente de cigarette. Il est presque 8h. Il lui a fallu plus d’une heure pour faire tout ce chemin. Et c’est tout essoufflé qu’il se glisse à terre, comme un ver de terre, fait descendre difficilement la caisse d’outils qu’il a transportée derrière sa chaise roulante. Elle contient des boites de cirage de différentes couleurs, des pinces, des brosses, une bouteille de diluant, des aigilles, du fil, une sorte d’enclume qui lui sert à coudre et cirer les chaussures. Tout seul, de ses jambes flasques semblables à celles d’un enfant, il va chercher un parasol derrière le kiosque, aidé de ses bras et de ses hanches, il le place sur un vieux cerceau rouge de pneu de voiture, et établit son atelier de cordonnerie et de cirage. Un banc et une chaise qui restent sur le lieu complètent le décor. Il s’installe sur une natte, ses deux petites jambes, flottant dans un patalon, pliées au-dessous de lui. Son visage long avec de grands yeux semblent satisfait. A regarder ses cheveux en dreads locks qui lui tombent sur les épaules, et recouverts d’un chapeau blanc, on croirait avoir affaire à un voyou. Mais, quel voyou se donnerait tant de peine pour venir à son job tous les matins sans aide de personne ? « C’est ici que je bosse depuis 2007 », explique-t-il. Grâce à ce métier, Tiéfinie arrive à payer le loyer et à se nourrir sans être obligé de tendre la main. Tous les jours, l’handicapé affronte la rue sur sa chaise roulante pour venir là et ne repart à la maison qu’aux environ de 18h avec la même peine. Sa recette journalière avoisine 2.000 Fcfa. Elle lui suffit juste, du moment qu’il ne paye ni taxe ni tranport, encore moins les frais de location de l’attelier. Et, Tiéfinie, encore appelé ici le King, n’est qu’une illustration de ces handicapés de plus en plus nombreux à investir les carrefours d’Abidjan pour travailler. Souvent au risque de leur vie.


Courageux…


Karamoko Hamadou en fait partie. Infirme des deux pieds, l’homme, presque 30 ans, n’a pas voulu faire de sa condition une charge pour ses parents. C’est pour cela qu’il décide de se lancer dans la vente de jus de fruit : du tampico. Pour l’instant, c’est sa chaise roulante surmontée d’un petit parasol qui lui sert de boutique. Tous les matins, lui aussi affronte les rues de Treichville où il habite, pour le Plateau, assis sur sa chaise, pédalant dans mains, sa glacière de jus qui doit péser plusieurs kg, posée derrière. C’est ainsi qu’il arrive à la gare de wôrô-wôrô, près de la Direction des handicapés. L’un des lieux les plus bouillonnants du Plateau. Les gens, par centaine, y viennent pour manger dans les nombreux restaurants à côté et aussi emprunter des wôrô-wôrô pour se rendre dans leurs différents quartiers. Au milieu de cette ambiance chaotique, Hamadou doit réussir à écouler ses jus, parmi tant d’autres vendeurs de jus, souvent bien installés sous des parasols, où même dans des kiosques rafraichissants. Assis sur sa chaise, au bord de la route, il observe les passants, sourit de sa face candite d’une noirceur qui frise le violet, quand vous lui lancez un regard. Souvent, touché par ce sourire qui ne s’éteint presque jamais, un passant avance vers lui, d’un air appitoyé, sourit lui aussi et commande un jus. L’handicapé pressé, s’active aussitôt pour ne pas perdre le temps au passant. C’est presqu’ainsi qu’il arrive à écouler ses marchandises dans cette sorte de jungle qui n’a presque pas de place pour un handicapé. Avec pour seule arme la sympathie. Dans l’objectif d’ouvrir un jour son propre commerce, Hamadou ne désespère pas. Même s’il le reconnaît, l’aventure n’est pas sans risque.
Sans autre moyen de transport à part cette chaise roulante, il doit affronter la rue enfiévrée avec des conducteurs parfois sans pitié. Tiéfinie en sait quelque chose. Il a déjà été victime d’un accident. « C’était l’an dernier, ma chaise a été percutée par un taxi alors que j’étais dessus », explique-t-il. Le conducteur a été propulsé sur le sol. Mais, plus de peur que de mal : il s’en est sorti avec des égratignures. La chaisse, elle, a été amochée. Depuis, malgré les réparations, les roues sont restées raides. Il travail dur pour se faire des économies afin de renouveler ces pneus ou, pourquoi pas, acquerir un engin motorisé. Mais, ce n’est pas facile, car il doit aussi mettre de l’argent de côté pour espérer ouvrir un jour sa boutique de vente de chaussures. Son plus grand rêve. Où a-t-il eu le financement ? Il affirme fièrement que c’est au prix de ses efforts qu’il a financé son activité. Il a, bien sûr, des parents, mais, après avoir arrêté les études en terminal, en 2002, Tiéfinie a voulu voler de ses propres ails. Il s’essaye dans la vente de vêtements sur le boulevard Nagui Abrogoa (Adjamé) grâce à ses propres économies. Malheureusement, cette activité ne lui sourit pas. L’handicapé se lance alors dans un projet un peu plus porteur : la vente de chaussures. « C’est pour parvenir un jour à ouvrir ma boutique que je travaille ici », explique-t-il de sa voix enjouée. Pourquoi ne pas demander de l’aide aux parents ? C’est à peu près comme si l’on lui demandait de mendier. Il ne veut pas être une charge pour sa famille, bien que celle-ci soit sympathique envers lui.

…mais, laissés pour compte

Mais, la réalité est que personne ne veut confier son argent à un handicapé de peur qu’il ne sache quoi en faire. Et, beaucoup d’handicapés n’échappent pas à cette règle. Ce qui explique qu’ils sont contraints de mendier. Traoré Adama en a fait avant de se ressaisir. Cet handicapé des deux mains et deux pieds est aujourd’hui peintre à l’espace Lattrille (Sococé) aux II Plateaux. Ce matin, lorsque nous le rencontrons, il travail sous un parasol qui lui sert de hangar. Il expose des tabeaux encadrés qu’il a lui-même peint. L’handicapé passe ses journées à peindre sur du papier canson avec de la gouache. Pour la demo, il passe le stylot entre le bout de bras qu’il a et la tempe, Adamo se baisse pour que la feuille soit à portée du papier et sort sur le canson un paysage de fleur digne d’un professionnel. Il aime peindre le paysage. Pour ce garçon, ce n’est pas le dessin seul qui séduit, mais, l’effort, et tout l’art qu’il y met. Avec des jambes de nouveau née et les deux bras sectionnés, beaucoup dans sa situation n’aurait eu aucune raison de travailler. Mais, pour lui, ce serait une erreur: « Si tu ne veux pas que les autres personnes se foutent de toi, prend ton travail au sérieux ». Lui non plus n’a bénéficié d’aucune aide. Pour démarrer ses activités, il lui a fallu compter sur lui-même. Ses parents, pauvres, ne lui ont jamais montré le chemin de l’école. Et, c’est au centre pour enfants handicapés la Providence à Abobo Bc qu’il a appris à se servir de ce qui reste de ses membres. Sorti de là, il lui a fallu mendier dans la rue, avant de comprendre qu’il ne pourra mieux vivre sa différence que par le boulot. C’est ainsi que l’handicapé s’est mis à peindre. Aujourd’hui, dieu merçi, des opérateurs économiques le sollicitent.
Mais, quelques rares d’entre eux trouvent des proches assez généreux pour risquer un financement sur eux. Comme Hamadou. Ce sont ses proches qui ont financé son activité de vente de jus. Et pour ces cas-ci, ils n’ont pas droit à l’erreur, ils doivent prouver qu’ils peuvent travailler. Hamadou est conscient qu’il doit lutter dûr avec ce petit financement. Mais, grâce à sa détermination, il arrive à s’en sortir avec ses commissions. Si ça paye bien ? Disons qu’au moins il gagne dignement ma vie. Parce qu’il a horreur de ces handicapés qui peuvent travailler, mais qui préfèrent encore mendier dans les rues. Mais, il les comprend : Il n’est pas facile pour des personnes comme eux d’avoir accès à l’emploi. Les demandes d’aide pour les handicapés sont inespérée. Encore que pour les handicapés qui sont allés à l’école, ça va. Justement, derrière Hamladou, à une dizaine de mètres, se tient les bureaux de la Direction des handicapés. Des locaux en bois, aux couloirs fades qui trainent une odeur de cave, avec des morceaux de planches qui jonchent souvent le hall et un plafond qui tombe en ruine. Le personnel reçoit beaucoup d’handicapés à la recherche d’emploi. Nous apprenons que cette année, par exemple, l’Etat a offert de l’emploi à 300 handicapés. Mais, uniquement des diplomés. Qu’en est-il de ceux qui ne sont pas allé à l’école, qui n’ont aucune formation et qui veulent avoir leur place dans la société ? Ceux-ci doivent d’abord rechercher un projet auprès de la Direction des handicapés, puis, un financement pour ledit projet. Si la première étape est facile la seconde ne l’est pas du tout. Et, selon le personnel, lorsque certains arrivent à trouver une aide au près des bailleurs de fonds, ils ne redonnent plus signe de vie. Sûrement, le projet n’a pas pris, étant livrés à eux même, sans suivi.


Malgré les mauvais traitements…

Et la plupart des handicapés que nous approchons volent de leurs propres ails. Ils n’ont reçu aucune aide de ce type. D’où la neccessité d’aider ceux qui veulent réellement travailler, les plus courrageux. Car, le courage chez certains frise parfois l’orgueil. Tiéfinie, par exemple, n’aime pas que l’on sollicite ses services par pitié. Sa clientèle est constituée en majorité du personnel du palais de justice devant lequel l’handicapés travail. Il n’est pas certes, le seul cireur dans les environs, mais, on le préfère et le King est persuadé d’être le meilleur. Il veut donc être jugé par rapport à son talent, comme tout travailleur. Et cela se voit quand il reçoit des clients venus cirer leurs chaussures à notre présence. Le travail est rapide et impécable ! D’un large sourire, il accepte nos compliments. Mais, s’il n’aime pas la pitié, il doit souvent affronter l’humeur des abidjanais. Il y a parfois des clients où des personnes pour lui rappeler sa condition d’handicapé, lorsqu’ils de disputent sur des détails. Un travail trop cher, où qui n’a pas été du goût du client, ou encore un débat qui tourne à son avantage. Mais, Tiéfinié oeuvre toujours pour avoir le respect. Et pour la plupart des handicapés, c’est ce qui compte le plus, c’est ce qui leur permet de mieux vivre leur différence, de bâtir leur rêve malgré les difficultés. Il y a des messieurs pour qui cette qualité est fondamentale. Ces, messieurs, nous les avons rencontrés dans le bouillonnement du petit marché de Cocody, près de l’Allocodrôme alors que nous cherchions un coiffeur…par hasard. Ils tiennent un box de coiffure au bout d’un petit hall, où vendeurs de nourriture et commerçants d’articles vestimentaires disputent la clientèle. Sur le toît, on peut lire : coiffeur de général boys. À l’intérieur, le petit box a été scindé en deux, avec deux miroirs et deux chaises pour deux coiffeurs. Dedans, deux hommes, la quanrantaine, nous font des signes de mains, mais ne parlent pas…ou ne parlent presque jamais. Ce sont des sourds-muets ! La rencontre n’est pas facile. Comment expliquer au coiffeur que nous voulons telle où telle coiffure ? Des signes de main ? C’est loin de suffire : nous ne nous comprenons pas du tout. Il faut finalement se servir d’une grosse affiche de différentes coiffures scotchée sur le mur. La coiffure à faire étant choisie, l’un d’eux, nous montre respectueusement une chaise. Avec des gestes ménus et précis, il nétoye la tondeuse avec de l’alcool et se met à peaufiner une coiffure sur notre tête. Très habile ! Il coiffe sans presque toucher la tête du client de la main, comme s’il avait un certain respect à ne pas lui faire du mal. La coiffure est parfaite ! Mais, c’est 500 Fcfa, nous fait-il igne en montrant ses cinq doigts de la main. Le tarif est d’ailleurs affiché sur le mur pour ne pas avoir d’incompréhension avec les clients. Mais, comment ne pas être charmé par tant de finesse dans les gestes. Après avoir payé, le coiffeur nous fait un sourire naturel et craquant. À travers ses yeux qui brillent, on peu lire de la franchise et du respect. C’est un visage de sage avec un front large et de petits poils mal rasés sur le menton. Pour communiquer avec lui, nous usons de l’aide de Moussa Zoumbaré, un tailleur qui tient son box à côté. Ce dernier, à force de cohabiter avec les coiffeurs sourds-muets, a fini par apprendre leur langage. L’homme qui nous a coiffés se nomme Tano Draman Michel, par exemple. À côté de lui, se tient Miézan Armand, le plus âgé, trapu avec un crane ras et une face reservé. Ils partagent le même box. Miézan et Michel ont fait la même école de sourds à Yopougon. Depuis 20 ans, ces deux messieurs font la coiffure. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que ça leur réussit plutôt bien. Ils sont parvenus à ériger leur vie à l’aide de la tondeuse. Aucune autre source de revenu ! Michel est marié et père de 3 enfants, le plus âgé fait la 6ème ; Miezan, également marié, est père de 6 enfants. L’aîné fait la 3ème. N’est-ce pas un exemple de réussite ? Leur secret ? Ils n’en ont pas…sauf que Michel est le coiffeur du maire de Cocody, Jean baptiste Gomont Diagou. Et, tenez vous bien, les deux coiffeurs sont les préférés du président de l’assemblée générale, Mamadou Coulibaly ! Des ambasseurs louent même leur service. Au point où on n’en vient à se demander pourquoi, diantre, ces grandes personnalités les sollicitent parmi tant de coiffeurs ? N’est-ce pas par pitié pour leur condition? Non, insiste, Miézan. Le maire, par exemple, se coiffait chez leur patron, ils étaient encore apprentis en ce moment. Après le départ de ce dernier, M. Gomont Diagou s’est tourné naturellement vers eux. Cela, parce qu’ils travaillent bien. Et c’est à cause de cette même qualité que le président de l’Assemblée national et les autres personnalités les sollicitent. « C’est vrai qu’ils nous payent des tarifs hors du commun… », explique Armand avec des gestes que nous traduit Moussa. En clair, on les respects pour ce qu’ils sont : de vrais bosseurs. On croirait entendre Tiéfinie.


…ils ont horreur de la pitié


En tout cas, ils sont conscients que tout le monde ne les voit pas ainsi. Et il arrive des rares fois qu’ils soient remontés contre un client par qu’il leur a manqué de respect. Pourquoi la coiffure, la ménuisiérie où la maçonnérie pourrait rapporter plus gros? Curieusement, les deux messieurs n’en savent rien. C’est sûrement le destin, disent-ils. Mais, est-ce vraiment le cas, car cette zone de Cocody regorge assez de coiffeurs sourds-muets. Pour l’instant ceux-là arrivent à tirer leur épigle du jeu. Tout ce qu’il souhaite de plus, c’est de pouvoir agrandir ce salon de coiffure un jour. Mais, il y a-t-il un avenir ? « Après le métier, dit Michel avec des gestes de la main, je prendrai ma retraite et j’irai au village me reposer ». A les voir, Michel et Miézan ne font pas qu’un métier, ils montrent le chemin aux autres hancicapés comme eux. Il faut bosser, un point c’est tout.
Et, ils ne croient pas si bien dire, pour Julien Bahi Falet, non-voyant de naissance. Julien a appris par ses trentes ans revolus, que les handicapés en Côte d’Ivoire n’ont pas de condition de vie allégée. Ils doivent travailler d’eux-même pour gagner leur vie. Nous le rencontrons cet après-midi dans un petit box en bois, à une centaine de mètres de l’Institut des aveugles de Yopougon. Devant le box, il y a un tablier pour de vente des produits cosmétiques et des mèches. Deux femmes à l’interieur se tressent, Julien assis sur un banc à l’entrée, le visage barré de lunettes noires, discute avec elles, un enfant sur les jambes. Il est en compagnie de deux autres messieurs, des non-voyants également. Aujourd’hui, il ne bosse pas car le personnel de l’Institut fait la grève. Sorti de cette école au Groupement Foncier, il a été retenu par l’administration pour gérer la bibliothèque de l’établissement. Mais, le bibliothécaire voit cela comme une manière de lui donner l’impression qu’il travail. N’est-ce pas le cas ? En fait, la bibliothèque, dit-il, ne contient pas grande chose. Elle contient la traduction des œuvres littéraires au programme, dans des supports audio que les apprenants viennent louer pour aller s’instruire. Un peu comme dans un biblithèque normal. Sauf que dans sa bibliothèque, ce n’est pas du tout l’affluence parce qu’il n’y a pas assez de support audio et ceux-ci sont vieillots. Le matériel date de 1988. Depuis 6 ans, qu’il travaille à l’intérieur, le bibliothécaire a l’impression de touner dans une pièce toute la journée et repartir à la maison. C’est comme si l’on avait pitié de sa condition et qu’on lui donnait un salaire sans travail. Il en a horreur. « Ça me gêne », explique-t-il. Il veut de l’action. Pour preuve, le box de vente de mèches qui est à sa concubine, (elle est en train de tresser à l’intérieur une autre femme), « eh bien, c’est moi-même qui l’ai construit », se rejouit-il. Mais, comment, lui un aveugle ? Eh bien, il l’a fait un point c’est tout. Et c’est aussi lui, grâce à son salaire de bibliothècaire, qui a financé l’activité de sa concubine. Un couple tout à fait normal, car sa femme l’aime malgré sa condition. L’enfant d’un an qu’il a sur ses jambes est son fils. Il est loin de ressembler à un malheureux, et plus ambitieux que lui tu meurs. En plus de son salaire, le non-voyant, suit des cours de droit à l’université de Cocody pour devenir juriste. Julien pense pouvoir y réussir. Sa future épouse et son fils en sont autant de raison.

Raphaël Tanoh






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